En Espagne, la fièvre pré-électorale est intense car les dirigeants et les appareils des partis politiques sont à la veille d'un triple rendez-vous. En effet, le 28 Avril prochain, se tiendront les élections législatives espagnoles et le 26 Mai auront lieu non seulement les élections européennes mais aussi les élections municipales et régionales. Autant dire que, pour la classe politique espagnole, l'emploi du temps est bien chargé. Aussi, le politologue Enrique Gil Calvo considère-t-il que, pour l'Espagne, «le rendez-vous national servira de curseur pour les européennes» car il lui permettra de voir si son électorat « penche résolument à droite et si l'extrême-droite confirme sa vertigineuse ascension». Mais si, par ailleurs, Vox, ce jeune parti d'extrême-droite qui, en décembre dernier, avait remporté 12 sièges au Parlement régional d'Andalousie et qui est crédité de 12% des voix pour ces élections s'est vu exclure, par la Commission électorale, du seul débat télévisé qui aura lieu avant le scrutin du fait de son mauvais score en 2016, force est de constater, toutefois, que ce «bannissement» n'a fait que renforcer sa volonté de marquer sa présence dans la course. C'est, à ce titre, d'ailleurs, que, de la scène installée pour l'occasion dans les arènes de Leganès, dans la banlieue de Madrid, Santiago Abascal, son président, harangue la foule en s'en prenant pêle-mêle à l'ensemble du paysage politique qui, pour lui, constitue une menace pour « la souveraineté » du pays. Nul n'échappe, ainsi, aux critiques du patron de Vox ; que ce soient les «séparatistes qui veulent casser la patrie», les régions autonomes assimilées à un «cancer», la «dictature des progressistes» en vigueur depuis 30 ans, la «petite droite lâche» du Parti Populaire, les féministes ou encore les tenants de «l'idéologie du genre». Faisant salle comble lors de chacun de ses meetings que ceux-ci se tiennent à Oviedo, Cordou, Tolède ou ailleurs, Vox soulève tellement les foules au son de «Viva Espana» que les analystes en viennent même à se demander si les 12% que lui attribuent les sondages ne sont pas bien en-deçà de la réalité et à ne point écarter le fait qu'une bonne partie des 41% d'indécis pourrait bien aider ce parti nationaliste ultra réactionnaire à occuper, après le 28 avril 2019, une place de choix dans cet échiquier politique espagnol marqué par un fort mouvement populiste représenté notamment par les radicaux de gauche de Podemos qui sont la troisième force parlementaire à l'échelle nationale et par les séparatistes catalans dont les leaders sont actuellement en procès. Mais même s'il devait se confirmer et que le fait de passer d'un seul coup de 0 à 14 ou même à 15 % des voix constitue un énorme succès, un tel résultat laissera quand même chez les militants de Vox un arrière-goût d'inachevé – pour ne pas dire de défaite – car il ne correspondrait nullement à ce qu'ils ressentent au vu du nombre important de personnes que draine chacun de leurs meetings quand les autres partis ne réussissent à regrouper que quelques centaines de personnes. Considérant qu'à l'heure qu'il est 25% des électeurs seraient encore indécis d'après les sondages, il y a de très fortes chances pour que les résultats du 28 Avril soient, tout de même, contraires à toutes les supputations et autres prévisions. Alors, attendons pour voir…