Si nul n'ignore que le Président Bouteflika est, depuis dimanche, hospitalisé en Suisse pour des «soins périodiques», personne ne connait, en revanche, la date de son retour en Algérie puisqu'aucun communiqué officiel de la présidence de la République n'a fait état de son retour au bercail après ces examens. Raison pour laquelle certains responsables des partis de l'opposition algérienne, dont l'ancien chef du gouvernement Ali Benflis et Abderrazak Makri, se sont rencontrés ce lundi à Alger à l'effet de débattre de la situation après le dépôt par Bouteflika de sa candidature pour un cinquième mandat présidentiel. La déclaration rédigée à l'issue de cette rencontre apporte le soutien des partis de l'opposition algérienne au mouvement de contestation populaire et appelle au boycott et au report de l'élection présidentielle prévue pour le 18 Avril et, enfin, à l'application des dispositions de l'Article 102 de la Constitution algérienne pour constater la vacance du pouvoir et, par voie de conséquence, pour ouvrir la voie à la destitution de Abdelaziz Bouteflika. Mais il n'est pas sûr que le recours cet Article 102 va aboutir et que la procédure d'empêchement maintes fois évoquée par l'opposition depuis l'AVC dont a été victime le Raïss, va pouvoir être mise en œuvre puisque c'est le Conseil Constitutionnel – tout acquis au Président – qui «après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous les moyens appropriés, propose, à l'unanimité, au Parlement de déclarer l'état d'empêchement». Or, s'il n'est pas dit que le Conseil Constitutionnel va se plier aux exigences de l'opposition, il reste, tout de même, certain qu'au regard de la détérioration de l'état de santé de Bouteflika, une telle requête va, cette fois-ci, exercer une très grande pression sur l'entourage présidentiel et, bien entendu, encourager les manifestants qui, forts de cette injonction, se sont mis à chanter dans les rues d'Alger : «Hé Bouteflika, il n'y aura pas de 5ème mandat» et encore « Ramenez les commandos de l'armée et la BRI (Unité d'intervention de la police), il n'y aura pas de 5ème mandat» ou «Cette candidature est une insulte au peuple». Autant dire que le bras-de-fer qui se joue actuellement entre le pouvoir et la population algérienne a l'air d'être là pour durer. Jusqu'à quand ? Nul ne le sait mais à Constantine, les avocats ont entamé, à partir de ce lundi, une grève illimitée alors qu'à Alger les campus de certaines universités ont été désertés et que, dans toutes les villes du pays, on s'apprête à une manifestation de très grande envergure après la prière de vendredi prochain. Les forces de l'ordre, jusque là quelque peu réservées et qui, malgré leur déploiement en grand nombre au centre d'Alger et de légers débordements notamment lorsqu'elles n'avaient pas laissé quelques étudiants quitter le campus, vont-elles continuer à user de cette relative « neutralité » ou, au contraire, s'en départir et s'en prendre aux manifestants ; ce qui risquerait de mettre le pays à feu et à sang ? Quand on se rappelle de la décennie noire qu'avait connu le pays avec son cortège de désolation, de souffrances et d'assassinats, on ne peut qu'espérer que les «hommes du président», ces fidèles du palais de la Mouradia, vont, cette fois-ci, écouter le cri de la rue – puisque le Raïss en est incapable – et se plier aux doléances d'un peuple qui, depuis le début, réclame le changement par la «silmia» c'est-à-dire de manière pacifique. Armons-nous d'espoir et attendons pour voir…