Ses plages sont interminables. Sa terre riche et fertile. Tout en elle caractérisait la quiétude, la beauté et laissait présager le meilleur des sorts et des destinées. Reine dans sa splendeur. Majestueuse sur son piédestal, elle scrutait l'horizon. Confiante et rassurée. Hélas ! La réalité a évincé le rêve. Le piédestal est tombé et la Reine s'est écroulée. Elle a perdu sa couronne et sa pudeur. L'ombre noire du ridicule masque ses traits, jadis, fins et ensorceleurs. La Reine agonise. Elle se meurt, minée par le mal, pataugeant dans la pourriture, vaincue par la honte et le ridicule. Tout y est de travers. L'anarchie est totale et personne ne semble s'en soucier. L'espace public est constamment piétiné. Les passages piétons sont occupés et les vestiges d'une cité séculaire sont défigurés. Aucune âme et plus aucun charme. Aujourd'hui, dans l'ultime sursaut d'un agonisant, dans un dernier souffle d'honneur, elle fait, de son mieux, pour dévoiler le secret de sa déchéance. Elle essaie de s'exprimer, d'incriminer. Elle essaie de soulager sa conscience. Peut- être que le mince et fragile fil, la retenant, trouverait qui le consolide. Livrée à elle-même, elle se meurt dans l'indifférence des siens. De ceux qu'elle avait, tendrement, bercés. Elle se meurt de ce mal qui la torture et la ronge. Telle une tumeur dont les racines s'ancrent et se propagent. Touchée à mort dans ce qu'elle a de plus cher au monde. La débauche sévit. La criminalité règne. Des gosses, en dizaines, commercent dans le détail des cigarettes. Les débits de boissons que fréquent les filles de joie, mineures et majeures, ne désemplissent pas. Les lieux de déperdition poussent comme des champignons. La mendicité bat son plein. La prostitution prolifère.