Les nouveaux pauvres «Avec la fin des années des nouveaux riches, nous entrons dans la phase des nouveaux pauvres. Durant les quatre dernières années, commençait à affluer peu à peu dans la société un nouveau profil de citoyen, celui du nouveau pauvre». Avec cette introduction, la journaliste Rosa Jiménez a entamé une chronique datée de Cordoue (Sud de l'Espagne) et parue mardi dans le quotidien El Mundo. Elle décrit la situation d'une importante frange de la population qui a été impitoyablement frappée par la récession et vit de la charité publique. Il s'agit généralement de personnes qui avaient eu un emploi et vivaient dans des conditions de vie digne, mais à cause de la crise elles ont tout perdu et se trouvent obligés à «vivre de la charité», note le journal. L'augmentation des personnes qui ont ce nouveau profil attire l'attention spécialement aux sièges des associations caritatives où des centaines parmi eux y viennent solliciter de l'aide. C'est le cas du Réfectoire Social de los Trinitarios (Cordoue) qui, depuis 1999, ne cesse de prêter assistance aux plus nécessiteux. A partir de 2005, la Fondation Prolibertas a pris en charge ce réfectoire et d'autres services sociaux mis au service de ses usagers. Durant les dernières années, a déclaré à El Mundo Antonio Aurelio Fernández, directeur de Prolibertas, le nombre de ces bénéficiaires a augmenté bien qu'ils disposent de leur propre appartement et touchent une prestation sociale qui dans la majorité des cas «suffit juste pour payer le reçu de l'eau et de l'électricité». A cause de la forte affluence, la capacité du réfectoire est devenue «de plus en plus insuffisante puisque les cent places qu'il compte sont constamment occupées», a-t-il ajouté notant que des «rations séparées de repas sont remises à ceux qui ne peuvent y entrer faute d'espace». Le réfectoire est destiné a réaliser un programme de soutien au profit des personnes exposées à un risque d'exclusion sociale et aux sans-toit démunis de tout moyen de vivre dans dignité, a expliqué le responsable de ce restaurant à but caritatif. Le réfectoire accueille, les dernières années, de nouveaux profils de personnes différents de ceux des victimes de la drogue et de l'alcool. «Aujourd'hui le réfectoire est devenu la destination des immigrés qui ont perdu leur emploi ou familles entières qui sollicitent de l'aide pour pouvoir alimenter leurs enfants», conclut la même source. Le profil du «nouveau pauvre» en Espagne est celui d'un Espagnol de moins de 40 ans qui travaillait dans l'industrie ou le bâtiment et se trouve actuellement au chômage. Il est passé de la situation de celui qui avait un salaire à celle de celui qui dépend désormais d'une prestation sociale ou qui fréquente les institutions caritatives pour se nourrir. Ce portrait a été décrit par l'ONG Caritas dans son dernier rapport en se basant sur des données statistiques. La Croix Rouge d'Espagne signale de son côté, dans un rapport rendu public en novembre de 2011, que sept des dix demandeurs d'aide aux ONG étaient sans emploi. Dans cette étude intitulée «L'impact du chômage dans la vulnérabilité social», la Croix Rouge observe que 91% des personnes interrogées sur un total de 123.000 se trouvaient dans une situation de pauvreté relative, c'est-a- dire qu'elles vivaient dans un ménage d'une rente mensuelle de 700 euros. La rente mensuelle moyenne en Espagne était de 528 euros par famille en 2011.