Festival international du film de Marrakech La 13e édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM) démarre aujourd'hui. La fête du cinéma se prolonge jusqu'au 7 décembre 2013. C'est désormais un rendez-vous qui a installé ses marques dans l'agenda très serré des festivals internationaux. L'édition de cette année s'inscrit dans la droite ligne des choix qui ont permis le succès et la bonne image du festival. C'est ce qui est illustré notamment par la cohérence de la sélection des films de la compétition officielle et par la qualité des invités et la haute stature des personnalités qui composent le jury de cette année, dont le président n'est autre que Martin Scorsese. Le célèbre auteur et lauréat de la Palme d'or pour Taxi Driver (1975) est un grand ami du festival de Marrakech en particulier et du Maroc en général où il est venu tourner. Cette dimension internationale de plus en plus confirmée, ne manque pas, cependant, d'interpeller la profession du cinéma au Maroc ; certains observateurs n'hésitent pas par exemple à s'interroger sur les retombées de cette méga-manifestation sur l'évolution du cinéma et sur la place de ce cinéma au sein du festival. Force cependant est de constater que cette interrogation parait aujourd'hui obsolète et remonte, dans tous les cas, à une époque où effectivement le festival était perçu comme une activité abritée par la prestigieuse ville de Marrakech ; le Maroc n'offrant qu'un décor et quelques figurants. Cela a pesé lourdement et négativement sur l'image du festival à son démarrage. Le tournant a eu lieu en 2004 quand le festival a consacré sa rubrique «pays invité» au Maroc avec une programmation variée reprenant les grandes étapes de l'évolution de son cinéma. Depuis, aussi bien au niveau de l'organisation que de la programmation, le Maroc et le cinéma marocain sont omniprésents. Cette année ne déroge pas à la règle avec une forte présence à tous les étages... A commencer par la compétition officielle où, comme en 2012, avec Zéro de Lakhmari et Chevaux de Dieu de Nabil Ayouch, ce sont en effet deux films marocains qui concourent pour l'Etoile d'or, la récompense suprême du FIFM. Et ce sont deux films dont la marocanité ne manque pas d'originalité, illustrant la grande tradition d'ouverture marocaine en la matière. Il s'agit du film Fièvres de Hicham Ayouch (le frère cadet de Nabil). Film dont le récit se déroule entièrement en France... mais tout le film est porté par le regard et la touche de Hicham Ayouch ; un regard rebelle et une touche nourrie d'une confrontation quasiment au corps à corps avec les protagonistes grâce à un travail permanent d'une caméra en état d'urgence. Le deuxième film propose une construction inverse ; avec Traitors, le récit se passe à Tanger avec un producteur marocain, des comédiens marocains mais avec un cinéaste... américain, Sean Gullette. En fait, cet enfant de Boston est un grand amoureux de Tanger dans le sillage des grands écrivains et artistes américains qui ont épousé la ville de Tanger. Lui, c'est carrément une Tangéroise, Ytto Berrada, qu'il a épousée. Il vit et travaille dans la ville du détroit et son film passe à Marrakech... «Le FIFM est une vraie vitrine internationale pour le cinéma marocain dans sa diversité et dans sa variété» nous dit Noureddine Sail, vice-président de la Fondation du Festival. Toute une rubrique est dédiée à cette image plurielle du cinéma marocain ; la section Coup de cœur qui vient juste après la compétition officielle, programme cette année quatre films marocains d'une grande diversité. Cela va d'un film auteuriste, au sens noble du mot, Eux les chiens de Hicham Lasri, avec une prestation époustouflante de Hassan Badida dans le rôle de Majhoul, à un film d'action dans la grande tradition de la série B avec Kanyamakan, le premier long métrage de Said C. Naciri... en passant par un mélodrame centré sur un sujet d'actualité, l'harcèlement sexuel dans une administration, Derrière les portes fermées de M.A. Bensouda et une comédie populaire, Sara de Said Naciri. Quatre films, quatre démarches différentes ; un éventail qui en dit long sur une diversité qui permet au cinéma marocain d'honorer sa présence au sein d'une prestigieuse manifestation internationale.