Comment ne pas penser à l'approche de la date du 8 mars à la femme et à la femme marocaine tout particulièrement ? Voir les acquis modestes, mais non négligeables, qu'elle a réalisés et le chemin qui lui reste à parcourir pour arracher ses pleins droits et parvenir à se frayer le chemin qui la conduira vers cette égalité toujours recherché, jamais atteinte ! Il faut bien reconnaitre que grâce à l'opiniâtreté du mouvement féminin et de l'engagement des forces démocratiques, le premier verrou a sauté en 2003 avec l'adoption du nouveau code de la famille qui a mis fin au statut précaire imposé à la femme depuis des décennies. La nouvelle constitution de 2011 a fait sauter un deuxième verrou en intégrant dans son article 19 des dispositions qui relevaient dans le passé proche de l'utopie. Comme quoi, l'espoir et l'optimisme doivent toujours être de mise. Mais tout n'est pas encore joué et la réalité sur le terrain est loin d'être rassurante dans la mesure où les comportements et les mentalités ne changent pas en ratifiant des lois et en décrétant des règlements. Loin s'en faut. Pour nous limiter aux droits économiques, sociaux et culturels, on constate bien que la femme marocaine fait l'objet d'une discrimination manifeste à tous points de vue. La première discrimination, basique, réside dans la participation à l'activité économique : seules 25% des femmes dont l'âge est compris entre 15 et 60 ans exercent une activité qu'elle soit rémunérée ou non. Cette proportion est de 18,6% en milieu urbain contre 36 % en milieu rural. Ce qui ne signifie pas, bien évidemment, que la femme rurale est plus libérée que sa camarde citadine, dans la mesure où 75% des femmes actives en milieu rural exercent en tant qu'aides familiales, c'est-à-dire un travail non rémunéré. Séquelles de la féodalité et de l'esclavagisme ! La deuxième discrimination réside dans l'accès au marché du travail : la femme est plus exposée au chômage que l'homme. Ainsi, en milieu urbain, le taux de chômage des femmes atteint près de 20% contre 12,1% pour les hommes (13,8% moyenne nationale). A niveau de compétence égal, la gent féminine éprouve plus difficultés à obtenir un poste d'emploi pour un niveau de rémunération inférieur de 25 à 30% à celui accordé pour la gent masculine. La troisième discrimination, et c'est le corollaire des deux précédentes, réside dans les conditions de vie de la femme et tout particulièrement de la femme rurale. La pauvreté, l'analphabétisme et l'exclusion sociale se conjuguent surtout au féminin. Ce qui accule la femme à exercer des activités de survie et à faire l'objet d'exploitation dans des conditions infrahumaines. L'émancipation de la femme passe avant tout par sa participation à l'activité économique et son accès au marché du travail. Car seul le travail la libérera des servitudes. D'ailleurs, à chaque fois que l'occasion lui est donnée, elle n'a pas manqué de faire preuve de ses talents et de son abnégation. Elle le démontre chaque jour davantage, y compris dans des domaines réservés jusqu'à une date récente aux hommes tels que l'entrepreneuriat, l'administration territoriale... Elle passe aussi par son engagement dans l'action politique et le travail associatif. Sachant que le combat pour l'égalité hommes- femmes est un combat national qui nous intéresse tous. Jean Ferrat se plaisait à chanter : «a femme est l'avenir de l'homme». Voire, elle est l'avenir de toute l'humanité ! *Membre du Bureau politique du PPS et Professeur à la FSJES Rabat Agdal.