La pauvreté des enfants dépasse largement le seul aspect monétaire. Tel est le principal constat dressé par l'Observatoire national du développement humain (ONDH) dans une étude, réalisée en partenariat avec l'Unicef Maroc, sur le profil de la pauvreté des enfants au Maroc. Selon le secrétaire général de l'ONDH, Hassan El Mansouri, «un enfant est considéré en situation de pauvreté s'il est privé d'au moins de l'un de ses droits essentiels, comme l'accès à l'eau potable, aux soins de santé ou à l'éducation». L'étude révèle d'ailleurs que la pauvreté multidimensionnelle touche 39,7% des enfants âgés de 0-17 ans, avec une grande disparité entre les milieux urbain et rural. Autrement dit, 4 enfants sur 10 sont dans une situation de pauvreté multidimensionnelle. Dans le détail, un enfant sur 4 vit dans un ménage privé d'eau potable. Le constat est plus frappant pour le milieu rural où presque la moitié des enfants est privée de l'accès à des sources d'eau appropriées contre 3% pour le milieu urbain. Sans surprise, les privations s'étendent aux domaines du logement et de la santé. Là encore, le constat est plus alarmant dans le monde rural. En effet, le taux de privation s'élève à 52,2% pour les enfants du rural, contre 16,8% pour le milieu urbain. Ce déficit ne cesse de se creuser depuis 2013. Une situation qui serait due au surpeuplement dans les zones urbaines, en partie expliquée par l'évolution de la migration vers les milieux urbains. Pire encore, 66% des enfants du monde rural ne bénéficient pas de l'assurance maladie, contre 44% dans le milieu urbain. Par ailleurs, l'étude indique que 27% des enfants de moins de 4 ans souffrent de malnutrition. Concernant l'accès à l'éducation, l'étude pointe des niveaux de privation très importants, en particulier pour les adolescents. En effet, 12,9% des enfants de 5 à 14 ans ne fréquent pas l'école. Le constat dressé par l'ONDH ne reflète pas pour autant la réalité, du moins de l'avis du représentant adjoint de l'Unicef au Maroc, Behzad Noubary. En effet, les carences en termes d'accès aux droits fondamentaux pourraient être plus élevées dans la mesure où l'étude ne couvre pas d'autres types de privations, notamment dans le domaine du travail et du mariage des mineurs, ainsi qu'en matière de violences à l'égard de cette catégorie. Quoi qu'il en soit, «cette étude servira de guide pour le réajustement des programmes et du plaidoyer dans le domaine de l'enfance», comme l'a indiqué Lamia Bazir, directrice exécutive de l'Observatoire national des droits de l'enfant. Car en plus de dresser le profil de la pauvreté des enfants, l'étude propose plusieurs recommandations comme la mise en place de programmes de transferts monétaires pour les familles pauvres. Le gouvernement est également appelé à garantir la gratuité des soins de santé de base et à diminuer la contribution des ménages dans le financement de ces services. Il devra également investir davantage dans les domaines impactant le bien-être de l'enfant, notamment dans l'infrastructure d'assainissement.