Représentée par une quinzaine de correspondants et journalistes, la presse régionale à Mohammedia tente tant bien que mal de faire son devoir d'informer dans une ville plutôt tranquille où les événements sont rares et l'accès à l'information parfois des plus difficiles. Coincée entre la métropole économique et la capitale administrative du Royaume où se concentrent la majorité des acteurs de l'information, la ville de Mohammedia semble vivre à son rythme. Hormis quelques faits divers et des événements saisonniers ainsi que les traditionnels festivals culturels programmés pour la période estivale, il n'existe pas une tradition de l'information, point d'effervescence. Pourtant la ville et ses cinq communes comptent plus de 300.000 habitants, une université qui accueille plus de 30.000 étudiants, un tissu industriel important, des délégations ministérielles ainsi que des associations. Hormis le bruit provoqué, de temps à autre, par les sit-in organisés par les sections locales de certaines centrales syndicales pour faire entendre les revendications des employés dans certaines usines ou encore les débrayages chroniques presque tous les mercredis des chauffeurs de petits taxis contre ‘'la concurrence déloyale'' de la société de transport urbain et les grands taxis, il est évident que la situation interpelle par le silence, pour ne pas dire la torpeur prolongée des acteurs qui sont censés être à l'origine de l'information et contribuer même à sa diffusion. Ce qui pose la question de l'accès à l'information comme le déplore les correspondants locaux de la presse nationale, qui sont obligés à faire le parcours du combattant pour rédiger convenablement leurs papiers, sans trop d'informations à mettre toujours au conditionnel. Certains d'entre eux avouent même par la force des choses s'être accommodés de cette rétention récurrente de l'information. Ce qui favorise la facilité, parfois la complaisance et pire encore, la désinformation. Pour Mohamed Saber, Directeur et Rédacteur en Chef du mensuel arabophone ‘'Jaridat Al Mohammedia''(le Journal de Mohammedia), la pratique journalistique dans une ville où les sources d'information sont très rares est problématique à plus d'un titre, ce qui, selon lui, ne permet pas l'émergence d'une presse régionale forte et indépendante. A cela s'ajoute, l'absence de toute forme de subvention et la modicité des recettes publicitaires. Sur ce registre, il déclare à la MAP que les efforts de démarchage auprès des opérateurs économiques de la ville pour décrocher des espaces publicitaires s'avèrent le plus souvent infructueux, l'obligeant très souvent à chercher ailleurs, misant très souvent sur les ventes de son mensuel tiré à 3000 exemplaires. Cette seule et unique publication locale d'informations générales lancée en 1996 a d'ailleurs fait les frais de cette situation et elle a même failli connaître le sort des ses aînées disparues, ‘'Les Echos de Mohammedia'' (juin 1988-septembre 88) et ‘'Assarih Al Moustakil'' (1989-1995). Le mensuel a, en effet, cessé de paraître pendant dix mois en 2011 avant de réapparaître en décembre dernier. Une éclipse qui représente à peu près la vie du tout nouveau site d'information +mohammediapresse+ que son directeur Khalid Moutiâa a lancé en avril 2011 avec l'ambition d'en faire un support électronique de proximité qui donne en priorité la parole aux gens. D'où, sa prédilection pour les micros-trottoirs et les reportages filmés au détriment parfois de l'analyse et de la profondeur dans l'écriture journalistique et le traitement de l'information. Le site d'information qui n'était au commencement visité que par une cinquantaine de personnes, enregistre aujourd'hui environ 3000 visiteurs par jour selon son directeur qui ne cache pas lui aussi ses tribulations dans la quête de l'information. Cela dit, les journalistes de cette paisible cité ne semblent pas pour autant résignés au fait que les voies de l'information sont très souvent impénétrables. Ils continuent malgré tout à s'acquitter de leur devoir d'information tout en se disant déterminés à défendre leur droit à l'accès à l'information. Ils espèrent surtout que les très attendus code de la presse et le texte de loi sur l'accès à l'information puissent leur donner les moyens de faire convenablement leur travail de relayeurs de l'information. D'autant, soutiennent-ils, que l'accès à l'information permettra certainement à la presse régionale d'acquérir ses lettres de noblesse et de se positionner comme un acteur agissant dans la promotion de la ville en gardant un œil vigilant sur la gestion de la chose publique. Outre le mensuel ‘'Jaridat Al Mohammedia'' et le portail «Mohammediapresse», la presse régionale à Mohammedia est représentée par les correspondants des principaux quotidiens nationaux ainsi que quatre Radios privées.