Le discours prononcé par SM le Roi à l'occasion de l'anniversaire du 20 Août est fondateur à plus d'un titre, tant sur le plan du fond qu'au niveau du langage utilisé et de la méthode de communication qui le marquent du sceau de l'inédit. Sur le plan de la forme, le discours royal a été concis et de courte durée. Il s'est en effet appuyé sur un langage différent et direct, avec l'utilisation de mots simples et clairs. SM le Roi y évoque de manière explicite des éléments de vie personnelle, Son enfance, Son parcours à l'école marocaine publique et Ses émotions et responsabilités en tant que père. Sur le plan du fond, le discours royal a été concis et on ne peut plus clair et explicite sur les problèmes de l'enseignement et ses divers dysfonctionnements. Le Souverain y attire de manière forte l'attention sur la nécessité stratégique de se concentrer sur la formation des Marocains et la promotion des ressources humaines, la richesse essentielle de notre pays. Et c'est commettre une erreur fatale que de vouloir procéder à une valorisation hâtive et restrictive du discours royal pour y voir qu'il y donne par exemple un «coup au gouvernement actuel» ou qu'il s'agit d'un «discours anti-gouvernement». Le Roi exerce son rôle constitutionnel en sa qualité de garant des grandes orientations du pays. La profondeur avec laquelle SM le Roi a fait le diagnostic de la crise de l'enseignement dans notre pays nous impose tous d'examiner les dysfonctionnements structurels dont souffre depuis de longues années notre peuple et d'exploiter l'opportunité du discours royal pour se pencher en toute urgence et de manière sérieuse sur le problème. La planification en matière d'éducation et de formation ne se limite pas à un seul mandat gouvernemental, mais dure toute une génération ou de moins une décennie. C'est pourquoi, il importe d'ouvrir en toute urgence un véritable dialogue national au sujet de la réforme du système d'éducation nationale et de s'attaquer à ses véritables maux. Quand SM le Roi insiste sur la nécessité de sauvegarder le dialogue politique nationale de la médiocrité actuelle, le Souverain adresse un message fort que toute la classe politique doit saisir et non seulement le gouvernement. Et tout en attirant l'attention sur le retard pris au sujet de l'adoption des lois concernant le Conseil supérieur de l'enseignement, le Souverain y adresse un autre message non seulement au gouvernement mais également au parlement et aux partis politiques. Effectivement, le discours royal comporte des critiques adressées au gouvernement concernant le secteur de l'éducation et de la formation, auxquelles il est nécessaire de réagir positivement et rapidement, tout en prenant en compte le facteur temps en matière de gestion politique et pratique des réformes dans l'enseignement ou autres. Au lieu donc de sauter sur l'opportunité du discours royal pour rendre le débat politique plus médiocre et plus insupportable ou diaboliser tel ou tel responsable ou parti politique, il est préférable de saisir le contenu du discours de SM le Roi et de transformer les observations qu'il comporte en programmes, plans et initiatives pratiques réelles visant à assurer une véritable réforme de l'enseignement. Voilà ce qui est demandé aujourd'hui. Et est ce que notre classe politique tout entière saura-t-elle relever le défi ?