Quand des ados cherchent à s'évader du carcan de leur présent par l'usage de substances psychoactives, c'est que le mal-être s'est développé dans la société au-delà des difficultés du quotidien. On ne peut vivre sa jeunesse à l'air du temps et hors des contraintes de l'entourage, et encore moins s'émanciper, par l'usage de stupéfiants agissant sur le système cérébral et pouvant conduire à l'altération de la conscience et du comportement. A voir, entre autres scènes, des jeunes en piteux état qui déambulent et font la manche, respirant à travers une poche en plastique, l'interpellation est immédiate sur les possibilités de nos politiques publiques de faire du tiers de notre population «une jeunesse citoyenne, entreprenante, heureuse et épanouie». Bien avant et après les travaux dispendieux du fameux Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir et autres besognes, la priorité accordée à la jeunesse s'est limitée beaucoup plus aux déclarations solennelles qu'à la faire bénéficier effectivement des réalisations économiques et des avancées politiques enregistrées depuis. Ainsi ; il reste beaucoup à faire en matière d'éducation, de formation, d'emploi, de santé, d'accès au logement,de promotion des libertés et d'encadrement politique pour assurer à la jeunesse marocaine l'autonomie nécessaire et l'intégration sociale indispensable. Pire, le tabagisme, l'usage des drogues, l'alcoolisme et la violence semblent apparemment sévir encore plus. Et si l'effort effectué pour combattre la dépendance et l'addiction est méritoire, il reste à développer la prévention et à assécher les trafics. C'est une action permanente de vigilance et d'encadrement, relevant de plusieurs secteurs gouvernementaux, qui doit être menée pour éradiquer les maux et préserver notre jeunesse dans son effort de s'intégrer dans le processus de développement économique et social et de bénéficier de ses retombées. Car les années passent, identiques à elles même pour la plupart de ces forces vives de la nation, et la motivation s'érode par l'inertie et l'itération des promesses non tenues. C'est pour dire que l'intérêt porté à la jeunesse doit s'inscrire dans «un nouveau souffle» du processus démocratique dans notre pays. Le ciel du champ politique national est si bas que l'horizon devra s'élargir pour permettre aux fleurs de notre jeunesse de s'épanouir. Il est important que l'espoir soit consolidé par la confiance. Les déboires ne doivent pas conduire à une condamnation généralisée de tout ce qui a été fait pour consolider la souveraineté nationale et édifier l'état national et démocratique. Les changements naturels, les aspérités de la géopolitique, la concurrence de l'environnement régional plaident pour la consolidation du front intérieur et son renforcement. La démocratie, malgré les méandres de son cours, reste le chemin le plus favorable au développement durable et à l'immunisation contre les imprévus. La modernité s'accomplit par l‘adaptation aux normes universels qui garantissent l'émancipation et le développement de la personne humaine dans son contexte national ouvert et perméable. Notre beau pays possède un capital humain dont l'investissement, pour lui et par lui, ne peut que réaliser les aspirations légitimes de l'ensemble de la population dans le bienêtre, la justice sociale et la préservation de l'environnement naturel. Il est temps de prendre les mesures nécessaires qui s'imposent pour répondre à la situation créée suite à «la vertigineuse expansion démographique» du siècle dernier en assurant en urgence la promotion de la femme et l'homogénéité spatiale d'une plus grande justice sociale. La modulation de la pyramide des âges rend obligatoire des décisions cruciales dans tous les domaines afin que les retards accusés ne se cumulent pas avec les ambitions annoncées pour répondre aux exigences du présent.Il en va de la transformation de la société marocaine, de son évolution et de sa capacité à répondre aux nombreux défis de l'avenir. Cela est possible!