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MRE - Espagne
La femme marocaine et les changements socioprofessionnels
Publié dans Albayane le 08 - 03 - 2013

La femme marocaine et les changements socioprofessionnels
L'immigrée marocaine paraît plus exposée aux conséquences du changement de tendance en Espagne pour être à la fois femme et mère. C'est le cas d'ailleurs de la plupart des femmes du monde qui émigrent et laissent derrière elles la chaleur familiale, la culture et les traditions.
En outre, la récession économique, les licenciements en masse des travailleurs et la baisse de la consommation des ménages sont devenus synonymes de la situation que vit l'Espagne, en 2013. Aussi bien autochtones qu'étrangers subissent les affres de la crise. Devant la baisse d'intérêt pour les études sur la condition de l'immigrée en Espagne, à cause de la disparition de subventions apportées par les administrations publiques, il serait hasardeux de se limiter à des impressions personnelles, jugements de valeur infondés ou données non documentées. Comme évidence, il faut retenir que la main-d'œuvre féminine (immigrée et autochtone) a été fortement affectée par la crise économique, comme le confirment les statistiques et rapports de conjoncture diffusés par les institutions publiques dont l'Institut espagnol de la statistique et la Banque d'Espagne, et reproduits à maintes reprises par Al Bayane. Ce qui est certain c'est que le chômage féminin en Espagne a augmenté de plus que le double par rapport à l'Union Européenne (UE).
Le chômage touche plus de cinq millions de personnes, selon les statistiques officielles rendues publiques lundi dernier. En janvier dernier, 67.132 femmes avaient perdu leur emploi (contre 64.923 hommes) et 196.512 entre janvier 2012 et janvier 2013 (contre 184.437 hommes). Le chômage, la précarité, les contrats à temps partiel, les problèmes de conciliation de la vie familiale et la vie professionnelle sont les causes qui rendent la femme immigrée plus vulnérable dans la société d'accueil.
Une récente étude élaborée par la centrale syndicale Union Générale des Travailleurs (UGT), dont copie est parvenue jeudi à Albayane, relève que 25% des femmes en chômage en UE sont recensées en Espagne. L'absence de garanties au marché du travail peut avoir aussi une relation directe avec le changement social qui est lié à l'âge d'avoir (pour la femme) le premier enfant qui se situe actuellement à 31,5 ans en Espagne. Elle est suivie de l'Italie (31,4 ans) mais loin de la Bulgarie avec l'âge moyen le plus précoce en UE pour être mère avec 27,1 ans.
Le taux de chômage en 2012 parmi les femmes (25,38%) a été supérieur à celui des hommes (24,73%). La femme est d'autre part affectée par la précarité professionnelle du fait que 76% des contrats à temps partiel lui sont destinés. A cause des coupes budgétaires adoptées par le gouvernement, la femme a souffert de la réduction de certains de ses droits tels que les autorisations et licences de maternité et de mise en disponibilité pour l'éducation des enfants.
Curieusement, certaines données venues dans l'étude de l'UGT rejoignent les résultats d'une enquête que j'ai réalisée moi-même, pour le compte de l'Association ASISI. Selon cette étude, qui a permis de déterminer le profil de l'immigrée marocaine dans la Communauté autonome de Madrid, il s'agit d'une femme qui vit dans les mêmes conditions que le reste des immigrées d'autres nationalités pour être à la fois mère, femme mariée ou célibataire et travailleur. En dépit de la proximité géographique de son pays d'origine, elle tente de s'intégrer par l'apprentissage de la langue, la participation sociale et la convivialité partageant les coutumes des autochtones.
A cause des difficultés d'adaptation dans leur nouvel environnement, la majorité des femmes n'ont ni enfant ni conjoint. En dépit de cela, les deux tiers parmi elles ne bénéficient d'aucune aide ou prestation sociale, note l'étude qui a été financée par le gouvernement régional de Madrid
La quasi-totalité des femmes interviewées assurent avoir plus de deux ans de séjour dans la communauté autonome de Madrid (Madrid ville et région) et des papiers en règle. Cependant, plus de 50% disent qu'elles sont en chômage alors celles qui sont en activité assurent qu'elles exercent dans le service domestique, l'assistance aux personnes âgées et l'éducation de mineurs.
En détail, 80% de ces femmes sont jeunes pour avoir moins de 40 ans avec une proportion de 45% âgées de 30 à 39 ans et 35% de moins de 30 ans. D'autre part, 58% des femmes vivent seules dont 29% de célibataires, 22% de divorcées et 7% de veuves.
Contrairement à son profil dans les années 80 et 90, la femme marocaine voyage actuellement seule et sans besoin d'être placée sous la tutelle d'un homme. La progressive féminisation du collectif marocain avait commencé au début des années 90 de manière que son pourcentage (dans le collectif marocain) est passé de 23,5% dans la période de 1981-85 à 30% en 1986-1990. En 2003, le pourcentage des femmes dans le collectif marocain global en situation régulière avait atteint 35,7%.
Ceci signifie que le profil général de la femme marocaine dans la Communauté Autonome de Madrid correspond aux paramètres du marché du travail espagnol qui favorise les étrangères sans lien matrimonial.
Au moment de la réalisation de cette enquête de terrain (avril-juillet 2010), 59% des femmes interviewées avaient déclaré être sans emploi bien que 42% assuraient qu'elles avaient une expérience professionnelle de plus de trois ans. Dans sa majorité, le collectif marocain féminin exerce dans le service domestique (55%), l'éducation d'enfants (14%) et de personnes âgées ou dépendantes (13%). Ces données coïncident en général avec les opportunités de travail offertes aux immigrées en Espagne. Il existe une faible proportion de femmes marocaines qui exercent dans l'agriculture (4%) et 14%dans différentes occupation dans le secteur tertiaire (hôtellerie, culture, tourisme, loisirs, etc.).
La situation actuelle de l'immigrée marocaine en Espagne est similaire à celle des autres femmes étrangères mais aussi à celle des autochtones. Le marché du travail est loin de récupérer ses niveaux d'occupation entre 1995 et 2007 et affecte sans discrimination et de la même manière autochtones et immigrés.


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