Moulay Bousselham : Tentative avortée de trafic de 5,758 tonnes de Chira    Industrie manufacturière : les entreprises s'attendent à une légère augmentation de la production au T1-2025    Maroc : Les EHTC enregistrent 2,04 millions de nuitées à fin janvier    Le tourisme, un levier de renforcement des relations bilatérales entre le Maroc et l'Allemagne    Offre Maroc: Six projets d'hydrogène vert sélectionnés pour 319 MMDH dans le Sahara    Macron appelle à une mobilisation européenne pour la défense    Classement FIFA: La sélection marocaine féminine gagne une place, se maintient au top-3 africain    L'entraîneur de l'Olympique Lyonnais suspendu jusqu'au 30 novembre après son coup de colère contre un arbitre    CPS de l'UA: le Maroc réaffirme sa disponibilité à collaborer étroitement avec les parties prenantes pour assurer la souveraineté climatique africaine    Températures prévues pour le vendredi 07 mars 2025    Mondial 2030 : Plus de 1,7 MMDH pour renforcer la connexion du Stade de Fès    Gazoduc Afrique-Atlantique : Benkhadra présente l'état d'avancement du projet à Washington    Blockchain : la mutation en marche    Sahara : Staffan de Mistura reprend ses consultations à la veille d'un briefing décisif au Conseil de Sécurité    Xi Jinping préside une réunion de la direction du PCC pour discuter d'un projet de rapport d'activité du gouvernement    Les nouvelles sanctions européennes contre la Russie font peser une incertitude sur les importations marocaines de charbon kazakh    L'Arabie Saoudite déterminée à consolider sa coopération avec le Maroc dans tous les domaines (Ministre saoudien des AE)    Le gazoduc Afrique-Atlantique «a atteint une phase clé en matière d'investissement», assure Amina Benkhadra, «mise en service progressive des premiers segments dès 2029»    8es. Europa League : Ce soir, En-Nesyri vs Igamane et Aguerd vs Mezraoui !    Coupe arabe 2025 au Qatar : La FIFA fixe le calendrier    L'Espagne rejette une proposition de régularisation exceptionnelle des migrants    la BEI accélère son soutien au Maroc avec 500 M€ de financements en 2024    Chutes de neige et fortes averses orageuses, jeudi dans plusieurs provinces du Royaume (Bulletin d'alerte)    Le Canadien CGI certifié Sustainable IT – Niveau 2 pour ses pratiques numériques responsables au Maroc et en Europe    Visa for Music 2025 : l'appel à candidatures est lancé pour les showcases !    La Dolce Vita à Mogador fête le cinéma féminin    La Fondation Al Mada lance l'Académie des Arts Régionale    Athlétisme. L'Ethiopie en force aux Championnats du monde en salle 2025    L'Arabie saoudite réaffirme son soutien à la marocanité du Sahara    Stratégie militaire : le Maroc élargit sa flotte avec les drones TB-001 de Chine    La ministre palestinienne du Développement social salue les efforts de S.M. le Roi en soutien à la résistance des Palestiniens    Canada: Les tarifs douaniers US mettent en péril des emplois des deux côtés de la frontière    La Agencia Bayt Mal Al-Qods apoya a los niños huérfanos y amputados víctimas de la guerra en Gaza    Maroc : Un touriste belge meurt dans un accident de parapente près d'Agadir    Algeria criticizes Morocco on human rights in the Sahara at the UN    Présidentielle au Cameroun. Des sanctions contre les fauteurs de troubles    Futsal : La FRMF organise un tournoi international en avril prochain    Le Germano-croate Tomislav Stipić aux commandes du MAS    Les prévisions du jeudi 6 mars    Les Nations Unies mettent en garde contre la répression systématique des défenseurs des droits de l'homme en Algérie    Coupe du monde des clubs 2025 : La FIFA dévoile le pactole    Défense: Le Maroc acquiert des drones TB-001 auprès de la Chine    Irlande : L'exécutif ignore les appels à reconnaitre la «RASD»    Guía turística para descubrir Marruecos durante el mes de ramadán    El Jadida : L'ancien hôtel de police un patrimoine en ruine, un héritage en sursis !    Casablanca Events & Animations illumine Casablanca avec un programme culturel et spirituel pour le Ramadan    200 artistes à Fès pour la 28e édition du Festival des Musiques Sacrées du monde    Appels à projets pour la subvention des associations et instances culturelles, syndicats artistiques et festivals au titre de 2025    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La symbiose entre la poésie et la peinture
Publié dans Albayane le 11 - 05 - 2018


Said Haji et Taoufiki Belaaid
Il y a un moment crucial, différenciant pour chacun de ces deux genres. Après la lecture d'un poème, il y a un temps de latence où se déploie cette nécessité d'y coller des images via la comparaison, la compréhension et l'influence imposée par les vers. Par contre, face à un tableau, l'image s'offre d'emblée et exerce son pouvoir d'influence suggestive. Cela se vérifie à chaque fois au contact, séparément, des deux arts.
Mais qu'advient-il quand ils se présentent en même temps, dans un même travail ? Ce qui est peint s'impose sur-le-champ, via les couleurs, les lignes, les formes, les ombres et les lettres. La poésie, elle, s'intègre totalement au plastique d'origine.
On en trouve une représentation éloquente dans l'expérience de l'artiste peintre Said Haji qui vous fait pénétrer dans son univers pictural dès le premier regard, dans son étalement tout en suggestions enflammées. De par ses couleurs et ses éléments constitutifs connus.Des éléments puisés dans son expérience personnelle, dans sa mémoire, ses rêves et ses cauchemars, à partir desquels il a pu créer sa propre technique et ses propres représentations dont la singularité est notoire. Une expérience inspirée de la période de détention, sombre et douloureuse, pour cause d'engagement.
