En dépit des progrès notoires accomplis par la communauté internationale en faveur de l'égalité des sexes au cours des dernières décennies, les violences à l'égard des femmes demeurent désespérément courantes et atteignent encore un niveau jugé inacceptable. L'éradication de ces pratiques, souvent passées sous silence, n'est pas une mince affaire eu égard notamment à l'insuffisance des initiatives de prévention. Les Nations unies estiment qu'une femme sur trois a été victime, au cours de sa vie, d'une violence physique ou sexuelle, le plus souvent de la part de son conjoint, des chiffres alarmants reflétant la pandémie mondiale qui sévit aujourd'hui. Selon l'ONU, la violence peut être prévenue en conjuguant à la fois les actions de prévention, la protection des rescapées et la poursuite des auteurs des violences. Cette année, "La prévention" est le thème de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes célébrée le 25 novembre, et de la campagne de 16 jours "Tous UNiS" de l'ONU, qui débutera ce même jour et s'achèvera le 10 décembre à l'occasion de la Journée des droits humains. L'esprit de cette campagne, sous la couleur orange, est de sensibiliser et mobiliser les populations dans le monde entier pour changer la condition des femmes victimes de violence. Lors de la commémoration officielle qui se tiendra au siège des Nations unies à New York, une vision commune des entités onusiennes, décideurs et autres parties prenantes sur la prévention de la violence à l'égard des femmes sera adoptée. Première du genre, cette vision propose également une théorie de changement qui sous-tendra l'action dans ce domaine, affirme à la MAP Leïla Rhiwi, représentante du Bureau multi-pays de l'ONU Femmes pour le Maghreb. Selon la représentante onusienne, la lutte contre les violences faites aux femmes constitue "une priorité mondiale" et a logiquement été inscrite parmi les cibles des Objectifs de développement durable (ODD) qui guideront l'action internationale pour les quinze années à venir. En effet, un nombre important de pays ont adopté des lois contre la violence domestique, les agressions sexuelles et autres formes de discrimination à l'égard des femmes, assure Mme Rhiwi, regrettant que malgré ces efforts, de nombreux défis restent à relever pour imposer l'application de ces lois et permettre aux femmes et aux filles de vivre en sécurité et de faire valoir leurs droits. De plus, poursuit-elle, "les initiatives de prévention sont insuffisantes et les actes de violence restent bien souvent impunis". La problématique des violences n'échappe nullement aux phénomènes politiques et socio-économiques qui traversent le monde, en l'occurrence les guerres, les crises économiques et les écarts Nord-Sud. Selon Mme Rhiwi, "cette situation ne fait que s'aggraver", notamment face aux "crises économiques actuelles qui ont accru le handicap économique des femmes et entraîné une réduction des dépenses sociales en matière de santé et d'éducation, rendant ainsi les femmes plus vulnérables à l'exploitation et à la violence". Au niveau national, la représentante de l'ONU Femmes au Maroc s'est réjouie des progrès accomplis dans la réponse aux violences faites aux femmes, en particulier l'adoption de la Constitution de 2011 et les réformes apportées au Code pénale et au Code de la famille, outre la mise en place d'un fonds d'entraide familiale au profit des femmes pauvres divorcées. De même, des réformes juridiques et institutionnelles ont été lancées au Maroc pour combattre ce fléau, à savoir le projet de loi sur les violences faites aux femmes, le projet de loi fixant les conditions d'emploi des travailleurs domestiques et le projet de loi relative à l'Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination (APALD). L'élimination de la violence faite aux femmes est un chantier complexe et de longue haleine qui requiert une volonté politique, des ressources adéquates et l'effort concerté et durable des différents acteurs concernés. L'investissement dans les initiatives de prévention doit surtout être mené à long terme pour changer les stéréotypes sexistes et les valeurs propices à la violence.