«Le projet de la loi des finances répond-t-elle réellement à l'ensemble des défis et problématiques à caractère sociale ? Voila, en somme, la question principale posée par Abdellatif Ouammou, lors de la séance plénière de la Chambre des Conseillers, tenue lundi 10 décembre, pour débattre les dispositions de la loi des finances. Intervenant au nom des Conseillers du Parti du progrès et du socialisme (PPS), a mis l'accent sur la nécessité de revoir la méthode de l'élaboration de la loi des finances et celle de l'architecture budgétaire de l'Etat afin de créer les conditions permettant une maturation du dialogue sociale et l'accélération de la cadence des réformes, comme cela a été souligné dans les discours récents de SM le Roi. Et le Conseiller du PPS de s'interroger : «Ce projet contient-t-il des mesures palpables en réponse à l'appel royal et interagit avec une situation sociale laissant entrevoir plus de tension? Il est certain selon Abdellatif Ouammou que les troubles dans le Proche-Orient laissent présager que l'année prochaine sera marquée par la flambée des cours de pétrole, ce qui va impacter directement l'économie nationale et le pouvoir d'achat des citoyens. Or, force est de constater que le projet ne contient pas des actions concrètes pour limiter l'impact négatif de cette conjecture internationale, a-t-il indiqué. «L'Exécutif n'a pas tenu son engagement, celui de procéder au plafonnement du prix des carburants. Et le projet ne contient aucun indicateur allant dans ce sens, notamment en matière de la maitrise du prix interne à savoir la révision de l'impôt interne sur la consommation des hydrocarbures et la révision de la marge bénéficiaires des opérateurs de distribution», a-t-il indiqué. Sur un autre registre, le militant du PPS a exprimé sa préoccupation quant à la non-maitrise des dépenses et le maintien du déficit à la hauteur de 3% conformément à l'objectif initial du gouvernement. Echec du Plan vert Il va sans dire, selon l'intervenant, que l'appui aux politiques publiques consacrées à la santé et l'éducation doit être accompagné par la création des postes d'emploi dans ces secteurs. Certes le projet envisage de créer 25.825 postes d'emplois, outre 15.000 contractuels, mais ces chiffres ne reflètent nullement la réalité en tenant compte du nombre des fonctionnaires qui vont partir à la retraite en fin 2018. Abondant dans le même ordre d'idées, l'intervenant a considéré que les efforts déployés par la Commission des investissements ne sont pas suffisants pour résoudre la problématique de l'emploi tout en évoquant la situation du blocage du dialogue sociale. «Nous considérons que la hausse du pouvoir d'achat des salariés est un élément essentiel pour l'augmentation de la consommation afin de permettre une dynamique positive de l'économie nationale», a-t-il noté avant d'affirmer que le projet contient seulement des mesures modestes et éparses qui ne traduisent pas une forte volonté politique pour faire face à l'ensemble des maux dont souffre notre économie nationale». Toujours selon le conseiller du PPS, les mesures prises au niveau fiscal, notamment la contribution fiscale de solidarité ou celle portant sur l'impôt sur la société sans omettre l'augmentation de l'impôt sur la consommation des cigarettes ou encore l'impôt sur la vente de l'immobilier, reflètent l'absence d'une vision stratégique claire auprès du gouvernement. Abdellatif Ouammou s'est interrogé également sur l'incapacité des pouvoirs législatif et exécutif à soumettre aux parlementaires la loi du règlement de la loi de finances des exercices 2017 et 2018 conformément à l'article 76 de la Constitution. Qui plus est, le Conseiller du PPS a invité le gouvernement à accélérer le processus de l'élaboration de la nouvelle Charte d'investissement, l'activation du rôle des centres régionaux d'investissement, l'appui des petites et moyennes entreprises et l'assainissement du climat des affaires. Et ce n'est pas tout. Il a en plus a souligné l'échec du Plan vert appelant à sa révision globale pour qu'il soit l'un des piliers principaux du nouveau modèle de développement. «Le Plan vert n'a pas pu contribuer au développement rural…étant donné que ce plan appuie les grands agriculteurs qui sont d'ailleurs minoritaires…», a-t-il noté en substance. Par ailleurs, Abdellatif Ouammou a évoqué la question du secteur de l'industrie et le retard enregistré au niveau de la concrétisation du Plan d'accélération industrielle, annoncé le 28 janvier 2018 à Agadir devant SM le Roi et qui constitue une entrée principale pour la mise en œuvre régionale de la stratégie industrielle. Au final, l'intervenant a relevé un point d'une importance cruciale, celui de la question de la gouvernance et son rôle principal pour la réalisation des objectifs de la nation. «La dilapidation des deniers publics, le gaspillage, la rente, les modes de gestion de transactions publiques, la corruption…retardent les ambitions du pays. Cela étant car la gouvernance est un outil efficace et efficient pour la concrétisation du programme gouvernemental et tous les projets de développement», a martelé le militant du PPS.