Le 27 Février dernier avaient débuté, sur un campus universitaire situé au sud de Managua, les discussions entre le gouvernement du président Daniel Ortega et l'opposition nicaraguayenne représentée par la plateforme de l'Alliance civique pour la justice et la démocratie regroupant des syndicats, des organisations de la société civile, des entreprises et des étudiants. Pour rappel, les discussions qui avaient eu lieu auparavant, sous la supervision de l'Eglise catholique, avaient été suspendues en juin dernier par le gouvernement. Aussi, pour leur reprise, l'opposition avait posé, comme préalable, la libération de tous les nicaraguayens détenus pour délit d'opinion, le rétablissement de la liberté de presse, d'expression et de manifestation et, enfin, la présence de «garants internationaux» comme l'Organisation des Etats Américains (OEA) et l'ONU. Cette première rencontre destinée à trouver une issue à la crise politique qui secoue le pays et à laquelle prirent part six représentants du gouvernement du Président Daniel Ortega et six autres agissant au nom de l'opposition en présence du cardinal Leopoldo Brenes, archevêque de Managua en tant que médiateur avait duré près de sept heures durant lesquelles les négociateurs ont pu établir «la feuille de route» des négociations. Ainsi, dans une seconde étape, seront désignés des «garants internationaux» qui seront chargés de veiller à l'application des accords visant à mettre fin à une crise qui a fait plus de 325 morts lors de manifestations anti-gouvernementales et plongé le pays dans une profonde récession économique; ceci avant le 28 mars sauf si les deux parties conviennent de prolonger les pourparlers au-delà de cette date. Mais, voyant qu'après huit journées de négociations avec des représentants de l'opposition qui réclament la libération de tous les prisonniers politiques, le rétablissement des libertés publiques, la réforme de la loi électorale et des élections anticipées, le pouvoir de Managua n'avait formulé aucune proposition, les évêques catholiques qui avaient commencé à douter des réelles intentions de Managua ont choisi de se retirer ce vendredi. Aussi, pour sauver le processus de négociation, le gouvernement du Président Daniel Ortega qui avait toujours opposé une fin de non-recevoir au souhait de l'opposition d'inviter l'Organisation des Etats américains et l'ONU à la table des négociations en tant que «garants» du processus de paix en cours a consenti, ce samedi, à faire participer l'Organisation continentale aux discussions. Il a proposé, également, la libération des prisonniers politiques «qui n'ont pas encore été jugés» et le réexamen des dossiers de ceux qui l'ont déjà été de manière à ne point générer « d'impunité». A noter, au passage, que, depuis le 18 Avril 2018, plus de 700 nicaraguayens avaient été incarcérés lors des manifestations anti-gouvernementales et qu'une centaine d'entre elles avaient vu leur emprisonnement transformé en «assignation à résidence» quelques heures avant le début des négociations le 27 Février dernier alors que plusieurs dizaines de milliers de nicaraguayens ont pris le chemin de l'exil ces derniers mois. Mais le président Daniel Ortega, cet ancien guérillero sandiniste, aujourd'hui âgé de 73 ans, que l'opposition accuse d'avoir instauré la dictature au Nicaragua a tenu, toutefois, à réitérer, ce samedi, son refus de convoquer des élections anticipées «étant donné que les élections présidentielles et législatives sont prévues pour 2021». Jusqu'où ira ce bras-de-fer ? Attendons pour voir…