Le Barça dépouillé de sa magie ! Si son avance en Liga n'est pas remise en cause, le FC Barcelone a connu une troisième défaite en 10 jours et traverse une crise de jeu inattendu. Est-ce l'absence prolongée de Tito Vilanova ? Le contrecoup du départ de Guardiola ? La baisse de régime de Leo Messi... ? Trois défaites significatives du FC Barcelone (Barça), en moins de deux semaines, face à l'AC Milan (20 février) et le Real Madrid (26 février et 2 mars) interpellent tout amateur du football et invitent à s'interroger sur les causes de la débâcle de ce club qui émerveille le monde avec son style, les qualités de ses joueurs et l'efficience de sa technique. En l'espace de cinq jours, il a essuyé, samedi, sa deuxième défaite devant le Real Madrid, son historique rival. Le résultat (2-1) est suffisant pour prendre la mesure de l'effet psychologique de cet échec sur le Barça alors qu'il avait battu le même club il y a trois ans sur un score inimaginable de cinq buts à zéro (novembre de 2010). La défaite du samedi au Santiago Bernabeu intervient à l'issue de l'ère Guardiola qui s'est caractérisée par un bilan largement favorable au Barca sur les 11 «classicos» disputés avec le Real Madrid (sous les commandes de José Mourinho) avec sept victoires et 25 buts en sa faveur. Pourquoi un tel renversement de situation ? La réponse est simple. Le style Barça, introduit par Johan Cruyff, poursuivi par Frank Rijkaard et perfectionné par Josep Guardiola, a été minutieusement étudié par José Mourinho et par le reste des entraîneurs du monde. Le jeu du Barça est devenu ainsi prévisible et l'adversaire a appris comment désactiver la magie de ses joueurs. Le staff catalan agit également avec entêtement en évoluant toujours avec la même tactique. La lecture du choc Real Madrid-Barca, samedi au Santiago Bernabeu, le corrobore. Le Barça s'est présenté avec son habituelle tactique (3-4-3) dont l'objectif est d'acculer le Real Madrid à la défensive. En face, les «Blancs» ont recouru à la recette qui leur valut la victoire au Nou Camp, mercredi dernier, en éliminant sur un score de trois buts le Barça aux demi-finales de la Coupe du Roi d'Espagne. Il a réédité la même tactique de 4-5-1, cédant l'initiative au milieu du terrain catalan et se contentant à verrouiller toutes issues aux ailiers adverses et exerçant un marquage de zone sur Messi. Pour surprendre le Barça, les «Merengues» ont usé d'une double arme : les contre-attaques et les coups de pied arrêtés (surtout le coup de pied de coin). Comme lors du match retour des demi-finales de la coupe au Nou Camp, les buts furent le résultat de mauvais marquage de la défense catalane. C'est la même astuce qui avait piégé le Barça dans les grands rendez-vous. Elle a été appliquée avec brio par l'AC Milan (2013), le Chelsea (2012) ou l'Inter Milan (2010) aux éliminatoires de la Champion ́s League. Devant une défense montée comme un bloc de béton, les combinaisons triangulaires entre la ligne d'attaque et le milieu de terrain du Barça deviennent monotones, répétitives et stériles. Messi, principale référence avancée est assiégé au milieu d'une forêt de pieds. Chaque perte de balle devant l'aire de réparation adverse se convertit en un clin d'œil en une opportunité de goal contraire et une contre-attaque. Les défenseurs catalans, évoluant généralement avec la mentalité d'attaquants, sont débordés, barrés et vaincus par des attaquants rapides, tels Cristiano Ronaldo, Maatawi (AC Milan) Ramires ou Torres (Chelsea). Peut-être l'absence de l'entraineur Tito Vilanova (écarté des pelouses pour une tumeur cancéreuse), l'accumulation de la fatigue et le calendrier exigeant seraient aussi parmi les facteurs déterminants dans l'analyse de l'actuelle situation que traverse le club au plan technique. Autre élément à retenir : l'obsession de nombreux clubs de vouloir détrôner le Barça, en renforçant leurs rangs avec de talentueux joueurs à coup de contrats pharamineux et engageant les entraîneurs les mieux cotés sur le plan international. C'est le cas de Real Madrid, et l'AC Milan les récents bourreaux du Barça. En résumé, le Barça est victime de sa propre philosophie de football spectacle. Fier de sa pépinière, il évolue cette saison sans grands nouveaux renforts. Ses décisifs joueurs (tels Xavi Hernandez et Carles Puyol) ont vieilli portant le maillot du club alors que sa défense est devenue fragile et sa ligne d'attaque est désactivée et sans force de frappe face à un adversaire qui excelle dans le marquage de zone, tels Real Madrid ou les clubs italiens. La même génération de joueurs, qui évoluent encore au sein du Barca (et sont aussi titulaires à la sélection espagnole), a remporté depuis la saison 2008-2009 un total de 13 titres officiels, dont trois titres de champion de Liga, une coupe du Roi d'Espagne, trois super-coupes, deux super-coupes d'Europe et deux coupes mondiales de clubs. A la suite de l'élimination de la Coupe du roi d'Espagne et sa piètre image face à l'AC Milan à la Champion ́s League, le Barça a l'avantage de disposer d'une bonne rente qui lui garantirait le titre de champion de la Liga. Ses chances dépendent beaucoup plus de ses mérites que des erreurs des adversaires mais il demeure, cette saison, difficile de rééditer les exploits des saisons précédentes.