Le tollé explosif généré par Amendis à Tanger fait couler beaucoup d'encre. La révolte est à son summum contre la compagnie adjudicataire. Au fil du temps, le dérapage émane non seulement des ménages aux factures exorbitantes, mais également des esprits malveillants qui sautent sur la moindre aubaine pour tenter de déstabiliser, sans scrupule. L'affaire se traite, actuellement, dans l'esprit de la mesure pour un dénouement salutaire. Cet incident déplorable soulève encore le débat sur le phénomène de la gestion déléguée dans notre pays. En effet, depuis un certain temps, des collectivités locales se lancent dans des opérations de cession de certains services, habituellement reliées aux tâches quotidiennes des communes. Une initiative qui s'explique par le fait que nombre de conseils communaux se montrent incapables de gérer comme il se doit des casse-têtes du genre collecte des déchets domestiques, assainissement solide, transport urbain, distribution d'eau et d'électricité... Cette substitution parait bien une solution à cette déficience, car on constatera, non sans désolation, la prolifération des ordures sur la voie publique, avec des odeurs pestilentielles, la vétusté et la carence des véhicules sur les lignes de transport en commun, dégageant de denses fumées toxiques, le dérèglement de la dotation des produits vitaux consentis au quotidien, pour des quittances surélevées... Cependant, ces courroies de transmission s'avèrent-elles réellement des soupapes de sécurité appropriées à des besoins d'utilité et de consommation de plus en plus pressants ? A voir les défaillances flagrantes dont font preuve certaines sociétés attributaires, on conviendra, malheureusement, que cette expérience est vouée à l'échec, à plus d'un titre. Les parties délégataires qui ont injecté le budget des contribuables pour atténuer leurs charges journalières, pour manque de savoir-faire en la matière et de ressources humaines suffisantes, se mordent les doigts de ne pas être assez vigilantes pour finaliser un cahier de charges drastiques à l'encontre de la partie bénéficiaire, en cas de litige. Il faut dire également que la responsabilité incombe à l'Autorité locale, en sa qualité d'approbateur de la convention contractuelle. Aujourd'hui, nombre de communes se trouvent dans l'impuissance devant les approximations des services délégués et se voient contraintes de subir toutes ces incommodités. La situation est si complexe que le citoyen subit les pots cassés d'une gestion déléguée en déchéance. Les objectifs que s'assignaient alors les communes s'en trouvent sérieusement affectés, du fait qu'elles mettent constamment ces litiges les affligeant face à leurs partenaires, parmi les points de l'ordre du jour de leurs sessions. Il va sans dire que la tentative entamée par un certain nombre de communes dans ce sens n'est, en fait, qu'à son stade embryonnaire. Il faudrait alors beaucoup de temps pour que nos communes, à partir de tous ces dysfonctionnements, négocient avec les entreprises concessionnaires, d'égal à égal, toutes les dispositions des contrats en faisant intégrer dans les pourparlers, les experts en la matière, car nos élus, par vanité et arrogance, croient tout savoir, alors qu'il n'en est rien.