«La Belgique serait-elle entrain de se fermer au monde?». La question ne vaut certes pas tripette, mais mérite quand même d'être posée. L'expérience d'Abdelkader Hakkou il y'a quelques jours, en région flamande, est pour le moins que l'on puisse dire, surréaliste, à s'en tenir aux propos du recteur de l'Université Libre de Bruxelles (ULB), hôte de l'universitaire marocain. Le vice-président de l'Université Mohamed 1er d'Oujda, invité par la célèbre université belge, a été détenu dans un Centre fermé de Steenokkerzeel en région flamande dans la nuit de samedi à dimanche derniers. Et pour cause, iln'était apparemment pas en mesure d'apporter les preuves suffisantes de son séjour dans le pays. Quiproquo, histoire à dormir debout... bref, les services de police semblent avoir fait tout un fromage. Et pas sans raison : la politique de migration austère menée par le secrétaire d'état belge et à la migration, Theo Francken, du parti nationaliste N-VA, gagne du terrain, même si elleest contestée à large échelle par l'opposition et les ONG du pays. Habitué à se rendre en Belgique, Abdelkader Hakkou, qui venait d'atterrir à l'aéroport Charleroi, au départ du Maroc, ne pouvait s'attendre à «l'accueil qui lui a été réservé à l'aéroport par la police» ce jour. A peine arrivé à l'aéroport, alors qu'il devait participer à un projet de coopération avec l'ULB à l'invitation de celle-ci, il a été arrêté à la douane. La raison? Il n'était pas capable de démontrer qu'il avait suffisamment d'argent liquide sur lui pour financer l'entièreté de son séjour en Belgique pendant lequel il devait faire de la coopération au développement. Sachant que le projet universitaire qui l'avait ramené à Bruxelles avait obtenu un financement de l'ULB via la Fédération Wallonie-Bruxelles, avait expliqué Nicolas Dassonville, porte-parole de l'ULB. Visé par une procédure de refoulement, un des professeurs de l'ULB se serait rendu au Centre fermé en région Flamande pour apporter les documents prouvant la mission de coopération du professeur, mais « en vain ».Le professeur passera toute la nuit sur une chaise métallique dans le Centre. Il aura fallu des moyens colossaux pour mettre fin à la sordide histoire. A en croire les informations rapportées par les médias belges, suite à sa détention, l'ULB aurait remué ciel et terre pour libérer l'universitaire marocain. L'établissement s'est ainsi adressé à l'Office des étrangers et a désigné un avocat pour accompagner Abdelkader Hakkou. Cette intervention ayant été vaine, l'ambassadeur du Maroc en Belgique, Mohamed Ameur, aurait donc entrepris des contacts auprès de l'Office des étrangers et se serait porté garant des conditions de séjour de l'universitaire en Belgique. C'est alors que la décision de sa libération a finalement été prise dimanche après-midi. Aussitôt libéré, le professeur Hakkou a dénoncé une «humiliation, difficile à accepter». «J'ai vécu un engrenage particulier ces deux journées et demi, c'est dommage pour un pays démocratique qui respecte les droits de l'homme», a-t-il dénoncé l'air abattu. Et le recteur de l'ULB, Yvon Englert, de sonner le glas de cette histoire en appelant la Belgique à «cesser de courir derrière l'extrême droite». «Je trouve que la Belgique va dans le mauvais sens. Ce n'est pas la bonne piste», a-t-il déclaré.