Le 20 Février dernier, John Bolton, le conseiller américain à la sécurité, avait déclaré que les jours de Daniel Ortega, le président du Nicaragua, «étaient comptés». Des mots similaires avaient été dits, également, à propos de Maduro au Venezuela et de Miguel Diaz-Canuel, l'actuel «président des Conseils d'Etat et des ministres» de Cuba ; trois pays considérés par Washington comme constituant la «troïka de la tyrannie. Autant dire que la Maison Blanche tient, aujourd'hui plus que jamais, à faire jouer sa fameuse «Doctrine Monroe» afin de chasser du pouvoir, tous les chefs d'Etat qui, sur le continent américain «osent» encore défier l'Oncle Sam et se réclamer du socialisme. Bousculé par Washington, le président nicaraguayen a rencontré une délégation de l'Organisation des Etats américains et des représentants de l'organisation patronale nicaraguayenne et annoncé, dès le 21 Février, une reprise du dialogue avec l'opposition afin de redresser une économie bien mal en point car si, en 2018 le PIB avait reculé de 4% et que plus de 300.000 emplois avaient été perdus, la situation risque d'empirer. Azahalea Solis, membre suppléante de la délégation d'opposition, dira, à ce titre, que le président Ortega «a accepté de reprendre le dialogue parce que la résistance civile continue fermement, à cause de son isolement international et de la situation (de crise) au Venezuela et, enfin, parce que l'économie est en chute libre». Aussi, quelques heures à peine avant que ne débutent, ce mercredi 27 Février, sur un campus universitaire situé au sud de Managua, les discussions entre le gouvernement et l'Alliance civique pour la justice et la démocratie qui regroupe des syndicats, des organisations de la société civile, des entreprises et des étudiants, un communiqué du ministère de l'Intérieur a annoncé la libération d'une centaine de détenus. Or, cet élargissement n'a concerné que de petits «contestataires» dans la mesure où aucun leader de l'opposition n'a bénéficié de cette mesure et que mercredi soir près de 670 opposants étaient encore sous les verrous d'après les décomptes de certaines organisation de défense des droits de l'homme. Pour rappel, les discussions qui avaient eu lieu sous la supervision de l'Eglise catholique avaient été suspendues en juin dernier par le gouvernement. Aussi, pour leur reprise, l'opposition avait posé, comme préalable, la libération de tous les nicaraguayens détenus pour délit d'opinion, le rétablissement de la liberté de presse, d'expression et de manifestation et, enfin, la présence de «garants internationaux» comme l'Organisation des Etats Américains (OEA) et l'ONU. La première rencontre de ce mercredi à laquelle prirent part six représentants du gouvernement du Président Ortega et six autres agissant au nom de l'opposition en présence du cardinal Leopoldo Brenes, archevêque de Managua en tant que médiateur, a eu pour but de trouver une issue à la crise politique qui secoue le pays. Au cours de cette séance de travail qui a duré près de sept heures d'après Monseigneur Stanislaw Waldemar Sommertag, le nonce apostolique (l'ambassadeur du Vatican) à Managua, les deux parties se sont attelés à définir «la feuille de route» des négociations et sont parvenues à s'entendre «sur neuf points sur douze»; ce que l'ex-guérillera sandiniste Dora Maria Tellez trouve «normal» dès lors que Daniel Ortega s'est assis à la table des négociations «avec la corde au cou». Et si, nonobstant le dialogue en cours, l'opposition qui accuse l'ancien guérillero, aujourd'hui âgé de 73 ans, d'avoir instauré une dictature réclame toujours son départ et la convocation de nouvelles élections, Daniel Ortega soucieux de briser son isolement et de se maintenir à la présidence jusqu'en 2021, dénonce, pour sa part, une tentative de putsch soutenue par l'Eglise et par la Maison Blanche. De quoi donc demain sera-t-il fait à Managua si les jours d'Ortega sont vraiment «comptés» comme il le semble ? Attendons pour voir…