L'attaque verbale de Messahel à l'encontre du Maroc, «une insulte faite à la gouvernance au niveau du continent africain dans son ensemble» L'attaque verbale à l'encontre du Maroc par le ministre algérien des affaires étrangères, Abdelkader Messahel, "suggère de par sa gravité une insulte faite à la gouvernance dans l'ensemble du continent africain, qui se prévaut d'être aujourd'hui dans la gouvernance mondiale", a déclaré dimanche à MAP-Washington, Joël Ruet, Président du centre de recherche international, The Bridge Tank. "Il ne faut pas se tromper. Au-delà de ce qui pourrait paraître simplement une attaque bilatérale contre un pays en particulier, ce genre de déclarations suggère (...) une insulte faite au niveau de la gouvernance dans l'ensemble du continent", a expliqué le Président du Bridge Tank, qui fait partie du Think20 (T20),un réseau d'instituts de recherche et de groupes de réflexion des pays du G20, dont le rôle est de fournir des recommandations de politiques publiques au G20. Messahel avait, rappelle-t-on, accusé les banques marocaines de "blanchiment de l'argent du haschich" et la RAM de transporter "autre chose que des passagers". "Dans cette attaque bilatérale, il y aurait une attaque larvée, indirecte contre d'autres pays. Et ça ce n'est pas défendable, car aujourd'hui (...) l'Afrique est dans la gouvernance mondiale", a tenu à souligner cet expert des questions géostratégiques internationales. Cette sortie hasardeuse est "grave d'un point de vue panafricain", a martelé M. Ruet, notant que si les insinuations de Messahel étaient vraies, "cela voudrait dire qu'au niveau des douanes, de l'efficacité des douanes des pays frères et au niveau de la souveraineté économique, il y aurait un problème". Il a, dans ce contexte, rappelé que le Maroc avait souscrit en tant que membre co-fondateur, en 1989, à une initiative du groupe d'action financière du G7, soulignant que depuis 2017, le G20 a lancé un compact avec l'Afrique (Compact withAfrica) sur l'investissement. "Le Maroc, a-t-il précisé, a été l'un des cinq premiers pays associés dans ce compact". Les déclarations de Messahel "ne tiennent donc pas debout" dans la mesure où "il faut être techniquement plus précis (en matière de gouvernance). Il faut à la fois respecter la construction du continent et son inscription à la gouvernance mondiale, et être précis sur les faits et les procédures". "Je vous livre ma réaction avec beaucoup de tristesse, parce que je pense que le peuple algérien est un grand peuple, je pense aussi que le milieu des entrepreneurs algériens a en son sein une composante très dynamique, qui est prête à réfléchir, voire à travailler avec l'ensemble du Maghreb en Afrique", a confié Joël Ruet, qui a insisté sur le fait que "les peuples doivent avancer ensemble". Par conséquent, a-t-il affirmé, "toutes les initiatives qui permettent d'espérer que les pays africains se rapprochent, construisent des solidarités géographiques devraient être, à mon avis, saluées par l'ensemble des pays africains". Fouad Arif
Le Matin d'Algérie réagit aux propos de Messahel En accusant froidement le Maroc de recycler l'argent du haschisch via ses banques dans le continent, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, «a agi en parfait écuyer du clan de palefreniers qui fait office de pouvoir en Algérie et que ne répugnerait pas l'idée d'un conflit armé avec le voisin marocain», écrit dimanche le journal «Le Matin d'Algérie». Dans un article intitulé «Propos criminels de Messahel : le clan Bouteflika veut-il la guerre?», son auteur Mohamed Benchicou affirme ne pas savoir «ce qui est le plus impardonnable chez Messahel, son indigence intellectuelle ou le frappant cynisme avec lequel il prépare l'opinion à la guerre contre le Maroc». «Quelle splendide diversion à l'impasse à laquelle il a conduit le pays !», s'exclame-t-il, faisant remarquer qu'«à lire les forums où s'entre-déchirent les jeunes des deux pays, on réalise qu'une certaine jeunesse des deux pays (…), née avec la fermeture des frontières, n'a connu que ça : l'insulte, la surenchère dans la calomnie, le nationalisme outrancier (...)». Pour le quotidien, «les enfants des amis de Messahel ne risquent rien, puisqu'ils ont leurs comptes off-shore, leurs appartements parisiens et leur avenir dans les laboratoires secrets où se partage l'argent du pétrole». Il fait ainsi observer qu'à cause de ces «accusations froides», «Abdelkader Messahel, brave soldat Shvek, vient de s'acquitter de sa triste besogne : jeter de l'huile sur le feu», notant qu'«il a les qualités pour ça : la médiocrité de l'esprit, l'arrogance des buffles et l'insensibilité des chasseurs de prime». Et «Le Matin d'Algérie» de déplorer que «l'Algérie aujourd'hui, gouvernée par des petits esprits, incapables de se servir de ce qui, dans l'histoire des deux pays, unit au lieu de diviser, apaise au lieu de désespérer, de petites créatures maléfiques dont on imagine le bonheur nauséabond d'avoir su trouver un motif supplémentaire pour les peuples algérien et marocain de se déchirer».