Secteur de la santé à Agadir De gros efforts s'effectuent dans le sens du rehaussement de ce secteur névralgique qu'est la santé. Depuis déjà un bon moment, nombre de performances à ce propos ont vu le jour, en dépit des contraintes d'ordre financier, technique et humain. Cependant, on ne peut passer sous silence les effets de résistance et de dépravation qui continuent à ralentir, voire bloquer, cet entrain. Et ce n'est nullement les exemples qui manquent dans cette vilaine équivoque ! On citera, à cet égard, la situation qui prévaut dans l'un des centres hospitaliers les plus anciens du royaume : l'hôpital Hassan II d'Agadir. Il est indéniable que la pénurie des médicaments qui sévit à la pharmacie de cet établissement sanitaire n'est plus un secret pour personne. Le RAMED, auquel on accorde un espoir des plus salutaires en direction des démunis, demeure encore au stade du balbutiement. Il apporterait, sans aucun doute, une bouffée d'oxygène si sa gestion était, pour autant, rationnelle et rigoureuse. Pour pallier à cette insuffisance, les médecins toutes spécialités confondues prescrivent des ordonnances étoffées aux malades que leurs accompagnateurs acceptent sans rechigner (on ne fait pas d'économie à la santé). Malheureusement, une partie sinon la totalité des médicaments remis est substituée aux patients souffrants ou inconscients qui ne réagissent pas à ce qui se passe autour d'eux. C'est lors des visites que la famille ou les amis constatent la disparition des médicaments apportés la veille. Sitôt, c'est la colère et l'indignation qui montent, contre cette machination. Pis, tous les services sont infestés par des indélicats qui ne méritent que le mépris et la dérision. Qui les protège ? Rappelons cet adage : s'il n'y avait pas de recéleurs, il n'y aurait pas de voleurs. Qui achète le butin ? Théoriquement, la gratuité des soins est reconnue par la constitution, en revanche, la pratique est bien autre... Toutes les prestations sont payantes, soit légalement soit sous le manteau. Il existe, en effet, des réseaux internes qui drainent les patients vers leurs amis (plutôt complices) à savoir : laboratoires d'analyses médicales, radios, cabinets de kinésithérapeutes, paramédicaux dont on détient le monopole. Il n'est point accepté que les bilans et les prestations soient délivrés par ces «accrédité fantoches». Autre anomalie de taille, les rabatteurs externes attirés par la brillance du sou, rôdent dans les parages à la recherche d'une clientèle aléatoire, prédisposés à négocier le prix de l'opération et la priorité de ramener la date du rendez-vous prévu pour quelques mois, en une semaine, sinon illico. La somme à payer, selon les cas, varie de 1000 à 4000 dirhams versés d'avance et sans témoin. L'achat à outrance des prothèses de genoux et de la hanche (usage unique), sans oublier la réutilisation des broches et plastiques payés au prix du neuf, sont monnaie courante. Toutes ces pièces très onéreuses ne sont acceptées que si elles étaient fournies par un paramédical ayant, depuis des lustres, l'exclusivité grâce à la collusion d'un certain personnel malhonnête du centre hospitalier. La rumeur persiste que des acolytes perçoivent leur part du butin, au grand jour, sans que les responsables ne pipent mot. Autre scène désolante, la mendicité des malades hospitalisés, en posture de quémander pour s'acheter des médicaments ou des accessoires : pansement, seringue, plâtre... ! Le centre hospitalier est donc miné par la corruption, de fond en comble. Même certains chirurgiens qui prétendent être «progressistes socialistes» sont tentés par cette pratique corruptive et n'exercent l'opération que s'il s'octroie la bagatelle de 3000 DH, même si le patient agonise. Les langues se sont alors déliées, au sein même des médecins et infirmiers intègres condamnant, haut et fort, les agissements infâmes de leurs collègues qui souillent la réputation de la profession la plus noble. On ne peut que solliciter vivement les décideurs de ce secteur affecté par les mauvaises ivraies, afin qu'ils diligentent une enquête et de mettre fin à ces manies récurrentes et de sanctionner sévèrement ces ripoux.