Pour Abdellatif Ouammou membre du bureau politique du PPS et conseiller au sein de la deuxième chambre, les taux avancés mercredi à Rabat par le ministre de l'Intérieur, Taieb Cherkaoui, en ce qui concerne la criminalité dans les villes marocaines, ne reflètent que les crimes classiques ou dits «normaux». Néanmmoins, il existe, selon Ouammou, d'autres crimes nouveaux sur lesquels il faudrait se pencher. Al Bayane : Taieb Cherkaoui, ministre de l'Intérieur, a affirmé lors d'une séance à la chambre des représentants, que la stratégie efficace menée dans la lutte contre la criminalité, a contribué à la stabilisation du taux de la délinquance dans les villes marocaines, principalement dans la capitale économique du Royaume. Comment voyez-vous cela ? A.Ouammou : Ceci peut être vrai pour les crimes qu'on peut qualifier de normaux ou à gravité minime. Néanmoins, il existe des crimes nouveaux qui sont apparus dans notre société du fait du développement que connaît cette dernière à tous les niveaux. Je cite parmi ces crimes, ceux en relation avec les nouvelles technologies et l'utilisation de ces dernières par les criminels, afin d'échapper aux poursuites judiciaires et sans laisser de traces. De ce fait, l'Etat doit élaborer de nouvelles techniques de lutte contre la criminalité moderne. La prolifération de la criminalité au Maroc est essentiellement due à la facilité d'acquérir les armes blanches utilisées à des fins criminelles. Aussi, la consommation de drogues dures contribue, elle aussi, à la multiplication des crimes dans nos villes et surtout les grandes d'entre elles. Enfin, nous assistons dernièrement à des crimes qui étaient jusqu'à un passé proche, méconnus des Marocains. A savoir, les agressions sexuelles contre les enfants. Voilà pourquoi l'Etat doit s'activer davantage afin de contrecarrer ces phénomènes qui menacent la stabilité de la société. - Le ministre de l'Intérieur a ajouté que le taux de criminalité a connu une baisse de 7,52% à Casablanca. Ne pensez-vous pas que ce pourcentage est inadéquat avec la réalité sur le terrain et la phobie qui commence à s'emparer des citoyens quant à leur sécurité individuelle ? Ce taux, à mon sens, n'est pas représentatif des crimes nouveaux que j'ai cités auparavant, et auxquels je rajouterais les crimes de santé publique par exemple et les crimes contre l'environnement. L'atteinte aux mœurs et les crimes contre les personnes, je pense, devraient être, au contraire, en nette progression. Il suffit de demander aux gens s'ils peuvent sortir librement la nuit, et si les jeunes filles peuvent s'habiller à leurs goûts sans être agressées dans la rue, pour prendre conscience à quel point le crime gagne du terrain dans les villes marocaines, petites et grandes avec des degrés différents, bien entendu. Mais la criminalité est là et il faut la combattre. Les médias jouent un rôle prépondérant dans la prise de conscience des citoyens et de l'Etat, quant à la gravité de la criminalité dans notre pays. Par contre, et c'est là un inconvénient involontaire de la part des médias, la médiatisation de ce phénomène crée une certaine panique chez le citoyen. - Selon vous quels seraient les moyens à même de faire face aux crimes. Qu'ils soient habituels ou nouveaux, et même ceux qui pourraient faire surface à l'avenir ? Il faut donner plus de place à la politique sécuritaire dans le combat contre le crime. Egalement, il faut que ces politiques soient bien définies, modernes et bien structurées, tenant compte des développements que vit notre pays et desquels profite les criminels de tout genre profitent. Je pense qu'il faut adopter une approche de prévention et non de réaction à un crime donné.