Plus de 67.500 accidents et plus de 4500 morts Encore une fois, le Maroc a célébré le 18 février, la journée nationale de la sécurité routière, qui est à sa 8e édition, avec un constat alarmant : 67.515 accidents entre décembre 2011 et décembre 2012 dont 3.434 sont mortels, ce qui fait que les routes marocaines font partie des plus meurtrières au monde. Non pas à cause d'une guerre mais à cause des chauffards. Le Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC) déplore à l'issue de cette année 4055 tués, 11791 blessés graves et 89317 blessés légers, un bilan d'une guerre. Il est à noter aussi que l'accident le plus meurtrier de l'année a eu lieu juste à la sortie du col de Tizin Tichka quand un autocar a chuté du haut de la falaise faisant 43 morts, bilan qui rappelle tristement celui d'un attentat terroriste. Quoique le bilan relevé a diminué en 2012 par rapport à l'année précédente, ce recul reste insignifiant et ne reflète guère les efforts déployés aussi bien par les autorités que le CNPAC. Célébrée sous le thème «4000 tués nous sommes tous responsables!», la journée coïncide avec la dernière année de mise en œuvre du troisième Plan stratégique intégré d'urgence (PSIU III) 2010-2013. Dans le but de stopper cette hécatombe, plusieurs mesures ont été prises dont l'adoption du nouveau code de la route, qui n'a eu qu'un impact insignifiant sur la situation. Les autorités ont lancé aussi la décennie d'action pour la sécurité routière 2011-2020 dans l'objectif d'inscrire, de manière durable, la baisse des indicateurs de sécurité routière. Au niveau médiatique, 13 spots TV et Radio ont été diffusés sur différents thèmes de la sécurité routière dont le contrôle de la vitesse par radars, le port de la ceinture de sécurité aux sièges arrière, le port du casque, l'usage du téléphone au volant, la sécurité des usagers vulnérables et le respect des pistes cyclables. Il y a lieu également de citer la conception et la diffusion de 17 émissions Radio traitant des différents thèmes liés à la prévention et à la sécurité routières dans le cadre d'une convention de partenariat entre le CNPAC et la SNRT. Sur le plan éducatif, un ensemble d'actions d'éducation routière a été organisé en coopération et en coordination directe avec les établissements scolaires publics et privés, profitant à plus de 4000 enfants et 80 cadres enseignants. Selon le ministère de l'Equipement et du transport, la plus grande partie des accidents de la circulation est imputable à l'élément humain : près de 94% des usagers de la route ne respectent pas le panneau STOP, 28% des conducteurs des véhicules légers en milieu urbain ne mettent pas la ceinture de sécurité, 9% des conducteurs des véhicules en milieu urbain et 29% de motocyclistes ne s'arrêtent pas au feu rouge. Nombreux aussi sont les accidents causés par des chauffards sans permis ou avec des permis de complaisance, ivres ou drogués, sans oublier l'excès de vitesse, les dépassements dangereux et la surexploitation des chauffeurs des autocars surtout par des patrons avides d'argent. De l'avis de tous les intervenants, l'élément humain représente la première cause des accidents de la route au Maroc, auquel s'ajoute l'état mécanique des véhicules et de la chaussée. Il va sans dire que l'amélioration de la situation reste tributaire en dernier ressort de l'évolution de la mentalité des usagers, dont certains n'accordent aucun intérêt au respect des autres et de la vie. D'aucuns auraient même une tendance suicidaire comme ceux qui n'hésitent pas à doubler dans un virage, même privés de visibilité. Et pourtant, le Maroc ne compte qu'un parc automobile de quelque 3 millions de véhicules, loin derrière des pays comme les Etats-Unis, la France ou la Suède. Selon le CNPAC, le parc marocain tue 14 fois plus qu'en France, 23,3 fois plus qu'en Suède et 11,7 fois plus qu'aux Etats-Unis. Au-delà du drame humain qu'ils provoquent, les accidents de la route causent d'énormes pertes à l'économie nationale et hypothèquent la croissance du pays. Le coût socio-économique des accidents de la route au Maroc est estimé par l'Organisation mondiale de la santé à 11,5 milliards de dirhams par an, soit 2% du PIB. Mais, en fin de compte, à qui profitent cette hémorragie et ces pertes en vies humaines et en opportunités de développement économique ? A personne bien sûr.