Cette refonte cultuelle qui s'inscrit, en fait, dans la dynamique de la restructuration des composantes vitales de la vie sociétale, permet d'asseoir les fondements de tolérance et de modération séculaires de notre nation et de faire face aux dérives et aux dérapages. Effectivement, depuis longtemps, le Maroc a toujours fait preuve de coexistence incontestable avec une multitude de diversités tous azimuts et, de ce fait, mené sa vie religieuse dans la paix et la sérénité. Jusqu'au moment où des intrusions étrangères infestent notre quotidien. C'est ainsi que des manies insolites au niveau des aspects corporel, comportemental et vestimentaire aliènent systématiquement les fidèles, avec des barbes drues, des cagoules macabres, des tuniques lugubres et des escarpins crasseuses. A voir ces créatures fades déambuler dans notre vécu ambiant, on se croirait plutôt dans une ambiance mortuaire. Cette invasion funeste prend de plus en plus de l'ampleur chez les jeunes qui sombrent dans la soumission et l'indolence excessives. Et les actes terroristes ne tardent pas à éclater dans nombre de nos recoins où la «promiscuité» religieuse s'accapare les cervelles juvéniles. Et c'est la première fois que le phénomène des kamikazes importé, après des siècles de quiétude, obnubile les fanatiques veules. Les préceptes religieux qui ont été complémentent vidés de leur sens et de leur essence se répandaient, à travers des groupuscules semant la terreur parmi les citoyens, alors que d'autres, profitant de la déchéance sociale, arborent l'alternative religieuse sans projet de société et à des fins politiciennes. Notre pays a donc raison de redéfinir son paysage de culte, par des mesures de standardisation dans les lieux saints et de cadrage des rapports intercommunaux, en attendant des démarches beaucoup plus «osées», en terme de distinction claire et tolérée dans la vie quotidienne des groupes et des individus, de nature à limiter les pratiques spirituelles sournoises au strict niveau cultuel, sans empiétement ni chevauchement. De toute évidence, l'Etat a un rôle prépondérant à jouer dans cette nouvelle équation pour l'édification d'une société où les croyances seront protégées sans qu'elles prennent le pas sur les cours du développement sociétal. On rappellera non sans amertume et indignation que ce même Etat «makhzénien» qui a «recréé» des créatures religieuses afin de contrecarrer le «danger» des idées modernistes et progressistes du mouvement national. Mais, c'était sans compter sur le véritable danger du fanatisme qui prenait forme et constituait non seulement une entrave pour la modernité et le progrès, mais également pour la sûreté et la constance du régime. C'est ce qu'on appelle dans la maxime arabe, «la magie s'est retournée contre le magicien». C'est au" Makhzen" de rectifier sa propre bêtise pour préserver sa propre existence et celle d'une entité nationale quiète et cordiale, des siècles durant. On déplorera dans ce sens les mauvaises marottes qui sévissent encore dans la vie culturelle diversifiée où on exploite la moindre occasion pour instrumentaliser la religion à des fins électoralistes abjectes.