Le marathon parlementaire du projet de loi de finances 2018 a débuté mardi. Le texte a été présenté par Mohamed Boussaid, devant les deux Chambres réunies. Le ministre des Finances, qui considère que ce projet est né dans une conjoncture particulière marquée par des défis et la montée des attentes de la population, s'est largement attardé sur les priorités pour 2018. Selon lui, ces priorités ont été définies conformément aux orientations royales, particulièrement celles portant sur une meilleure affectation des ressources vers les secteurs de l'éducation et la santé. «Il s'agit surtout d'un projet social qui vise à répondre aux attentes de la population, notamment en matière d'accès aux soins de santé, à l'éducation et à l'emploi», a-t-il souligné. Pour preuve, près de la moitié du budget prévu est consacrée aux secteurs sociaux. L'emploi n'est pas en reste. Sur ce registre, Boussaid a fait savoir qu'une mesure a été introduite dans le PLF pour encourager la création d'emploi. La plus en vue porte sur l'exonération de l'impôt sur le revenu dans la limite de 10.000 DH pour chaque 10 salariés au lieu de 5 actuellement. L'entreprise ne pourra bénéficier de cet avantage que si le recrutement s'effectue dans un délai de 2 ans à compter de la date du début de son exploitation et non de sa création. Notons que le délai d'application de ce dispositif sera prorogé aux sociétés créées entre le 1er janvier 2018 et le 31 décembre 2022, a indiqué Boussaid. Sur le même volet, le PLF comporte une autre mesure visant l'exonération de l'impôt sur les revenus pour les rémunérations accordées suite à un licenciement, que ce soit dans le cas d'un jugement du tribunal ou dans celui d'une procédure d'arbitrage. Quant aux postes budgétaires prévus, le projet de budget prévoit la création de 19.000 emplois, outre 20.000 autres postes par contrats essentiellement dans le secteur de l'enseignement. Le projet de budget se veut aussi ambitieux en termes d'investissement. Le montant consacré aux investissements publics a été revu à la hausse. En effet, les investissements publics atteindront en 2018 près de 195 milliards de DH, en hausse de 5 milliards par rapport à 2017. Selon Boussaid, le PLF vise à encourager l'investissement public à travers la transition de l'impôt sur les sociétés (IS) du modèle proportionnel au progressif. Le gouvernement suggère 3 taux proportionnels : 10% 20% et 31%. Le premier sera appliqué aux sociétés qui réalisent un bénéfice inférieur ou égal à 300.000 DH. Le taux de 20% est prévu pour les entreprises dont le bénéfice est compris entre 300.000 DH et 1 million de DH. Au-delà de 1 million de DH, c'est le taux de 31% qui sera appliqué. Pour le gouvernement, l'adoption d'un taux progressif permettra de corriger les inégalités fiscales, dans la mesure où le pourcentage appliqué augmente en même temps que le revenu. Croissance : Un projet trop ambitieux? Mohamed Boussaid a passé en revue les hypothèses de la construction budgétaire. Selon lui, le budget de l'année prochaine a été conçu sur la base d'une hypothèse de croissance de 3,2%. La poursuite de la dynamique des secteurs non agricoles, sur laquelle table le gouvernement, permettrait d'atteindre ce taux. Le taux prévu est certes trop ambitieux, surtout lorsqu'on le compare à celui atteint en 2016, à savoir 1,6%. Mais il tranche en tout cas avec les prévisions de BAM. Le projet prévoit, en outre, un déficit budgétaire de 3%, une moyenne de 380 dollars par tonne de gaz et une campagne céréalière moyenne de 70 millions de quintaux. Le PLF 2018 devrait également permettre de continuer à contenir le taux d'inflation à 1,5%, ce qui contribuera à la stabilité des prix et à la préservation du pouvoir d'achat des citoyens, a-t-il ajouté, notant que cela permettre aussi de maintenir l'équilibre budgétaire en réduisant le déficit à 3% en 2018.