Badia Aarab, secrétaire générale de l'UNIM, considère que la décision du Haut commissaire aux Eaux et forêts contre le président de l'UNIM, Abdellah Saadi, relève purement de l'abus de pouvoir contre un fonctionnaire, exerçant son droit constitutionnel celui de la grève. Et d'ajouter, qu'on est devant un acte irresponsable pur jus, portant atteinte à la vie professionnelle d'un militant à la tête d'une organisation démocratique qu'est l'UNIM. Al-Bayane : Quelle interprétation faites-vous au sein de l'UNIM du limogeage du directeur régional, Abdellah Saadi ? Badia Aarab : il s'agit en fait d'un abus de pouvoir contre un fonctionnaire, exerçant son droit constitutionnel, celui de la grève, décrétée par l'UNIM En d'autres termes, c'est une décision injuste contre un fonctionnaire compétent, et ce de l'avis quasi-unanime de ses collègues. Abdellah Saadi a été convoqué par le Haut commissaire aux Eaux et forêts le jour même de la grève. Cela me pousse à poser la question suivante : ne s'agit-il pas vraiment d'un retour aux années de plomb ? En vérité, le timing et la manière avec laquelle a été convoqué le président de l'UNIM, prouvent que c'est vraiment le cas. Pire encore ! Cette décision a été prise après une semaine d'un vaste mouvement de redéploiement qu'a connu le Haut commissariat. A mon humble avis, le Haut commissaire ne croit nullement aux droits constitutionnels. Grosso modo, on est devant un acte irresponsable pur jus, portant atteinte à la vie professionnelle d'un militant à la tête d'une organisation démocratique qu' est l'UNIM. Quelles sont les actions que vous envisagez d'entreprendre ? -Nous nous sommes réunis au sein du Bureau national le 26 juin 2010. Ainsi, nous avons publié un communiqué dans lequel nous avons fermement dénoncé cette décision abusive. Une conférence de presse aura lieu aujourd'hui 30 juin à Rabat pour lever le voile sur cette affaire, et éclairer l'opinion publique. En plus, il a été décidé de convoquer les membres de la commission administrative de l'UNIM au siège central du syndicat, et ce le 3 juillet à Rabat pour débattre du dossier revendicatif des ingénieurs. S'agissant du dossier revendicatif, quels en sont les points primordiaux ? D'une manière générale, notre dossier revendicatif contient trois axes principaux. En premier lieu, figure le volet de la formation de l'ingénieur. Le diagnostic de la situation révèle plusieurs défaillances liées à la qualité de la formation. La décision du gouvernement de former 1000 ingénieurs annuellement va certainement favoriser la quantité au détriment de la qualité. Au sein du syndicat, nous considérons qu'il s'agit d'une décision hâtive. En second lieu, nous appelons à l'organisation du métier de l'ingénieur, surtout du côté juridique. Soulignons que le manque de lois assez efficaces régissant le secteur profite largement à certains investisseurs dans le secteur privé. On constate que dans plusieurs secteurs nécessitant des compétences de haute pointure, les recrutements se font d'une manière aberrante, se contentant des diplômes de bas niveau. Ce qui aura des impacts négatifs sur le développement de l'économie nationale. Il faut que l'Etat intervienne pour réguler le champ du métier et imposer des obligations et des normes, surtout pour certaines entreprises qui s'adonnent aux métiers de l'ingénierie sans avoir ni l'habilité ni les compétences requises pour exercer le métier. En troisième lieu, figure la situation administrative et matérielle de l'ingénieur. Actuellement, on revendique vivement l'amendement du statut principal des ingénieurs et des architectes. Il est déraisonnable qu'on continue à travailler avec un statut datant de 1985, sans penser à des amendements majeurs, hormis celui de 2001, sans réelle valeur ajoutée. Au sein de l'UNIM, on a élaboré des propositions opérationnelles pour mettre un terme à ce dossier.