Le langage des achats et ventes de matches devient monnaie courante à chaque fin de saison footballistique. Deux faits viennent nous le rappeler en cette fin de saison. Il s'agit des déclarations fracassantes de Rachid El Boussairi, dirigeant du Raja de Casablanca, et Abderrazzak Khairi, entraîneur de la JSK Tadla. Rachid El Boussairia porté des accusations contre deux équipes en course pour le sacre. La première, le WAC se bat pour le titrela Botola Pro. Le second, le Rac, qui célèbre cette année son centenaire rêve de s'offrir le retour parmi l'Elite. L'autre sortie étonnante est venue de l'ancienne légende des Lions de l'Atlas, Abderrazzak Khairi, qui est aujourd'hui à la tête de la direction technique de la JSKT, en lutte acharnée pour le maintien en Division 1. Khairi, qui a arraché une victoire précieuse face à la RS Berkane (2-0) avant de s'incliner à Al Hoceima devant le Chabab local (2-1), n'a pas gobé les deux victoires de l'un de ses concurrents, le KACM, qui s'est imposé à Tanger devant l'IRT (0-2)à l'issue d'un match de mise à jour du championnat.L'auteur d'un doublet face au Portugal en 1986, a accusé ouvertement le système footballistique et médiatique de complicité et de silence face aux pratiques d'achat et de vente des matchs, une pratique courante de notre championnat. Sous le choc et la colère, Khairi et Boussairi ont choisi les médias et les réseaux sociaux pour distiller leur colère. C'est de leur droit même s'il est toujours préférable de recourir aux instances concernées, en l'occurrence la FRMF. Seulement, ils doivent disposer de preuves suffisantes s'ils ne veulent pas se retrouver avec des procès en diffamation devant les tribunaux de droits communs. Or, les dirigeants marocains n'ont pas encore développé le réflexe de recourir aux instances fédérales pour résoudre le problème et préfèrent étaler leur linge sale en public. D'aucuns estiment qu'il s'agit là d'une question de confiance dans l'impartialité desdites instances. Et ce n'est pas la première fois que notre Botola se voit confrontée à ce genre de déclarations et d'accusations. Les exemples sont nombreux.La saison dernière, l'ancien président du Raja, à l'époque vice-président de la FRMF, Mohamed Boudrika, avait traité le championnat national de « corrompu», «BotolaInhirafia», avait-il dit en substance. Le dirigeant très controversé des vert et blanc n'avait épargné à l'époque aucune structure du foot marocain : l'arbitrage, les clubs, les dirigeants et les instances fédérales. Deux saisons auparavant, Amine Erbatiex capitaine d'équipe du Raja, avait accusé son équipe, son entraineur Fakhir, et son président Boudrika, d'avoir acheté des matches pour remporter le titre en 2013 et participer au Mondial des clubs 2013, organisé au Maroc. Sauf que le Raja avait réalisé un parcours exceptionnel en arrivant à la finale de la Coupe du monde des clubs champions. Fouzi Benzarti, le coach tunisien qui avait mené le Raja en finale de ce Mondial, remporté par le Bayern Munich (2-0) à Marrakech, a lui aussi fait des insinuations de corruption la saison suivante, en prétendant que le titre du championnat national lui a été chipé au profit du MAT pour aller disputer le Mondial 2014, également organisé au Maroc. Auparavant, l'entraineur franco-italien, Diego Garzitto, ancien du WAC, avait également formulé les mêmes accusations de corruption juste après avoir quitté les Rouges et Blancs, champions en 2014. A cela s'ajoute l'affaire RBM-KAC qui a eu un rebondissement spectaculaire dans les matches supposés truqués. Le Raja de Beni Mellal avait même porté plainte contre X pour qu'une enquête soit ouverte après la défaite plus que douteuse et avec un très large score face au KAC de Kénitra, qui était également en situation de relégable... Ce sont là quelques taches noires ayant sali le football national.Ces affaires n'avaient malheureusement pas connu de suite. La FRMF et même la justice ne sont jamais allées jusqu'au bout pour élucider la vérité, toute la vérité et de sévir contre les faussaires. C'est vraiment dommage pour notre football en ces moments précis où le Maroc est en train de signer son retour sur la scène africaine. Fouzi Lekjaa, le président la FRMF qui vient d'être élu au Comité exécutif de la CAF et d'être nommé à la tête de plusieurs commissions au sein de cette instance continentale ne doit pas rester les bras croisés. Il est appelé à sévir d'une main de fer contre tous les faussaires quelle que soit leur position, ne serait-ce que pour sauvegarder l'image du football national. A défaut, ceux qui veulent créer la zizanie doivent être punis. La FRMF doit sévir avec fermeté et prendre exemple sur l'Europe. On se rappelle qu'en France, l'Olympique de Marseille et son président Bernard Tapie avaient été lourdement sanctionnés, voire même condamné dans le cas du président Tapie à la prison pour un match truqué et remporté (1-0) par l'Olympique de Marseille sur le terrain de l'US Valenciennes-Anzin en 1993. L'autre exemple à mentionner nous vient de l'Italie en 2006, où la Juventus a été reléguée en division inférieure pour matchs truqués, bien qu'elle ait été sacrée championne de son pays.Le Milan AC avait, lui, été maintenu en Série A, mais avec plusieurs points de moins dans son compteur, tout comme d'autres équipes impliquées dans la corruption… Voilà certains exemples à prendre en considération pour redorer le blason de notre football et permettre à la FRMF d'asseoir son autorité.