Des mots, toujours des mots, rien que des mots Depuis l'avènement de l'assurance Maladie Obligatoire (AMO) en 2005, le problème de la prise en charge et des remboursements des soins bucco-dentaires a été posé au niveau de la caisse Marocaine de sécurité sociale (CNSS). En 2013 c'est toujours le statu quo. Le comment et le pourquoi d'une situation qui donne mal aux dents. La question de l'extension de l'assurance maladie obligatoire aux soins bucco-dentaire a été depuis l'entrée en vigueur de l'AMO en octobre 2005 posée au niveau de la CNSS, elle a été écartée pour des raisons purement financières, de pérennité du système de protection sociale de la CNSS, mais pas seulement. Aujourd'hui, en 2013, cette question de l'extension de l'AMO aux soins bucco-dentaires par la CNSS est de nouveau posée sans que soit trouvée une solution, ce qui bien entendu provoque la colère et le mécontentement des médecins dentistes qui ne comprennent plus ce que signifie, ni ce que cache cette attitude et décision prises par la CNSS. Si on s'en tient aux dernières déclarations officielles de la CNSS suite a son dernier conseil d'administration du 17 décembre 2012, la question de l'extension des soins bucco-dentaires a été abordée, mais n'a pas été tranchée pour autant. On peut penser à juste titre d'ailleurs que la décision de différer de nouveau l'extension de la couverture des soins dentaires à l'ensemble des affiliés et leurs ayants droit est difficile à prendre en ce moment, eu égard à la crise économique qui secoue certains secteurs de l'industrie, ce qui entraine des retards au niveau des cotisations. La CNSS fait face à ce genre de situation tant bien que mal et en tant que gestionnaire de l'AMO elle se doit de garantir la pérennité du système en prenant les décisions qu'il faut, des décisions qui forcément ne conviennent pas à tout le monde et en particulier aux médecins dentistes et aux adhérents. Mais si on s'en tient aussi à ce qui se dit autour de cette décision qui vise à reporter l'extension de l'AMO aux soins bucco-dentaires, il ressort que lors du dernier conseil d'administration de la CNSS, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a pesé de tout son poids pour renvoyer au calendre grec cette décision craignant un déséquilibre du régime de couverture médicale surtout si celui-ci nécessite un financement supplémentaire. Le patronat n'est pas prêt pour l'instant à consentir une augmentation de sa quote-part et de leur coté les syndicats refusent que soient revu à la hausse les cotisations des salariés. En attendant que soit trouvé un terrain d'entente entre les différentes parties, les affiliés et leurs ayants droit devront prendre encore une fois de plus leur mal en patience. Cette décision, la énième du genre est perçue comme une injustice au moment ou l'accès aux soins est un droit fondamental de tous les citoyens conformément au contenu de la nouvelle constitution. Ce droit à la santé, aux soins bucco- dentaires en particulier, est légitime, surtout pour celles et ceux qui cotisent régulièrement chaque mois depuis des années. Les responsables de la CNSS sont très sensibles par la question de l'extension des soins dentaires, d'ailleurs ils insistent pour dire que les soins dentaires sont actuellement couverts par la CNSS dans le cadre de l'AMO pour les populations suivantes : enfants de moins de 12 ans et les porteurs de certaines maladies entrant dans le panier de soins de l'Assurance maladie obligatoire et qui sont au nombre de 120 maladies. De ce fait, la CNSS n'a jamais écarté du panier de soins le remboursement des soins dentaires. Elle a juste différé la prise en charge de ces soins pour les assurés autres que les porteurs d'ALD et les enfants de moins de 12 ans et ceci en se basant sur des études actuarielles dans le but d'assurer la pérennité du système. Dans tout nouveau système, il faut procéder par priorité. En matière de couverture de soins dentaires, la priorité a été donnée à la population jugée la plus vulnérable en attendant l'extension prévue pour le reste des assurés, ce qui sera certainement réalisé bientôt, l'important c'est de garder présent à l'esprit la ligne directrice de la mise en œuvre de l'AMO qui a été dès le départ : la progressivité. Il faut avoir présent à l'esprit que tous les systèmes de couverture médicale qui ont péché par manque de prudence connaissent des difficultés majeures et hypothèquent leur pérennité, ce que la CNSS ne veut pas... Qu'en pensent les dentistes ? La Fédération nationale des médecins dentistes privés du Maroc en tant qu'instance nationale responsable soucieuse de la réussite du système d'assurance maladie obligatoire, un projet à caractère social par excellence visant à généraliser une couverture médicale de base pour tous les citoyens Marocains, un droit garantie par la nouvelle constitution insiste pour informer l'ensemble des citoyens que de nombreuses études et recherches scientifiques, ainsi que les recommandations de l'OMS démontrent clairement l'intérêt de la santé bucco-dentaire et son impact sur la santé générale de notre population. De ce fait la Fédération estime qu'il est temps de généraliser la prise en charge des soins bucco-dentaires à tous les affiliés de la CNSS d'autant plus qu'elle est à la veille du basculement des 400.000 familles (plus de 2 millions de personnes) assurées près des assurances privés vers la CNSS. Si aujourd'hui les salariés assurés au privé basculent vers la CNSS dans ces conditions et donc en violation de l'article 6 de la loi 65-00 qui parle de nécessite de préservation des acquis, plusieurs retombées négatives seront au rendez-vous, vu que cette dernière n'assure les soins bucco-dentaire que pour les enfants de moins de 12 ans, les femmes enceintes et les porteurs de certaines affections de longue durée c'est-à-dire un nombre négligeable avec exclusion des prothèses dentaires et traitements orthodontiques. En premier lieu, des retombés sanitaires qui plomberons sans nul doute l'équilibre des caisses à moyen et long termes, mais aussi une atteinte au pouvoir d'achat de ces citoyens car ils seront obligés de payer leurs soins chez les dentistes tout en ayant payé leurs cotisations pour la CNSS, alors même que ces personnes étaient entièrement couvertes chez les assurances privées. Nous avons assisté ces derniers jours à une sortie massive de la CNSS dans les journaux expliquant à qui voudrait la croire que les soins dentaires plomberont les caisses ! Répondant à cela, et pour ceux qui prônent l'équilibre des caisses, nous donnons l'exemple de la CNOPS qui prend en charge intégralement les soins dentaires ainsi que la prothèse depuis des années et dont le bilan reste tout à fait stable. De plus les études de l'ANAM démontrent que même avec l'extension aux soins bucco-dentaires le déficit technique qui risque d'apparaitre en 2015 sera comblé en 2017 par le résultat excédentaire cumulé qui serait de 11,85MMDH, autrement dit les montants des cotisations resteront inchangées. A l'heure où on cherche la consilience sociale et que le Roi et son gouvernement multiplient les efforts et les actions pour le développement humain nous espérons que la bonne décision sera au rendez-vous.