Les difficultés auxquelles se heurtent les MRE pour s'intégrer dans le pays d'accueil sont multiples. Elles concernent des domaines fondamentaux comme l'éducation, une clé de l'intégration pour tout immigré. Une étude réalisée par le ministère de tutelle et présenté hier à Rabat pointe les obstacles à la scolarisation des enfants des MRE. Concrètement, le niveau d'intégration des élèves MRE diffère d'un pays à l'autre. En France, leur intégration dans les écoles demeure «partielle». L'étude explique ce constat par le fort regroupement communautaire qui caractérise cette catégorie. En effet, les enfants des MRE sont généralement scolarisés dans des écoles à majorité d'élèves issus de l'immigration. A l'origine de cette situation, «le manque de continuité dans les actions de certaines associations et la faible implication des parents». Le système éducatif allemand ne fait pas mieux. L'intégration des enfants de MRE est qualifiée de «faible» en raison de l'absence de mesures spécifiques destinées à améliorer leur scolarisation. Là encore, l'étude endosse la responsabilité aux parents qui n'accompagnent pas suffisamment leurs enfants. En Europe de l'Ouest, plus précisément aux Pays-Bas, la scolarité de cette population n'est pas meilleure. L'étude constate encore une fois une intégration partielle des enfants de MRE et leur recours massif à l'enseignement dispensé par les écoles islamiques. Les MRE installés en Espagne, en Italie et en Algérie arrivent toutefois à tirer leur épingle du jeu. Globalement, les élèves marocains sont majoritairement orientés vers des filières techniques et professionnelles. En cause, les difficultés linguistiques auxquelles ils sont confrontés. A cela s'ajoute «la prise de conscience tardive de l'importance du choix de la voie d'orientation (voie générale, technologique ou professionnelle). En Espagne, les jeunes MRE optent volontairement pour l'option technique pour des raisons financières. En Italie, ce sont plutôt les parents qui incitent leurs enfants à opter pour la filière technique considérée comme le meilleur gage de l'employabilité rapide. Concernant la France, le document relève une faible sensibilisation aux systèmes d'orientation et une démotivation liée au manque de modèles de réussite, en l'occurrence familiaux. De leur côté, les néerlandais et les allemands sont critiqués pour leur orientation précoce défavorisant les élèves MRE. Le choix de la filière technique s'explique également par le faible impact des acteurs associatifs censés contribuer à l'amélioration de la scolarité de ces jeunes. Mais il faut signaler que ces ONG, dont le nombre demeure faible, manquent de moyens financiers, techniques et humains pour accomplir cette mission. L'absence de synergies entre les acteurs associatifs et institutionnels complique davantage la situation. D'ailleurs, les politiques adoptées par des pays européens, notamment la France, ponctuent ces difficultés. L'étude critique la mise en place en France des zones d'éducation prioritaire (ZEP) pour lutter contre l'échec scolaire dans les endroits les plus défavorisés et fortement fréquentés par les MRE. Cette politique a débouché sur l'émergence d'écoles «ghettos» isolant les immigrés, lit-on dans le document. Dans les Pays-Bas, le subventionnement d'écoles religieuses a conduit à l'isolement des élèves musulmans et par conséquent, à une faible maitrise de la langue. Aujourd'hui, le ministère compte améliorer la performance scolaire des élèves MRE à travers une stratégie déclinée en 20 projets. Parmi ceux-ci, la mise en place d'un programme de coaching des élèves en échec scolaire. Quant aux plus performants, ils devront bénéficier d'un système de parrainage et de bourses d'excellence.Ceux qui souhaitent effectuer des stages seront également appuyés dans leur démarche de recherche.