Jamais un produit de consommation n'a autant fait parler de lui comme c'est aujourd'hui le cas pour le médicament. Cet intérêt, cet engouement dont est entouré le médicament n'est pas dû au hasard, à un calendrier politique bien précis, à des règlements de comptes ou autres velléités malsaines ou à une approche destinée à focaliser les regards et l'attention en direction de ce produit dont les enjeux économiques sont réels, ce sont des milliards de DH qui sont en jeu d'où les convoitises. Tout le monde veut sa part, les industriels, les grossisteries, les pharmaciens et les autres et, croyez moi, ils sont nombreux. Dans cette course à qui peut le mieux, c'est l'accessibilité pour tous aux médicaments qui est au centre des préoccupations des décideurs, des responsables et parmi eux l'industrie pharmaceutique. Petit tour guidé Le médicament est essentiel à l'amélioration et à la promotion de l'état de santé des marocains, c'est là un constat qui ne saurait souffrir qu'aucune équivoque. Sans médicaments, on ne peut pas traiter les maladies infectieuses, les maladies parasitaires, les maladies chroniques, le diabète, le cancer, la tuberculose, la méningite, le paludisme… Sans médicaments le médecin ne peut pas soulager ses patients et les aider à supporter leur mal. Sans médicament, le médecin devient tel ce soldat que l'on envoie au front combattre les ennemis mais sans armes. Il va sans dire que le rôle de l'industrie pharmaceutique trouve ici toute son importance , toute sa dimension noble et la place privilégiée qu'il occupe dans notre système de santé , à ceci prés que les médicaments ont un coût et que parfois ce coût n'est pas à la portée de tous les Marocains . Une situation qui interpelle, qui ne laisse personne indifférent et dont le nouveau gouvernement entend remédier au plus vite pour plus d'équité dans l'accès aux médicaments En attendant, nous vous présentons une vue de l'approche de l'industrie pharmaceutique et son rôle dans l'accessibilité aux médicaments. Si on prend en considération l'importance des sommes allouées aux médicaments aussi bien par le gouvernement par le truchement du ministère de la santé , les ménages , les organismes gestionnaires de l'AMO , et si on considère aussi la place déterminante des médicaments dans le système de santé et la nature particulière du produit et son usage (que l'on veut optimal) et les nombreux acteurs du domaine qui gravitent autour du médicament tels que les patients, les professionnels de la santé, médecins, pharmaciens, l'industrie pharmaceutique, les grossisteries, il importe aujourd'hui plus qu'en d'autres temps d'adopter une vision concertée en matière de médicaments. Une nouvelle politique du médicament, plus adaptée au contexte actuel, plus juste, plus cohérente, plus équitable et plus efficiente, constitue le meilleur moyen pour se donner une vision commune des différents intervenants pouvant guider l'ensemble des actions qui pourront être décidées. En outre, cette nouvelle politique elle devrait permettre de concilier la capacité de payer des uns et des autres que se soit l'état ou les citoyens si l'on veut être cohérent avec un usage optimal des médicaments, d'une part, et les intérêts de l'industrie biopharmaceutique et le développement économique, d'autre part. Le citoyen doit être au cœur des réflexions tout au long du processus d'élaboration de cette nouvelle politique du médicament ce qui se traduira dans un très proche avenir par des mesures concrètes pour améliorer l'accès aux médicaments au plus grand nombre de nos concitoyens , particulièrement les personnes que l'on considère vulnérables au point de vue économique. Situation actuelle du secteur pharmaceutique Depuis l'indépendance, la fabrication locale du médicament s'est développée au Maroc de manière efficace et conformément aux normes internationales en vigueur : De 8 unités de fabrication en 1965 notre Pays bénéficie aujourd'hui d'une quarantaine de sites, propriétés de groupes internationaux, de sociétés mixtes avec des partenaires marocains ou d'opérateurs marocains à part entière. Près de 65 % des besoins nationaux en médicaments sont couverts par la fabrication locale, alors qu'elle n'était que de 15 % en 1965. L'Industrie Pharmaceutique assure aujourd'hui près de 40. 