Saâd Eddine El Othmani sort enfin de son mutisme. Près de deux semaines après le tollé suscité par la vidéo de l'agression d'un enseignant dans un établissement scolaire à Ouarzazate, le chef du gouvernement a réuni jeudi des responsables du ministère de l'Education pour appeler à plus de vigilance. La vidéo de l'élève mineur accusé de violence physique contre son enseignant avait rapidement fait le tour des réseaux sociaux. Contrairement au procureur général du roi, Mohamed Andennabaoui, qui considère que le comportement du mis en cause ne revêt pas un caractère criminel, le chef du gouvernement a exprimé son refus total de ces violences. El Othmani s'est plutôt montré en faveur d'une approche ferme. «Ces cas de violences, qui restent isolés, sont condamnables et rejetés dans leur intégralité», a-t-il dit. Pour lui, il faudra adopter une approche intégrée pour faire face à la problématique de violence dans les établissements scolaires.Le chef du gouvernement considère que l'approche répressive ne suffit pas à elle seule pour mettre un terme à ce phénomène. L'idée est de prendre en considération la dimension psychologique au sein des écoles pour ne pas s'en prendre uniquement aux élèves. Mais «sans négliger pour autant la rigueur juridique», nuance El Othmani. Le ministre par intérim de l'Education nationale, Mohamed El Aaraj, est du même avis. «La dignité du corps enseignant est une ligne rouge», dit-il tout en qualifiant ces comportements de malsains. Mardi dernier, une note publiée par le ministère de tutelle a insisté sur la tolérance zéro en cas de manque de respect à l'égard du corps enseignant. Les établissements peuvent désormais se constituer partie civile en cas de poursuites judiciaires. Au-delà de cette problématique, le chef du gouvernement a profité de sa rencontre avec les responsables de l'Education pour remettre sur la table le dossier de la réforme. «Le gouvernement dispose aujourd'hui d'une vision claire», a-t-il assuré. Mais encore faut-il adopter la tant attendue loi-cadre relative à la réforme du système. El Othmani s'est en tout cas engagé à livrer cette loi, qui transformera les orientations de la vision en obligations,avant fin 2017. Rappelons qu'un projet a déjà été préparé dans ce sens sous le gouvernement Benkirane. Il a été soumis pour avis au Conseil supérieur de l'Education en juillet 2016. Certaines de ses dispositions avaient suscité l'ire de l'opinion publique, en l'occurrence celle qui prévoit l'application de frais d'inscription pour les élèves les plus aisés de l'école publique. Pour l'heure, aucune information n'a filtré sur le maintien de cette mesure dans le projet qui devra être présenté par El Othmani. Le chef du gouvernement s'est contenté de rappeler que le budget alloué au secteur a été revu à la hausse dans la loi de finances 2018. L'enveloppe passera à 59,2 milliards de dirhams, en hausse de 5 milliards de dirhams par rapport à 2017, sans oublier que le projet de budget consacre aussi plus de postes d'emplois à ce secteur.