Le vrai verdict du vrai procès Le tribunal militaire permanent de Rabat a rendu son verdict dans le procès de Gdeim Izik. Sans vouloir revenir aux faits désolants de ce 8 novembre 2010 qui ont coûté la vie à onze membres des forces de l'ordre et à deux personnes civiles, et sans avoir à rappeler le déroulement du procès devant ledit tribunal, la question qui nous préoccupe le plus est toute différente : le verdict empêcherait-il la reproduction d'évènements plus ou moins malheureux que ceux du camp de Gdeim Izik ? Ne voulant s'aventurer sur une réponse qui s'avérerait, dans l'immédiat ou au fil du temps, hasardeuse, l'on dirait qu'il faut rester conscient du vrai procès et, partant, du vrai verdict. En effet, à notre point de vue, le procès de Gdeim Izik n'est pas celui des personnes arrêtées et jugées par le tribunal militaire permanent au cours du mois de février 2013. Il est plutôt celui d'une affaire où les parties adverses ont des enjeux différents. La première partie est certainement le Polisario et ses commanditaires qui, les deux, semblent ne pas vouloir prendre note de la conjoncture que la région entière est en train de vivre. Ils n'ont pas compris, ou ne veulent pas comprendre, que l'ère n'est pas celle du morcellement des territoires et de la fabrication des complots. Alors que les différentes régions du monde élaborent des formes institutionnelles développées de coopération et de développement dans la complémentarité et dans le respect mutuel, l'Afrique du Nord s'entête à ignorer le train de l'histoire simplement parce que les deux piliers majeurs de l'éventuelle union régionale sont déchirés par un conflit né dans un siècle différent et d'un contexte géopolitique tout autre. La deuxième partie au conflit est le Maroc. Certes, celui-ci a marqué plusieurs points positifs dans son bras de fer avec les adversaires de son intégrité territoriale. Il a été le porteur du projet de création d'un groupement économique régional, mort-né, appelé l'Union du Maghreb Arabe. Il a également consenti des efforts plus qu'exceptionnels en matière de développement économique et humain dans les provinces récupérées du Sahara. Toutefois, et comme l'a rapporté la commission spéciale d'enquête établie par le Parlement marocain en novembre 2010, quelques semaines après les évènements tragiques du même mois, il est temps de s'interroger pourquoi, en dépit de tout ce qui a été fourni, les évènements de Gdeim Izik se sont produits. Le procès de Gdeim Izik ne saurait faire figure de l'arbre qui cache la forêt. Au contraire, il serait plus judicieux de le considérer comme une opportunité, malheureuse certes mais historique, de revoir les méandres d'un dossier qui peine à trouver des issues. Partant d'un tel constat, seule une position courageuse et audacieuse, une formule gagnant-gagnant, serait de nature à changer le destin de toute une région d'Afrique. La chose est plus qu'urgente au vu des enjeux sécuritaires qui rythment la zone voisine du Sahel et qui menacent de la transformer en une pépinière du terrorisme et du trafic illicite de tous genres. Et c'est peut-être là le vrai verdict du vrai procès. Et l'Algérie de tirer les leçons appropriées de ce procès : le Maroc, tout en étant ouvert à l'intégration régionale et à la coopération internationale, ne cédera pas un pouce de son intégrité territoriale. Il y va du maintien de la paix et de la sécurité internationales. * Professeur à la faculté de droit de Meknès Conseiller auprès du Centre d'Etudes Internationales * Les événements de Gdeim Izik du 8 novembre 2010 sont des affrontements qui se sont produits à proximité de la ville marocaine de Laâyoune et qui ont opposé une minorité d'activistes, affiliés au Front Polisario, aux forces de maintien de l'ordre. A l'origine, une partie défavorisée de la population de Laâyoune avait mis en place, dès le début du mois d'octobre 2010, un campement, à quelques kilomètres de cette ville, afin de manifester des revendications socioéconomiques à l'adresse des autorités locales. Or, le campement sera progressivement infiltré par des activistes du Polisario, en plus de toute sorte de contrebandiers et de repris de justice. Ces fauteurs de troubles, voulant imposer leur loi, sont allés jusqu'à prendre en otage les familles sahraouies voulant évacuer les lieux après que l'Etat ait donné une suite favorable à leurs exigences sociales. A partir de là, et dans un souci de préserver la vie des citoyens et de rétablir l'ordre public, les forces de sécurité ont procédé au démantèlement du camp. A noter que, lors de l'intervention, les agents de sécurité n'ont pas fait usage des armes à feu. Ils ne disposaient au contraire que d'équipements conventionnels comme les matraques et les canons à eau. Ce qui explique qu'aucune balle n'ait été tirée. Or, c'était sans compter sur la sauvagerie dont ont fait preuve les émeutiers qui, après le campement, ont incendié la ville de Laâyoune causant, au passage, des dégâts matériels considérables. Le bilan de ces évènements sera catastrophique puisque 11 éléments des forces de l'ordre seront tués et 159 blessés. 2 civils ont également trouvé la mort.