C'est alors que la diffusion de la culture devient un agent actif nécessaire au développement intégré car elle devient l'axe central de présentation des valeurs et des richesses et le vecteur mobilisateur du sens de l'avenir. On sait que le cinéma, et singulièrement ses œuvres de fiction, constitue un instrument extraordinaire de culture de masses car la fiction par le cinéma se mémorise plus facilement et se répercute profondément et durablement dans l'esprit du spectateur : le cinéma fait rêver, réfléchir et penser. Plus besoin de répéter que nous vivons la civilisation de l'image. Partout, l'image nous envahit et s'impose à nous. Il n'est plus possible de vivre sans l'image devenue partie prenante de notre réalité et qui conditionne les rapports avec nous-mêmes et l'autre. Au Maroc, cette réalité se mesure seulement chez une frange de la population pourvue de moyens matériels et de structures modernes lui permettant de vivre son siècle. Au regard du développement politique qui marque actuellement le pays, il n'est plus possible de priver une grande partie de la population (+50%) du bénéfice de l'image de soi ou de l'autre, afin de ne pas se retrouver dans une paranoïa pernicieuse ou tomber dans l'abime de l'inculture, ce qui signifiera pour notre société un retour aux temps de l'obscurantisme. L'élan et la mobilisation extraordinaires pour la modernité, le développement social et économique dans lequel s'est engagé le pays doit nécessairement inclure le volet culturel par la réorganisation de la production de produits culturels et leur diffusion. La diffusion des créations artistiques est vitale pour assurer la cohésion sociale, pour faciliter le développement et permettre le rayonnement du génie national. Et cette diffusion ne peut se concevoir que dans la création d'espaces appropriés artistiquement conçus, savamment structurés, scientifiquement organisés et gérés avec modernité et dynamisme. Ces espaces doivent arroser l'ensemble du pays pour permettre aux populations les plus diverses d'apprécier les bienfaits de la culture car l'objectif principal est d'enrichir l'imagination du citoyen pour qu'il mobilise ses potentialités et devienne un acteur social positif. Par ailleurs, on se rend compte que la survie de toute production artistique est dépendante de l'organisation d'un marché intérieur et la promotion des marchés extérieurs. Mais alors comment susciter la création de ces espaces, financer leur édification et organiser leur gestion pour constituer un marché intérieur viable? La régionalisation avancée activée depuis les élections de Septembre 2015 doit permettre la réorganisation et le financement de tous les secteurs d'activité dans la région et particulièrement, les secteurs de l'éducation, de la santé et de la culture, secteurs souvent absents dans plusieurs communes de notre pays. Chaque région disposera de moyens humains et financiers à même d'assurer son développement, mais chaque commune dispose d'ores et déjà d'un capital foncier souvent important, capital qu'elle devra exploiter au profit des populations. Ce capital foncier peut être la source du décollage du développement social et culturel de la région. En effet, il s'agit ici de procéder à la viabilité de lots de terrains disponibles et les mettre à la disposition d'investisseurs privés, avec l'édification de salles multifonctionnelles de diffusion de produits culturels : cinéma, danse, concert, lieux d'exposition de peintures et de sculptures, chorégraphie, conférences, débats culturels et autres etc... Pour l'incitation, l'investisseur devra pouvoir bénéficier d'avantages financiers et fiscaux pendant les premières années d'exploitation, notamment des bénéfices de fonds d'aide, des prêts bancaires à taux réduits, de la défiscalisation 3 à 5 ans ou plus afin de pouvoir amortir son investissement et investir de nouveau dans le secteur. Pour permettre une rentabilité culturelle et sociale rapide, l'investisseur devra s'obliger à respecter un cahier de charges qui tiendra compte des intérêts des populations et des siens. Pour améliorer cette rentabilité et respecter les objectifs de la commune, il faut prévoir en parallèle à l'édification de lieux de diffusion, une politique rigoureuse de formation du personnel d'exploitation et de maintenance ainsi que des animateurs culturels pour que l'exploitation soit fiable et profitable. Par exemple, le ministère de la culture pourra former des animateurs culturels dans son institut (ISADAC) et peut être, créer des antennes ou des annexes dans des régions et le centre cinématographique marocain, en collaboration avec l'OFPPT qui se chargera de former des techniciens d'exploitation et de maintenance ... Enfin, une programmation coordonnée entre les antennes régionales et une unité centrale permettra une circulation cohérente et nationale des produits culturels pour à la fois faciliter une plus grande diffusion et pénétration de ces produits et éviter les encombrements, phénomène que l'on constate aux premières sorties des films marocains. Cette rationalisation et coordination de la diffusion permettra sans aucun doute une rentabilité certaine des produits et favorisera les investissements et réinvestissement des profits. Enfin, sur les plans économique et social, il faut noter avec insistance la création de milliers d'emplois permanents et temporaires engendrée par cette mise en œuvre d'édification de lieux de diffusion des produits culturels. L'organisation et l'exploitation peut donner naissance à un formidable mouvement de cohésion sociale, d'ouverture d'esprit de nos populations et garantir le recul de l'obscurantisme et de l'intolérance qui ravagent actuellement notre société.