A l'ancienne médina de Salé, sous le sol de Dar El Baroud gisait un trésor insoupçonné. Ce que des archéologues ont dépoussiéré en août dernier s'est finalement révélé un quartier de poterie séculaire. Dans ce site on trouve des reliquats de fours, des trouvailles archéologiques, des céramiques datant entre siècles 12 et 14 siècles... Le premier diagnostic, soulignent les archéologues, a révélé que le quartier s'étale sur tout le mur de Dar El Baroud. Toutefois, cette découverte ressemble à peu d'autres. A l'origine fut un conflit entre les promoteurs d'un complexe culturel et artistique qui devait être bâti sur ces lieux et un ensemble d'archéologues soucieux de conserver la médina intacte de toute intervention immobilière qui dénaturerait ses traits. Selon les archéologues, les travaux de ce complexe ont été entamés sans autorisation préalable du Ministère de la Culture, sachant que le périmètre des anciennes médinas est sacro-saint, elles qui sont classées en tant que patrimoine national. Mais par la suite, après la découverte de ce magot enfouit sous terre, l'intervention du Ministère de la Culture se trouvait de facto requise. Une demande d'expertise lui a donc été soumise. Sur papier, nous indiquent les archéologues sur place, les partenaires auraient bel et bien signé une convention pour faire des fouilles de sauvetages pour la durée d'un mois. Un intervalle insuffisant. Les archéologues n'ont réussi qu'à s'attaquer à 5% du site seulement, au vu des difficultés que leur impose la stratigraphie archéologique du site. L'ultimatum prendra fin cette semaine. S'il n'est pas prolongé, ce serait un véritable désastre, précisent les experts. Selon ces derniers, il faut changer absolument l'emplacement du projet de construction du Complexe cité précédemment, en respectant d'ailleurs la loi de la protection des murs de la ville de Salé et l'ancienne médina. Les chercheurs suggèrent que ce site archéologique complète le centre culturel, et qu'un musée y soit adjacent, où pourraient être exposées les pièces et les trouvailles dénichées sur place. Selon eux, ce site est considéré exceptionnel au niveau du Maroc et de l'Afrique de Nord, à part l'Andalousie où ils ont découvert le quartier de poterie remontant à la période du Moyen âge. Il serait dommage d'y renoncer pour une simple question de délocalisation d'un projet de construction, qui pourrait bien prendre vie ailleurs.