Ça y est, c'est fait; l'extrême-droite autrichienne arrivée en troisième position aux législatives du 15 Octobre dernier est parvenue à obtenir trois postes clefs au sein du gouvernement de Sebastian Kurz ; à savoir les portes-feuilles des Affaires étrangères, de l'Intérieur, le département de la Santé, des Affaires Sociales et des Transports et, enfin le Secrétariat d'Etat au ministère des Finances. Autant dire que l'extrême-droite autrichienne représentée par le Parti de la Liberté (FPÖ) a fait une entrée en force dans la conduite des affaires en Autriche rehaussée par la présence de son leader, Heinz-Christian Strache, ancien sympathisant nazi durant sa jeunesse, au poste de vice-chancelier. Mais cette situation est loin de rassurer l'Union Européenne du moment que l'Autriche, dont le gouvernement devra prêter serment en début de semaine, sera appelée à prendre, en Juillet 2018, la présidence tournante du Conseil européen. Il est à rappeler que si, en 2000, l'arrivée de ce même parti au gouvernement autrichien avait poussé l'Union Européenne à prendre des sanctions contre Vienne et même à l'isoler diplomatiquement, la donne n'est plus la même aujourd'hui d'abord du fait de la montée des formations d'extrême-droite en France, aux Pays Bas et en Allemagne puis du moment que le nouveau gouvernement autrichien a confirmé, en fin de semaine dernière, son engagement à rester au sein de l'U.E. Ainsi, en France seul le Parti Socialiste qui condamne la formation de ce gouvernement a réclamé une réaction forte de la part de l'UE. Le FN, pour sa part, s'en réjouit même s'il estime, par la voix de son vice-Président Nicolas Bay, qu'une telle «configuration n'est pas forcément exportable en France». Il y a lieu de signaler, par ailleurs, que pour saluer cet «évènement historique», les dirigeants des partis d'extrême-droite européens faisant partie du groupe dit «des Nations et des libertés» au sein du Parlement européen et représentant outre l'Autriche, les Pays-Bas, la Ligue du Nord italienne, la Belgique, le «Parti Bleu» allemand, la Pologne ainsi que le Parti pour l'Indépendance du Royaume-Uni (UKIP) se sont réunis ce samedi à Prague pour une conférence intitulée «Pour une Europe des nations souveraines» afin, disent-ils, de «se concentrer, désormais, sur la coopération en Europe, en dehors des structures de l'Union Européenne». Au cours de cette rencontre, la Présidente du Front National a estimé que «les élections européennes peuvent apporter un véritable bouleversement de la donne politique en Europe et même permettre à ceux qui s'opposent à l'Union Européenne et qui sont défenseurs de l'Europe des Nations et des Libertés d'être majoritaires dans le cadre de la future assemblée».