Le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, M. Nasser Bourita, a souligné que le retour du Maroc à l'Union africaine (UA) «procède de la politique africaine» de SM le Roi Mohammed VI tendant à «contribuer à l'action collective pour l'Afrique» et «faire entendre la voix du Royaume au sein de l'UA, notamment sur le Sahara marocain». Dans un entretien à l'hebdomadaire international «Jeune Afrique» à paraitre lundi, M. Bourita a rappelé que dans Ses discours de Kigali (juillet 2016), Dakar (novembre 2016) et Addis-Abeba (janvier 2017), SM le Roi a «fixé deux objectifs». Il s'agit d'une part de «contribuer à l'action collective pour l'Afrique. C'est ce que nous faisons : le Maroc est actif dans toutes les réunions de l'UA», a-t-il affirmé en rappelant que SM le Roi, qui a été désigné leader sur la thématique de la «migration», a déjà présenté au dernier Sommet de l'organisation (les 3 et 4 juillet à Addis Abeba) la proposition d'un «agenda africain pour la migration». «Le Maroc a transmis au président Paul Kagame une contribution écrite sur la réforme de l'UA», a-t-il ajouté en observant que «ce ne sont là que quelques exemples». Le ministre a indiqué qu'il s'agit aussi, d'autre part, de «faire entendre la voix du Royaume au sein de l'UA, notamment sur le Sahara marocain». «D'ailleurs, dès sa première participation à un Sommet de l'Union, le Maroc a dû corriger les contre-vérités distillées allègrement des années durant par certains», a souligné M. Bourita. Interrogé sur la terminologie employée par certains rapports de l'UA, M. Bourita a souligné qu'«il ne s'agit pas simplement d'une question de terminologie, mais d'une démarche visant à adapter le langage de l'UA au droit international». Les termes «territoires occupés», «décolonisation» et «annexion» à titre d'exemple sont «en porte-à-faux avec les fondamentaux de l'ONU», a-t-il fait remarquer. Et le ministre de souligner qu'«en l'absence du Maroc, l'UA était prise en otage par certains qui l'ont déconnectée de la réalité et de l'examen du dossier au sein de l'ONU». «Nous avons pu corriger ces perceptions fallacieuses grâce à la compréhension de nombreux Etats membres et de la présidence de la commission de l'UA», a-t-il assuré. S'agissant de l'attitude de l'Algérie, M. Bourita a observé que les relations entre Rabat et Alger sont «au point mort à tous les niveaux». «Les relations avec l'Algérie ne connaissent aucune évolution», a-t-il indiqué soulignant: «Aucune visite bilatérale au Maroc depuis plus de sept ans. La coordination est au point mort à tous les niveaux. Les réunions de l'Union du Maghreb arabe ne se tiennent plus et le Maghreb demeure la région la moins intégrée du continent». « Même lorsque le Maroc a annoncé, en juillet 2016, son intention de regagner sa place au sein de sa famille panafricaine, l'Algérie a mené les campagnes diplomatiques et médiatiques acharnées », a-t-il déploré. Quant à l'adhésion du Royaume à la Communauté des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao), M. Bourita a affirmé que la réponse positive des chefs d'Etat de cette organisation, le 4 juin, à la lettre royale du 23 février «traduit une conviction partagée par le Maroc et les quinze membres de la communauté, que l'adhésion du Royaume sera bénéfique pour tous». «Après l'accord politique, nous en sommes à la phase juridique. Une étape de négociations techniques suivra. Nous sommes en contact avec la commission de la Cedeao dans la perspective du sommet de Lomé (prévu en décembre)», a-t-il détaillé en observant que la polémique «géographique» n'a jamais vraiment tenu. «Le nom même du Maroc, Al-Maghrib al-Aqsa, le positionne dans l'ouest de l'Afrique. En outre, la Cedeao est une CER, c'est-à-dire une communauté économique – et non pas géographique – régionale», a fait remarquer le ministre, rappelant que la Mauritanie était membre de la Cedeao avant d'en sortir en 2000, comme la Tunisie est candidate à l'entrée dans le Comesa (Marché commun de l'Afrique orientale et australe). Répondant à une question sur la visite entreprise en juin au Maroc par le ministre des affaires étrangères d'Angola, la première depuis un quart de siècle, M. Bourita a estimé que le déplacement de M. Georges Chikoti dans le Royaume est un «développement positif». «Le dialogue avec l'Angola est une déclinaison de la démarche royale», a-t-il dit relevant que « le ton a été donné par les visites de SM le Roi dans des pays qui reconnaissent encore la pseudo-rasd comme le Rwanda, l'Ethiopie, la Tanzanie, le Ghana, le Nigeria et le Soudan du Sud». «Le Maroc est disposé à travailler avec tous les pays qui ne font pas montre d'hostilité, même s'ils ont hérité de positions d'une époque révolue sur le Sahara marocain », a-t-il insisté. «Ce n'est pas en tournant le dos à un pays qu'on peut lui expliquer notre cause. Sérénité et pragmatisme sont les maitres mots de la politique africaine de SM le Roi», a affirmé le ministre. «Lors de certaines visites royales, la question du Sahara n'a même pas été posée comme un préalable. Les discussions portaient sur le partenariat et la coopération. Tous ces pays n'en ont pas moins soutenu le retour du Maroc au sein de l'UA et adoptent aujourd'hui des positions constructives sur la question du Sahara marocain», a-t-il expliqué. Interrogé sur les perspectives d'un rapprochement avec Prétoria, le ministre a souligné que le Maroc travaille «dans le cadre d'une vision royale limpide: le Maroc dialogue avec tous les pays qui ne sont pas hostiles». «Il est ouvert, mais jamais au prix de ses intérêts supérieurs», a-t-il insisté S'agissant des relations entre le Maroc et la Mauritanie, M. Bourita a affirmé que celles-ci sont «importantes au regard de nos liens historiques, économiques, sociaux et culturels». «Le bon voisinage et la coopération sont au cœur des relations avec notre voisin du sud», a-t-il dit soulignant que «SM le Roi a réitéré son attachement à ces relations lors de ses derniers contacts avec le président Mohammed Ould Abdelaziz». Concernant les relations avec l ́Union européenne (UE), M. Bourita a affirmé que « le partenariat avec l'UE est un axe traditionnel de nos relations extérieures». «C'est une construction de près d'un demi-siècle, voulue autant par le Maroc que par L'UE », a-t-il indiqué observant qu'«en raison des réalisations importantes qu'elle a pu consolider, elle fait l'objet ces derniers temps d'attaques extérieures qui nécessitent une gestion vigilante dans un esprit de partenariat». « Avec l'UE, a-t-il dit, nous avons parfois des divergences, mais nous dialoguons sans exclusive et, sur tout, nous trouvons des solutions toujours. Nous sommes confiants dans le fait que, face à toute éventuelle difficulté, nous trouverons les moyens et les ressources d'une sortie par le haut qui renforcera notre partenariat et démontrera à tous sa solidité et sa résilience». Interrogé enfin sur la délimitation maritime avec les îles Canaries, le ministre a souligné qu' »il ne s'agit pas de délimitation maritime ». « C'est beaucoup plus simple que cela », a-t-il fait remarquer expliquant que « le Maroc a procédé à une mise à jour élémentaire des textes concernant ses espaces maritimes sur l'ensemble de ses côtes. Ces textes, qui remontent à 1973, 1975 et 1981, étaient en décalage avec les réalités du terrain, en déphasage avec les dispositions de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer et en retrait par rapport aux données scientifiques disponibles aujourd'hui ». «C'est désormais corrigé», a-t-il conclu.