directeur artistique du festival Fès Jazz (1) Natif d'Oudja, chanteur poète à la carrière prolifique, protéiforme et originale, Jean-Claude Cintas se définit avant tout comme «un andalou d'origine, un français d'adoption et un marocain de cœur». directeur artistique du festival Fès Jazz (1) Natif d'Oudja, chanteur poète à la carrière prolifique, protéiforme et originale, Jean-Claude Cintas se définit avant tout comme «un andalou d'origine, un français d'adoption et un marocain de cœur». Al Bayane : Qui est Jean-Claude Cintas pour ceux et celles qui ne vous connaissent pas? Jean-Claude Cintas : « Qui suis-je ? Où vais-je et dans quel état j'erre ? » (Francis Blanche). Je pourrais considérer que je suis un artiste protéiforme, un homme en chemin qui cherche avec différents outils artistiques, tels que l'écriture avec mes chants poèmes, la musique, la photographie, la peinture, la typoésie (l'art de la typographie), le graphisme, la direction de festivals... Je mélange, associe, entremêle toutes ces démarches. J'ai été ainsi directeur artistique de festivals ou d'évènements culturels, notamment en 2009 et 2010 à Fès. L'insigne honneur me fût donné de diriger artistiquement le Fès Jazz in Riad Festival. J'ai pu partager ma passion de la musique et y associer les arts en général, avec un public fassi extraordinaire, dans des lieux somptueux comme le Musée Batha avec son jardin andalou, les rues de la médina et ses riads, la place Boujloud. J'ai pu ainsi présenter de très grands artistes comme Rhoda Scott, le Golden Gate Quartet, Don Billez, Louis Winsberg, Mônica Passos, Kader Fahem, Hadouk Trio et tant d'autres... Toutes ces activités me poussent à produire et à concrétiser ces actions artistiques au travers d'évènements et de livres d'art. Vous venez de publier 7 livres d'art dont 3 directement liés au Maroc et vos chant poèmes et photographies qui illustrent les œuvres de différents artistes magrébins et africains. Pouvez-vous nous en dire plus ? Ces 7 ouvrages d'art, de très belle facture, entrent dans le cadre d'une performance artistique que je me suis imposé en 2012, en m'enfermant pendant 5 semaines. J'ai sélectionné des photos parmi des milliers, regroupé les chants poèmes qui m'avaient inspirés. Ensuite, j'ai mis en page tous ces éléments. Tout d'abord, je vous parlerai de ces 5 ouvrages d'art qui ne sont pas liés au Maroc, notamment « Lumières de Haute Egypte », fruit d'un voyage que j'ai fait sur un bateau au fil du Nil en 2012 avant les évènements politiques que l'on connaît, de Louxor à Abou Simbel. 152 pages quadri pour s'imprégner de cette Egypte millénaire, berceau de tant de civilisations. « La Cappadoce, cheminement rupestre », très bel ouvrage au format carré. Un voyage en 2011 aux confins de la Turquie anatolienne, proche de Konya, partie du maître soufi Rumi, lieu où les chrétiens ermites, chassés par Rome, ont investi. Ils ont creusé à même le tuf leurs habitations, leurs monastères et leurs lieux de culte, des chapelles rupestres. Ces lieux forcent le regard sur soi. « Saint-Pétersbourg : Mosaïques célestes », ce sont 7000 m2 de mosaïque qui recouvrent tous les murs, colonnes, plafonds, voutes, piliers, dômes et coupoles de l'église de Saint Sauveur sur le Sang versé, comme des zelliges représentatifs. J'ai été submergé par la lumière céleste de ces fresques unifiées de fonds d'or ou de bleu. On est saisi par ce miroir du Divin. Puis enfin, « So Beautiful », ouvrage de photos sensuelles en hommage à la beauté de la femme et à sa féminité. Ce livre, comme tous mes livres, s'inscrit dans un cheminement personnel qui m'amène à regarder la Mère terre avec les yeux d'un cherchant et pas seulement ceux d'un homme qui photographie formellement les choses qu'ils rencontrent. Parmi ces 7 ouvrages, 3 sont directement liés au Maroc. 