Campagne contre les "tueurs d'abeilles" L'Union européenne vote, ce vendredi, pour interdire ou non les pesticides toxiques qui tuent des abeilles et menacent les réserves alimentaires de l'homme. Les grandes entreprises qui prospèrent grâce à ces pratiques infâmes mènent un lobbying acharné pour que cette interdiction ne voie jamais le jour, indique Avaaz.org, la plateforme civique de lutte pour les droits des citoyens et de la nature dans les cinq continents. Dans un manifeste, rédigé sous forme de SOS, l'ONG signale que «nous venons d'apprendre que des pays-clés sont sur le point de leur céder, à moins que nous ne leur faisions une piqûre de rappel». Dans précédente chronique (29 avril 2012), Albayane avait mis en garde contre la menace qui hante les abeilles dans le monde en s'appuyant sur l'avis d'experts et acteurs sociaux internationaux qui observent que «les abeilles disparaissent à une vitesse alarmante». Les experts signalent aujourd'hui du doigt une certaine classe de pesticides que l'UE recommande l'interdiction. Toutefois, et « afin de préserver ses profits, le géant allemand des pesticides Bayer » ne ménage aucun effort afin de persuader les dirigeants européens de mésestimer les rapports des scientifiques. « Nous sommes 2,5 millions à avoir signé une pétition pour rendre ce vote possible. Maintenant, nous devons dire à nos responsables politiques qu'ils doivent se mettre du côté de la science pour sauver les abeilles dès cette semaine », lit-on dans le manifeste. Avaaz invite la société civile en Union Européenne à « noyer le lobby des grandes entreprises (par l'envoi de messages) et faisons en sorte que l'Union sauve les abeilles ainsi que nos réserves alimentaires ». Sans une mobilisation urgente, « pour les sauver, nombre de nos fruits, légumes et noix pourraient disparaître des étals », met en garde le manifeste. A titre d'exemple, Avaaz a rappelé qu'en février dernier, l'UE avait attiré l'attention sur le danger de certains produits toxiques nommés néonicotinoïdes qui seraient à l'origine de « de ce génocide animal ». La France, l'Italie et la Slovénie ont déjà limité l'utilisation de certains de ces pesticides mais les laboratoires Bayer et Syngenta n'ont cessé leur campagne de lobbying « de peur que la nouvelle législation ne handicape leurs profits ». Il semblerait qu'ils soient à la veille de recevoir le soutien du Royaume-Uni, de l'Espagne et de l'Allemagne, qui veulent protéger leurs géants de l'industrie chimique, révèle l'ONG. « Nous arrivons à un moment-clé. Il y a quelques semaines, Avaaz a remis une pétition signée par plus de 2,5 millions de membres à la Commission européenne, et cette dernière a proposé une interdiction quelques jours plus tard » poursuit le manifeste. Une lueur d'espoir est apparue pourtant puisque, selon la même source, « les députés européens ont eux aussi mis la pression et plusieurs autres gouvernements ont annoncé qu'ils soutiendraient une nouvelle législation nationale pour interdire ces pesticides ». Le manifeste qui s'achève sur un appel à l'union pour protéger les animaux grands ou petits, affirme « qu'il s'agisse de gagner une bataille pour empêcher la Commission baleinière internationale de légaliser le meurtre de ces géants des océans ou de sauver les abeilles, ces minuscules créatures dont dépendent nos écosystèmes, nous allons nous unir pour défendre le monde que nous voulons tous », conclut Avaaz. Syndrome de l'effondrement Selon des données puisées par Albayane dans le site web monographique "Un toit pour les abeilles", la population d'abeilles est en très forte diminution dans le monde depuis quelques années. Ce phénomène porte le nom de « Syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles » ou CCD (Colony Collapse Disorder) et reste inexpliqué. Ce syndrome est très préoccupant en raison de l'importance écologique de l'abeille en tant que pollinisatrice. Les études en cours, relève le site web spécialisé, montrent que plusieurs causes sont responsables de cette disparition progressive dont les traitements pesticides. Comme exemple, la même source mentionne la disparition totale d'abeilles dans une région de Chine comme conséquence d'un usage intensif des pesticides. Les agriculteurs sont désormais obligés d'employer des centaines de personnes pour polliniser eux-mêmes les fleurs des poiriers. Les abeilles sont aussi une grande machine à sous et un grand support de l'agriculture et l'alimentation. En compagnie d'autres insectes pollinisateurs, elles représentent par leur action la reproduction de plus de 80 % des espèces végétales; la production de plus de trois quarts des cultures dans le monde (dans leur majorité les cultures fruitières, légumières, oléagineuses et protéagineuses, de fruits à coques, d'épices et de stimulants dont le café et le caco; 35 % de la production alimentaire mondiale en tonnage, et, 10 % du chiffre d'affaires de l'agriculture mondiale. Un affaiblissement généralisé des colonies d'abeilles domestiques a été constaté dans le monde. Dans certaines régions de la planète, une surmortalité, qui affecte probablement aussi les abeilles sauvages, a entraîné des pertes importantes de cheptel (de 30 à 50% de mortalité durant l'hiver 2005 / 2006 contre 5 à 10% en situation normale aux Etats Unis, selon les régions). Autre donnée de taille à retenir : seules 25 % des cultures ne dépendent pas de l'action des insectes pollinisateurs (les céréales par exemple). La plupart des cultures fruitières, légumières, oléagineuses, protéagineuses ainsi que celles des fruits à coques, des épices, du café et du cacao sont majoritairement pollinisées par les insectes. L'apport mondial de l'action pollinisatrice des insectes est estimé à 153 milliards d'euros par an. "Nous sommes confrontés à la perspective d'une perte économique de grande envergure, mais aussi d'une perte écologique majeure car les insectes ne jouant pas dans les écosystèmes le seul rôle de porteurs de pollen mais s'inscrivant dans de multiples chaînes d'interactions utiles et aux divers maillons en présence". A cette perte économique, poursuit le site Web "Un toit pour les abeilles", correspondrait un irréversible dommage pour l'ensemble de la biodiversité. "Combien d'espèces dépendent, totalement ou en partie, d'une nourriture provenant d'espèces végétales qui survivraient difficilement sans pollinisation", se demande la même source. La multiplication des colonies d'abeilles peut donner une chance supplémentaire de survie à cet indispensable insecte. Disséminer plus largement de petites colonies autonomes et issues de diverses souches contribuerait à renforcer les effectifs tout en permettant une intensification des pollinisations locales et en favorisant des diagnostics locaux en de nombreux lieux, conclut le site web.