La polémique sur l'introduction d'expressions en dialecte marocain dans les manuels scolaires du cycle primaire n'a pas laissé les parlementaires indifférents. Plusieurs députés appellent désormais au retour des manuels unifiés, a fait-savoir le ministre de l'Education nationale, Said Amzazi, qui était l'invité du forum de la Map. Le système adoptait jusqu'en 2002 des manuels unifiés, avant donc que l'édition des livres scolaires ne soit libéralisée. Selon le ministre, la proposition des députés sera discutée au sein du gouvernement. En réclamant le retour au manuel unifié, les parlementaires veulent en fait consacrer le principe de responsabilité directe du ministère. Cela permettra d'éviter d'éventuelles polémiques sur le rôle de la tutelle qui, depuis 2002, confie l'élaboration des manuels scolaires à des éditeurs sélectionnés à l'issue d'un appel d'offres. En attendant, le ministre n'a pas manqué de répliquer à nouveau aux accusations relayées sur les réseaux sociaux. «Il n'y avait aucune intention d'introduire la darija dans les manuels scolaires», a-t-il dit. Toutefois, Amzazi reconnaît quelques expressions en dialecte marocain (4 à 5 selon le ministre) figurent dans les livres depuis plus de 16 ans. Ce qui le pousse à s'interroger sur les soubassements de cette polémique qui a pris une grande ampleur au point de faire l'objet d'une surenchère politique entre deux partis politiques. «Cette année, nous avons constaté une grande confusion et relevé des données erronées relayées pour induire en erreur l'opinion publique», a-t-il déploré. En tout cas, ces manuels seront transmis à des commissions scientifiques pour statuer sur leur sort. En attendant, le ministre a souligné que ce débat ne devrait pas prendre le dessus sur la poursuite de la réforme de fond. La priorité, dit-il, doit être accordée à l'implémentation des mesures annoncées dans le cadre de la réforme du système. Parmi elles, l'élargissement du préscolaire. Une attention particulière est accordée à ce chantier avec comme ambition de porter le taux de préscolarisation à 67% d'ici 2022 et à 100% à l'horizon 2028 pour un coût global de 30,2 milliards de dirhams. Cependant, la généralisation de ce cycle ne doit pas se faire au détriment de la qualité, confie le ministre. Pour cela, la tutelle s'apprête à lancer une licence professionnelle destinée à améliorer les compétences des éducateurs. Ses détenteurs auront le statut de «référent pédagogique». Parallèlement à la généralisation du préscolaire, la tutelle se penche également sur le phénomène de surpopulation qui caractérise actuellement les classes. Dans le primaire, le nombre d'élèves en première et deuxième année sera limité à 30 et à 34 pour les autres niveaux de ce même cycle. De même, les classes du cycle collégial ne pourront plus accueillir plus de 36 élèves. Et là se pose la question liée à l'investissement dans de nouvelles salles et au recrutement d'enseignants pour accompagner la lutte contre la surpopulation des classes. Sur ce registre, le ministre a fait savoir que ce chantier nécessite le recrutement de 20.000 enseignants par an. Or, «cela n'est pas du ressort du ministère de l'Education», rappelle Amzazi qui compte sur le département des Finances pour lui consacrer davantage de postes budgétaires. Selon le ministre, 15.000 postes budgétaires pourraient être réservés à l'Education nationale dans le projet la loi de finances de 2019. Par ailleurs, la formation des enseignants, tous cycles confondus, pose un grand défi pour le système. Même les formateurs bénéficieront à l'avenir d'une formation leur permettant de mettre à niveau leurs compétences. La formation se déroulera dans un centre qui sera construit à Tamesna.