2 d'entre eux, « Fès Jazz in Riad Festival 2009 » et « Fès jazz in Riad Festival 2010 »retracent la parade de très nombreuses photographies que j'ai réalisées en même temps que je dirigeais mes 2 festivals de jazz à Fès. Là, apparaissent des moments inoubliables comme, par exemple, en 2010, l'immense guitariste Louis Winsberg venu jouer dans le jardin andalou du Palais Batha. Ce dernier interpréta l'hymne français, la Marseillaise, dans une version ré harmonisée en flamenco jazz. Pendant cette interprétation, le Maître Abdenbi El Meknassi Elfakir avec ses musiciens gnawi, l'ont rejoint sur scène et progressivement l'hymne français s'est transformé en l'hymne national marocain « Anachidal watani ». Ce soir-là, les 2 rives de la méditerranée se sont rejointes dans un hymne d'amour et le Palais Batha a vibré d'une émotion universelle. Un Grand moment ! Et puis, il y a cet ouvrage important, central, « 10 performances chant poétiques : en réaction à », 152 pages très denses. J'ai sélectionné ici 10 performances artistiques, dont 3 sont entièrement consacrées au Maroc. L'une d'elle m'a été inspirée par Essaouira, « Peintures en colimaçon », ballade chant poétique faite dans l'Atelier du bastion ouest du Mogador. Ce lieu est porté par Ahmed Arrouz, poète raffiné et spirituel qui expose les œuvres d'artistes marocains : Abdallah Rbia, Nadia Ouchatar, Halima Slika, Ahmed Arrouz, lui-même peintre, Chama Attar, Karim Tabit, Noureddine Hajjaj... Une autre de mes performances, « Petit carnet de chant poèmes en confluence » en réaction à l'exposition «Caravane Sérail - Confluences africaines », faite au Dar Pacha Tazi dans la médina, lors du Festival des Musiques Sacrées du Monde de Fès en 2009. Son commissaire d'exposition, Ghitha Triki ainsi que la Directrice des Rencontres du festival, Nadia Benjelloun m'avaient demandé de réagir par des chants poèmes et des photos à chacune des œuvres des artistes présents : Abdoulaye Konaté (Mali), Abdoulaye Armin Kane (Sénégal), RilLaâbi (Maroc), Malick Sidibé (Mali), Serigne Mbaye Camara (Sénégal), Fatima Charfi (Tunisie), Khaled Ben Slimane (Tunisie), Nourredine Ferroukhi (Algérie) et Mustapha Boujemaoui (Maroc). La 3e performance chant poétique est née lors du Fès Jazz in Riad 2009 dont le thème était « Laisse brûler le jazz, à chacune des ces phrases, il nous embrase». J'avais demandé à la plasticienne fassie Najia Erajaï, de peindre 9 «Postures de jazzmen» (1 x 1,5 m) expressives absorbés par leur musique sans représentation de l'instrument. Au visiteur d'imaginer et de découvrir lequel. Un moment fort dans le festival puisque j'outrepassais le jazz par la peinture de Najia Erajaï et mes chants poèmes. Et votre Festival de Jazz in régusse ? J'en reviens tout juste. En ce mois d'août, c'était la 5ème édition, un plateau de rêve, 7 artistes de grand renom comme Janysett Mcpherson ou Don Billez que j'avais, d'ailleurs invité lors du Fès Jazz in Riad 2009, mais aussi Kelin'Kelin, bigband magnifique de Brice Wassy, batteur du célébrissime groupe africain Touré Kunda. Une belle édition 2013, un très gros succès et un grand public. Je présente et soutiens depuis l'origine ce festival inventif. À suivre...