fondée sur la coexistence et transmet un message de tolérance et de paix dans un contexte mondial marqué par des actes d'extrémisme et d'oppression, a indiqué, samedi à Rabat, le ministre de la Culture, Mohamed Amine Sbihi. «Situé au cœur du Moyen Atlas et des forêts, le monastère fut un refuge pour ceux qui cherchaient la paix et un lieu de partage des différences culturelles et religieuses», a dit M. Sbihi, qui s'exprimait à l'ouverture d'un colloque international organisé, Sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, autour du thème «Toumliline : Réinventer des espaces de débat et de dialogue». Il a souligné que cette rencontre nous permet de nous remémorer cet espace de dialogue exceptionnel qui a combattu pour le pluralisme, déplorant les actes d'intolérance de l'exclusion et du refus de l'autre et de la différence qui ont atteint des niveaux élevés à l'échelle mondiale. «L'esprit de Toumliline nous rappelle également, pour ne jamais oublier, que sur cette terre du Maroc, depuis des temps anciens, les habitants ont lutté pour construire une identité plurielle fondée sur la tolérance et la coexistence», a relevé M. Sbihi. Même son de cloche chez le directeur des Archives du Maroc, Jamaa Baida, qui a fait savoir que l'esprit de Toumliline serait salvateur à plus d'un titre parmi nos jeunes, précisant que des personnes de diverses nationalités se côtoyaient à Toumliline dans une ambiance conviviale, sans aucune distinction d'ethnies, de générations, de langues, de confessions ou d'appartenances politiques. Pour sa part, la présidente de la Fondation Mémoire pour l'avenir, Lamia Radi, a souligné que la rencontre vise à montrer à la jeunesse marocaine que leur pays est une terre de débat, de tolérance et dispose d'une expérience historique dans ce domaine, notant que durant les rencontres de Toumliline en 1956 et 1957, des personnes en provenance des quatre coins du monde ont discuté des questions de développement, d'éducation et de religion, chacun avec ses positions mais dans le respect mutuel. De son côté, le Doyen de la Faculté des Lettres et des sciences humaines de Rabat, Jamal Eddine El Hani, a souligné que Toumliline a été un haut lieu de la culture et de la tolérance où des moines bénédictins avaient le souci d'offrir un espace de partage du savoir avec des intellectuels, des étudiants et des élèves d'Azrou, du Moyen-Atlas, voire du reste du Maroc. «Tous ces actes conjugués ont contribué à faire de Toumliline un centre important d'un Maroc ouvert au dialogue et à la cohabitation entre Islam et chrétienté», a-t-il noté, précisant que réinventer Toumliline c'est le moyen de sauvegarder ce qu'il y a de plus précieux dans le passé et le transmettre aux générations actuelles et futures. Quant au Délégué régional Maroc-Mauritanie de la Fondation Hanns Seidel, Jochen Lobah, il a relevé l'impératif d'une revitalisation de l'esprit de cet endroit magique qui a permis d'intégrer juifs et chrétiens dans une société de cohabitation. Le projet «Réinventer Toumliline» se veut une contribution au mouvement collectif citoyen de résistance face à la montée de l'intolérance et d'idéologies extrémistes de tout bord. Il s'inscrit vigoureusement dans ce mouvement de défense de valeurs universelles, de production de discours et de projets alternatifs ainsi que de transmission de valeurs de tolérance, de dialogue aux nouvelles générations afin de lutter contre leur embrigadement. Organisé par les Archives du Maroc et la Fondation Mémoires pour l'Avenir, ce colloque, qui prend la forme d'une séquence de réappropriation collective de cet espace de tolérance que fut, après l'Indépendance, le monastère de Toumliline, près de la ville d'Azrou, connait la participation de nombreuses personnalités du monde académique, diplomatique, politique et scientifique. Déclinée sous plusieurs supports et pendant plusieurs jours, cette séquence vise, également, à transmettre à la jeunesse marocaine la mémoire de cet espace de débat, de dialogue et d'ouverture, afin d'encourager les initiatives semblables à se multiplier au Maroc et ailleurs. Le programme de cette manifestation, la première du genre, comprend en plus des interventions d'éminentes personnalités lors du colloque, deux séquences dédiées: Une exposition de photographies sous le thème «Toumliline 56/57» inaugurée vendredi au siège des Archives du Maroc et une exposition de tableaux intitulée «Trois regards sur Gharbaoui à Toumliline» qui sera inaugurée le 14 octobre à la Villa des Arts à Rabat. Cette rencontre est organisée avec le soutien du ministère de la Culture, du Conseil consultatif des marocains à l'étranger, de la Villa des Arts de Rabat, de la Faculté des Lettres et des sciences humaines de Rabat, de la Fondation Hanns Seidel, et du Service Culturel et de Coopération de l'Ambassade de France à Rabat.