Notre pays n'a plus le droit de semontrer laxiste contre lesdépravateurs. La clémence avec ceux etcelles qui tentent d'avorter dans l'œuf la dynamique de l'émergencenationale n'est plus une vertu religieuse, mais un crime pénal enverstout un peuple. Partout dans la vie publique, on s'affronte à des formes de fraude et de corruption. L'administration marocaine grouille de fraudeurs qui passent toute la journée à soutirerde l'argent à des citoyens en quête de leur droit le plus absolu. Laroute marocaine pullule de scélérats qui n'arrêtent jamais de chiper dupognon aux camionneurs étalant sur le tableau de bord des billets de50 et 100dh, selon les points de barrages et la tête de leurs bourreaux. Le port marocain est jonché de sangsues qui, à longueur de journées, détournent la ressource halieutique non comptabilisée aux criées et aux ponts-bascules et s'emplissent les poches au détriment des caisses étatiques de taxation. Le sol marocain est jalonné debonnets immobiliers et de féodaux terriens qui poursuivent, dansl'impunité totale, leurs conquêtes juteuses aux dépens des équilibressociaux. La frontière marocaine est infestée de malfratsmultiservices qui n'ont pas froid aux yeux d'arnaquer nos compatriotes retournant au bercail, après une année de trime ardu. L'élection marocaine est torpillée, à chaque échéance, par des barons sans scrupule qui dénaturent le paysage politique et aggravent la vulnérabilité d'une démocratie marocaine au stade embryonnaire... Le Maroc d'aujourd'hui qui avance à grand pas vers la cime est donc confronté, au jour le jour, à des pratiques malsaines le tirant, à grandes enjambées, vers l'abîme. Un essor institutionnel atrocement controversé par des indicateurs criards de pauvreté, de précarité et de disparité placent, en effet, notre pays aux rangs les plus bas dans la hiérarchie du développement mondial. On s'indigneracruellement devant le fait que notre pays ne soit pas parvenu à mettreen place les mécanismes draconiens susceptibles de prohiber toutes cesmanœuvres, y compris les intouchables de la haute sphère. Dans cesens, on ne comprendra jamais pourquoi la machine de la poursuitejudiciaire grince à une phase précise du processus de lajurisprudence, au moment de la proclamation des verdicts, notamment quand les enquêtes frôlent «les points rouges». Et pourtant,conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution, on «jette» dans le bain crasseux de la dépravation, des structures nationales, en particulier les instances de la lutte contre lacorruption, de la protection des fonds publics, de l'éthique de laconcurrence... Apparemment, ces outils d'endiguement du dérapage sociétaltrouvent toutes les peines du monde à s'acquitter, comme il se doit, de leurs tâches ardues. Le Maroc ne manque pas, en fait, de ces mesures qui ne font, en fin de compte, qu'activer et valoriser ses lois en vigueur.