Cette même expérience d'emprisonnement pour militantisme, le poète Taoufiki Belaaid l'a éprouvée dans sa peau. Ce qui crée un lien fort et formel, susceptibles de trouver une visibilité artistique. Lorsque le poète égrène son poème, sa voix intérieure parle et rayonne vers l'autre. Afin d'embrasser toutes les voix démunies de ce pouvoir des rimes. Ce qui permet des rencontres artistiques et créatrices. Mais quand cet autre est lui aussi un artiste créateur et ami, l'expérience se dédouble et s'amplifie.
Une expérience qui oblige à se soumettre à ses exigences artistiques et esthétiques, cette géométrie plastique sur la surface de la toile. Celle-ci issue de l'atelier inconscient (sans perdre de vue sa lucidité) et maîtrisée en même temps de l'artiste Said Haji. Ainsi, Taoufiki Belaaid voit les poèmes de son recueil «Virages errants» dotés de «sens visuel, dans leur étalement sur la page blanche», investis dans les couleurs, dans/entre les formes, illuminés ou nichés entre ombres et lumières. L'ensemble pétri dans l'antre ardent, comme s'ils sont jetés dans un feu sans cesse ravivé par les flammes qui habitent le corps. Le spectateur s'en trouve obligé de changer de position à chaque fois, de mouvoir sa tête et ses yeux pour qu'il puisse accéder au fond de cette expérience multiple dont la contemplation seule est suffisante à générer le plaisir. Or pour aller au fond, il faut se multiplier, lire et voir. En voici quelques représentations.
Le tableau de la naissance :
Les vers sont écrits en arabe et en français. Ça parle de la naissance au milieu des épines et du poison dans la rose. Tout le vocabulaire plastique de Said Haji en rend compte. Un arrière-fond jaune rompue traversé par une blancheur aveuglante. En haut, une chaise brune suspendue dans un vide dans un gris de brouillard. Ce gris est au milieu de la toile comme déchiré en une ouverture circulaire cernée par un liquide grisâtre telle une fenêtre vers le ciel. Mais au-dessous, on est frappé par une tête prise de profil, d'un ton orange, nette et traversée d'éparpillements circulaires de peinture interférant avec le disque jaune du poème mêlé lui-même à du gris éparpillé sur le sommet de la tête. Tout cela nous rapproche du sens de la naissance dans la douleur, la souffrance qui accompagne l'éclosion de l'idée de la liberté par la rose où se niche le poison et qu'entourent les épines.
Le tableau de la liberté :
Ces mêmes éléments sont visibles dans un autre tableau, mais différemment. Le poème introduit évoque le fait de tomber dans de l'argile après un dur combat, mais aussi le fait de se relever et de continuer. La question éternelle de la liberté, à jamais. La toile en rend compte avec un arrière fond rouge foncé dominant la moitié de la surface. Et sur laquelle sont jetées des couleurs clairs et lumineux, mais dénuées de transparence, réparties en lignes, comme s'ils cachent, ou au contraire, percent ce qui les précédent. Or en bas et plus en avant on est face à une chaise et au-dessous une tête de profil.Le tout baignant dans un bleu indécis qui offre une image de transcendance qui accroche l'œil et interroge le regard. C'est un mélange de sang, d'eau et de création.
Le tableau de la torture
Il offre à un poème de Taoufiki Belaaidune grande force plastique. Puisque placé au milieu d'un tableau rayonnant et enflammé en une composition équilibrée intelligemment. Les vers bombardent une chaise inclinée et une personne toute aussi inclinée, sous le poids bien sûr de ce moment de confrontation douloureuse avec l'autre. Le poème joue son rôle de porteur de la résistance et de la rébellion. Une toile qu'on pourrait assimiler à un cri du poète incorporé avec une force, aigu en plein épisode de torture. Les vers y sont « déclamés » tels des éclairs tranchants d'une foudre qui fait s'écrouler le joug du mensonge. Une toile qu'on ne cesse de contempler avec subjugation.
Le tableau de l'araignée
C'est du pur art poétique et plastique à la fois. Le poème s'y octroie une plus grande place sur un fond d'un rouge foncé, et sur ce qui ressemble une page d'un gris rompu dominant avec quelques tâches de vert. Ça donne à la toile trois niveaux posés l'un sur l'autre comme des ajouts pleins de sens. Ce dernier est porté par l'élément de la chaise sur laquelle une araignée noire à tissé sa toile. Deux des grands composants de l'art de Said Haji. On se trouve face à ce moment d'extrêmes souffrances.La limite de l'expérience de manque de poids mais qui n'entame guère le désir de vie, de mémoire, de création. Se rebeller s'identifie à un acte du vivre. Le poème parle d'ailleurs d'un chemin vers la guillotine et d'une femme portant des roses et des chants.La toile ne présente pas de visage ni d'homme. Une absence après la réalisation de l'œuvre : le tableau, le poème. Une preuve de présence accomplie pour libérer les autres, pour qu'ils vivent. Un tableau où le sombre montre le chemin.
L'expérience conjuguée de ces deux créateurs nous offre un instant d'art ardent et criant de vie. Comme elle nous met face à la traduction artistique de la force de le la mémoire militante contre l'oubli et les frontières. Exprimer le vrai par la parole et le pinceau.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.