La logique du dernier carré de la CAN 2012 a été plus ou moins respectée. La Côte d'ivoire donnée favorite a confirmé son statut d'une sélection jouant pour le leadership africain. Elle a réussi une victoire difficile mais méritée face au Mali (1-0) avec un but de Gervinho juste avant la pause. Les coéquipiers de Didier Drogba dont le seul titre continental remonte à 1992, joueront dimanche le titre face à la Zambie qui a faussé les pronostics en prenant le meilleur sur le Ghana, sur un but de Mayuka à 12 minutes de la fin du match. La finale de ce rendez-vous africain opposera ce dimanche à 19H00 deux équipes, la Zambie auteur d'un parcours surprenant et la Côte d'Ivoire toujours égale à elle-même. La petite finale regroupera samedi à la même heure, Ghana et Mali, les deux malheureuses équipes de cette CAN qui a tenu ses promesses. Le Ghana donné favori auparavant pour accéder en finale, mais qui est tombé de très haut ne pouvant en vouloir qu'à lui-même, ne participera donc pas à une deuxième finale consécutive après celle perdue en 2010 face à l'Egypte. Il s'est contenté d'une place au Carré d'AS comme ce fut le cas lors de l'édition 2008 organisée sur son sol. Le meneur Asamoah Gyan qui a raté un penalty au début du match face à la Zambie, deux ans après avoir raté un auparavant et qui a donné aux Black Stars la première qualification africaine pour les demi-finales du Mondial 2010, en est pour quelque chose de l'élimination du Ghana qui a dominé mais n'a pas gagné. Dans le deuxième match, le Mali qui a résisté, a fini par subir la loi de son adversaire, plus fort. Il n'a rien pu faire face à la rage de vaincre de la Côte d'Ivoire qui est de nouveau au rendez-vous, après une finale perdue en 2006 face à Egypte. Les joueurs ivoiriens sont passés sans forcer. Ils étaient nettement supérieurs, aussi bien sur le plan collectif que celui individuel. Drogba et Touré omniprésents, ont été à deux doigts de scorer à deux reprises sans le montant qui a renvoyé la balle, ainsi que Kalou, Gosso Gosso et les autres qui n'ont guère fait dans les détails, face aux Maliens que n'ont pu faire que limiter les dégâts. L'essentiel pour les Eléphants est réalisé même sur une courte victoire. Les statistiques, éloquentes, sont déjà là pour le confirmer avec 5 victoires en autant de rencontres, 9 buts marqués et aucun encaissé. Ce n'est pas un hasard pour les Eléphants et leur entraîneur ivoirien, François Zahoui, qui avait annoncé la couleur bien avant de le début de la CAN en considérant que chaque match constitue une finale pour son équipe. « Les Ivoiriens sont appelés à disputer 6 finales lors de cette CAN 2012 », avait déclaré le coach ivoirien qui lui reste encore une finale, la plus grande pour boucler la boucle. « Chaque match a sa réalité et la finale aura la sienne », estime le coach de l'équipe ivoirienne appelée à négocier réalisme des Zambiens qui ne sont pas à sous-estimer. Ces derniers qui viennent d'atteindre la finale pour la troisième fois de leur histoire, après les CAN de 1974 et 1994 et qui restent quart-finalistes lors de la récente édition en 2010, souhaitent que la troisième soit la meilleure. Ils n'ont pas une équipe de stars mais ils forment un groupe soudé et déterminé à tenir la dragée haute aux meilleures équipes africaines. C'est grâce à leur jeu collectif qu'ils ont pu y arriver. En finale à Libreville, ils vont terminer un voyage émouvant en pensant à toute une génération dorée qui a disparu en avril 1993 quand environ 30 membres de la délégation de l'équipe zambienne avaient péri dans le crash de l'avion qui devait les mener au Sénégal, pour disputer un match des éliminatoires du Mondial 1994. Seul Kalusha Bwalya, plus grand joueur de l'histoire du Zambie et actuellement président de la fédération de football de son pays, avait échappé à ce drame. Il n'était pas du voyage parce qu'il devait rejoindre ses coéquipiers à partir de l'Europe. Le malheur des uns faisait le bonheur des autres. Le Maroc qui a rencontré cette équipe de la Zambie dans le dernier match menant au Mondial américain ne s'est pourtant imposé que difficilement avec un seul but de Khalid Raghib marqué dans les derniers moments de la rencontre au grand bonheur des Lions de l'Atlas dirigés à cette époque par feu Blinda qui venait de succéder à l'entraîneur Abdelkhalek Louzani , qui avait pratiquement réussi 90 pour cent de la qualification de l'équipe nationale. Aujourd'hui, le Maroc a, une fois encore, subi la loi des autres comme à son accoutumée, alors que la Zambie est présente pour un sacre qui le cherche depuis fort longtemps. Ce dimanche, Bwalya sera là pour soutenir les siens en hommage aux anciens «Chipolpolos». Les «Eléphants» sont avertis… Leurs déclarations Kalou (attaquant de la Côte d'Ivoire) : «On peut marquer à tout moment et c'est un avantage» « On s'attendait à un match difficile. Le Mali est une grande équipe avec un très grand coach. Ils ont sorti le pays organisateur qui était une très bonne équipe (Gabon). Notre objectif était de ne pas encaisser de buts et avec les attaquants qu'on a, à chaque moment, on peut faire la différence. On n'a pas douté. Les buts peuvent venir de partout: Yaya (Touré), Gervais (Gervinho), Didier (Drogba), moi-même... On peut marquer à tout moment et c'est un avantage qu'on a sur beaucoup d'autres équipes dans la CAN. La finale sera très belle face à la Zambie. On va se reposer pour dimanche. On est à un match de notre objectif. Il faut digérer la demi-finale: dimanche ce sera un autre match ». Didier Ya Konan (attaquant de la Côte d'Ivoire) «On a su gérer le match» « On est très heureux pour cette qualification, pour nous et le peuple ivoirien. Je suis rentré en fin de match. C'est une demi-finale, et ce n'est pas facile. Le Mali reste le Mali... Gervais a marqué un joli but et on a su gérer le reste du match ». Tamboura Adama (défenseur du Mali) «On a fait une erreur, c'est le foot» « On est un peu déçu par rapport à cette défaite. On est fier d'avoir été à ce niveau. Il faut maintenant essayer de se donner la main et prendre la 3e place. On a fait une erreur, ils ont marqué, c'est le football ». Cédric Kanté (défenseur du Mali) «Dure soirée» « La déception est grande. On a échoué. Une dure soirée... On savait que ça se jouerait sur des détails, mais on n'a peut être pas été assez dangereux pour équilibrer le match. Une petite erreur, un placement aléatoire, et ils marquent. La qualité de Gervinho a fait le reste. On savait qu'ils avaient de grosses individualités. On n'est pas surpris du scénario. On a une équipe jeune qui manque d'expérience et contre une équipe comme la Côte d'Ivoire, ça ne pardonne pas. On n'a pas vraiment de regrets sur le match parce qu'on a tout donné. Le match pour la 3e place, si on nous avait dit il y a deux semaines qu'on le jouerait, on aurait été content. Il ne faut pas la snober. C'est un match international. Des joueurs, qui n'ont pas eu l'occasion de se montrer, auront peut être l'occasion de le faire et être sur le podium d'une grande compétition, ça n'arrive pas tous les deux ans ». F. Zahoui (sélectionneur de la Côte d'Ivoire) «L'équipe la plus soudée» «On s'attendait à un match très, très difficile. On a souffert au niveau des nerfs. Nos deux poteaux et nos occasions gâchées les ont mis en confiance. Il fallait gérer les moments difficiles. Heureusement, on a marqué avant la mi-temps, mais dans l'ensemble mes joueurs ont géré le match avec calme et patience. Le Mali n'était pas là par hasard. J'ai été surpris par leur calme et la manière dont ils ont posé le jeu. Mais heureusement notre défense est très mature et solide depuis le début de la compétition. Après les échecs passés, on savait que tant qu'on ne prendrait pas de buts, on pouvait faire la différence devant. Ce projet est resté en place jusqu'au bout. (A propos de la Zambie, l'adversaire de la Côte d'Ivoire en finale) C'est une équipe jeune, très joueuse qui pratique un bon football. Ils vont de l'avant et posent problèmes à ceux qu'ils croisent. Cela va se jouer à des détails mais ça va être une belle finale. Après le crash de 1993, ils ont su reconstruire et repartir avec patience. On les respecte. Mais nous aussi, avec les événements en Côte d'Ivoire, on a à cœur de ramener le trophée. Le pays est derrière nous. Il y a beaucoup de prières et d'attente autour de cette équipe». Alain Giresse (sélectionneur du Mali) «On peut être fier» « On a dû se priver de deux joueurs. On peut être fier du match qu'on a disputé. Il n'a pas manqué grand chose mais à ce niveau, ce détail est important. Prendre un but à ce moment, juste avant la mi-temps, c'est difficile. On est presque arrivé à bousculer cette équipe. On a mesuré ce qui fait la différence entre des joueurs qui ont une expérience du très haut niveau et une équipe qui est en train de se construire. Le Mali s'est élevé pour être au niveau de cette demi-finale. On va retrouver le Ghana qu'on a joué au 1er tour. Mais ce match pour la 3e place est toujours très particulier, c'est l'affrontement entre deux équipes qui ont perdu. Il y a un aspect moral important, car chaque équipe est touchée moralement. Je ne peux pas savoir dans quel état moral sont les joueurs mais c'est mieux de finir 3e que 4e. Mais l'approche est toujours particulier, c'est pourquoi il y a des compétitions où cette finale n'existe pas ».