000 emplois directs et indirects. Le nombre de pharmacies d'officine est passé de 500 environ en 1976 à près de 11 000 aujourd'hui. Ces pharmacies emploient près de 30.000 personnes Le nombre de grossisteries de distribution est passé de 4 en 1979 à plus de 50 de nos jours. L'industrie pharmaceutique marocaine occupe la deuxième position au niveau africain. Elle produit près de 280 millions d'unités par an Elle génère un chiffre d'affaires de plus de 10 milliards de dirhams. Le marché local a progressé de 40,6 % entre 2006 et 2009 La production locale couvre près de 70 % des besoins du pays 20 % de la production nationale est destinée à l'export Concernant le marché local, selon un rapport réalisé par l'Observatoire de l'Entreprenariat, celui-ci souligne que : 1 / La consommation moyenne de médicaments par habitant est encore faible et que, d'ici 2015, elle devrait s'établir autour de 470 dirhams par an et par habitant. 2 / Selon ce rapport, la classe thérapeutique la plus consommée est celle comprenant les médicaments de l'appareil digestif et du métabolisme avec 17,8 % de parts de marché, suivie des anti-infectieux (17,3 %) et des médicaments destinés au système nerveux central (11,1 %). Qualité du Médicament commercialisé au Maroc La certification par l'OMS du Laboratoire National de Contrôle des Médicaments et sa qualification par l'Association Européenne de la Qualité du Médicament nous permet d'attester sans aucune hésitation que le Médicament au Maroc répond totalement à la qualité internationale qu'il s'agisse du médicament princeps ou du générique. Il faut également souligner le rôle essentiel des Grossistes Répartiteurs et des Pharmaciens d'Officine qui garantissent cette qualité et assurent la sécurité au citoyen en veillant sur les conditions de distribution, de stockage, de gestion, de la validité des produits et de leurs spécificités d'utilisation comme de la prévention de leur mauvaise utilisation. Selon l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (AMIP), le secteur génère un chiffre d'affaires de quelque 8 milliards de dirhams, ce qui place le Maroc en deuxième rang dans le continent, juste après l'Afrique du sud. S'agissant des perspectives de ce secteur porteur, l'étude a insisté sur la mise au point d'une politique claire de tarification (hausse/baisse) et le développement des médicaments génériques sur le marché pharmaceutique marocain par rapport aux médicaments princeps (original), en vue de maîtriser les coûts de la santé. L'industrie pharmaceutique : Des atouts certains Il ne fait aucun doute que l'industrie pharmaceutique Marocaine à des atouts certains qui lui permettent d'être très performante et compétitive tant au niveau local, régional, continental qu'international. Pour être à la hauteur de sa renommée l'industrie pharmaceutique Marocaine a procédé à l'acquisition d'une technologie de pointe par des cadres et employés marocains à tous les échelons (+ de 95 % aujourd'hui). Ce choix, cette approche contribue à la maîtrise nationale de l'approvisionnement et de la satisfaction des besoins de nos citoyens. En Effet le médicament est un produit stratégique dont la disponibilité ne doit nullement souffrir des aléas que le monde vit et peut vivre à tout moment. Cette industrie joue un rôle socio-économique important par la mise à disposition des investisseurs internationaux et nationaux d'une plate forme technologique de haut niveau que ce soit pour l'élargissement de l'accès au médicament pour nos populations ou pour le développement de l'exportation sur d'autres régions du monde. Un autre atout, la contribution de ce secteur au développement de la recherche de notre pays. Elle constitue le maillon complémentaire et indispensable de la chaîne de la recherche qui implique différents acteurs dont le monde universitaire, médical et scientifique. Elle offre des possibilités de formation, de spécialisation et d'emplois pour les nombreux diplômés de différentes disciplines des universités nationales et internationales qui arrivent sur le marché. Les handicaps à l'accessibilité aux médicaments L'handicap majeur est dû à la faible dimension du marché