«Pour une stricte application des dispositions de la Constitution» La célébration du nouvel An amazigh marque l'appartenance de la culture amazighe à la civilisation universelle agraire, souligne Ahmed Boukouss, recteur de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM). S'agissant de l'élaboration des lois organiques de l'amazighité, Boukouss indique que son Institut attend toujours une invitation des institutions compétentes pour rendre compte de ses propositions, conformément à l'approche participative annoncée par le gouvernement. Al Bayane : les Marocains fêtent, ce dimanche 13 janvier, le nouvel An amazigh, quelle est la portée historique et symbolique de cette célébration ? Ahmed Boukouss : Si la portée historique de l'évènement relève plus des mythes fondateurs de l'amazighité que de la vérité historique à proprement parler, en revanche la portée symbolique est importante. La célébration du nouvel An amazigh 2963 a une signification culturelle et anthropologique. Elle marque l'appartenance de la culture amazighe à la civilisation universelle agraire. L'attachement de l'Amazigh à la nature et à l'environnement se reflète dans les pratiques culinaires et artistiques liées à cette célébration ancestrale. Où en sommes-nous dans l'élaboration des lois organiques sur l'amazighité ? La promulgation des lois organiques qui concernent l'amazigh est annoncée dans le programme de l'actuelle législature. Elle devrait intervenir en décembre 2013. Il s'agit précisément de la loi relative à la mise en œuvre du statut officiel de l'amazigh et celle qui a pour objet la création du Conseil national des langues et de la culture marocaines. A cet effet, le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif avec ses deux chambres se concertent. La Chambre des Conseillers a même organisé une journée d'études à ce sujet, journée à laquelle ont participé les institutions concernées ainsi que des activistes représentant certaines associations. A cette occasion, l'IRCAM a exposé les principes généraux de sa vision ainsi que les modalités de leur mise en œuvre. Le document comportant ces principes et ces modalités peut être consulté sur le site de l'IRCAM (www.ircam.ma). Ceci dit, dans le cadre de l'approche participative annoncée par le gouvernement, nous attendons toujours une invitation des institutions compétentes pour rendre compte de nos propositions. Quelles sont vos attentes par rapport à cette loi ? Nos attentes sont les suivantes : la stricte application des dispositions de la Constitution (le préambule et l'article 5) ; la mise en œuvre effective du statut officiel de l'amazigh dans les meilleurs délais ; la capitalisation des acquis réalisés par l'IRCAM, notamment en matière de standardisation de la langue amazighe, de codification de la graphie tifinaghe, et de généralisation de l'enseignement de l'amazigh ; et la promotion de la culture amazighe par la valorisation de ses producteurs, artistes, créateurs, écrivains et poètes.