marocain, et ce en raison d'une faible consommation (400 DH par habitant par an). Cette très faible accessibilité au médicament par le citoyen Marocain s'explique malheureusement en grande partie du moins par: Un budget pour la santé de 5% environ du PIB (alors que l'OMS recommande au moins 10%) Un faible pouvoir d'achat (revenu de la majorité de 2000 DH/mois maximum) Une faible couverture sociale encore malgré les efforts louables des autorités (environ 30% de la population) Prés de 70% des dépenses de santé prises en charge par les ménages. Sans oublier les autres conditions d'amélioration du bien être (nutrition, assainissement, éducation, environnement, couverture sanitaire du Pays…). Ces paramètres ne doivent pas nous faire occulter que nous sommes malheureusement à l'image du tiers monde si nous considérons le contexte mondial. En effet pour ce qui est de l'accès au médicament pour une consommation mondiale de près de 900 Milliards de Dollars par an actuellement: Prés de 40 % aux USA et 30% en Asie dont principalement le Japon et 20% en Europe Seulement 1.3% pour toute l'Afrique (soit pour environ 800 millions d'êtres humains) De manière encore plus explicite, seulement 20 % de la population mondiale consomme 80% des médicaments (et pratiquement idem pour les soins de santé), alors que 80% de la population mondiale n'en consomme que 20%. Il est un fait que le prix du médicament en général et des princeps et de l'innovation en particulier reste aussi un handicap majeur pour l'accessibilité de la majorité de nos citoyens. Non seulement le prix doit être régulé de manière optimale, mais plus que cela il doit être adapté aux capacités économiques des Pays en voie de développement et ce dans un accord juste et équitable (bénéfices des coûts de la recherche, niveau de vie, couverture sociale…). Nous sommes tous concernés Aujourd'hui le ministère de la santé entend mettre un peu d'ordre en ce qui concerne le médicament, loin de toute polémique, suspicion, sans faire de référence a tel ou tel rapport sur le prix du médicament au Maroc. Nous savons depuis fort longtemps que les prix des médicaments étaient élevés que les Marocains supportaient sans broncher toutes les multiples augmentations que connaissaient les prix des médicaments. C'était une époque. Celle-ci est désormais révolue. Sans jeter la pierre a quiconque, nous souhaitons, nous voulons que ces prix soient revus à la baisse afin de permettre à tous nos concitoyens aux conditions limitées financièrement parlant de pouvoir accéder facilement a ces produits. Nous sommes tous concernés, ce n'est pas uniquement une affaire du ministère de la santé, de l'industrie pharmaceutique, des médecins prescripteurs, des pharmaciens, de l'ANAM, le citoyen est lui aussi concerné car c'est lui le consommateur de ces médicaments et en tant que tel il a son mot à dire concernant les prix des médicaments. Quand nous parlons de la baisse des médicaments, nous ciblons les 5.000 spécialités existantes dans l'officine et pas seulement 400. Pour réussir ce challenge , toutes les parties concernées doivent s'engager dans le cadre de la concertation déjà ouverte avec les différents acteurs concernés pour relever ce grand défi qui permettra d'aller vers l'aboutissement de la stratégie la plus adéquate pour assurer l'accessibilité, la meilleure aux soins en général et aux médicaments en particulier tout en préservant la souveraineté stratégique du Pays dans le domaine de la santé. L'industrie pharmaceutique Marocaine se doit d'être une industrie citoyenne, elle participe au développement et à l'essor de notre pays, elle est un partenaire incontournable de toutes politiques de santé. L'industrie pharmaceutique intervient dans le bien être et la promotion de la santé des citoyens et à ce titre sa place et son rôle sont déterminant dans le domaine de la recherche, de la formation, de l'innovation, de la haute technologie et partant de l'image du Maroc qui est résolument tourné vers l'avenir sous la conduite éclairée de sa majesté le roi Mohammed VI. Nous tenons a remercier vivement Mr Ali Sadat ancien président de l'AMIP qui nous a permis de réaliser cet article en mettant a notre disposition des informations très utiles .