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SIDA, un fléau toujours d'actualité
Publié dans Albayane le 24 - 12 - 2012


Préservatif, abstinence ou mariage précoce...
seuls boucliers
Comme chacun sait, le 1er décembre de chaque année, il est devenu de tradition de célébrer la journée mondiale de Lutte contre le Sida. Mais, cependant, comble de l'ironie, le Sida (Syndrome d'immunodéficience acquis ou AIDS en anglais) ne cesse de progresser d'année en année, au point d'atteindre des proportions plus qu'alarmantes, pour ne pas dire catastrophiques. Et le continent noir (l'Afrique) de payer le plus lourd tribut de cette pandémie, de ce fléau...
Il y a quelques années, vers le milieu des années 90, nous avions publié un article sur le SIDA, «Fléau du 20e siècle». Mais, à cette époque, nous étions loin de nous douter de la progression fulgurante de cette terrible maladie et nous espérions, naïvement, que les hommes de science ne tarderaient pas à trouver le remède radical qui en viendrait à bout, ou, tout au moins, le vaccin providentiel. Or voici que nous sommes en 2012 et, donc au début du 21e siècle et que, non seulement le remède « miracle» n'a toujours pas été découvert, pas plus que le vaccin, mais, bien plus, que la maladie continue de faire des ravages parmi la population mondiale. Et nous n'en sommes, paraît-il, qu'au début de nos peines !
Prévention
Le fait est que, pratiquement, aucune contrée du globe ne se trouve, aujourd'hui, épargnée. Et pour cause ! La rapidité des moyens de transport et la grande fréquence des déplacements y sont pour quelque chose. Mais comble du paradoxe, on assiste, également, et malgré tous les efforts entrepris, notamment par les Associations et les ONG, et même par les gouvernements, à un relâchement, pour le moins inattendu et surprenant de la Prévention. Comment expliquer ce relâchement que l'on constate même, et peut-être surtout, dans les pays nantis, évolués ? Mystère et boule de gomme... C'est le moins que l'on puisse dire... Et ceci, malgré une prise de conscience indéniable chez nos amis des pays industrialisés (Europe, USA, etc.). Il faut reconnaître que la prévention en la matière est plutôt limitée. On n'a pas, à vrai dire, beaucoup de choix. En l'absence de traitement définitif et de vaccin, c'est le «préservatif» ou rien. Or, si le préservatif a fait ses preuves, en matière de prévention, et ceci est incontestable, il n'en demeure pas moins qu'il a ses limites et ses «détracteurs». Nonobstant certaines considérations purement religieuses (l'église catholique, par exemple, est officiellement contre l'usage du préservatif), on doit reconnaître à celui-ci (condom des Anglo-saxons ou «capote anglaise» des Français) certaines défaillances ou imperfections. Celui-ci, en effet, peut glisser ou se déchirer en cours de rapport sexuel. En outre, pour peu qu'il soit déjà, au départ, de mauvaise qualité, ne présentant pas une protection sûre et suffisante à 100%, c'est le sauve-qui-peut à brève échéance, voire la «débandade» totale et irrémédiable. Enfin et surtout, l'usage du préservatif n'est pas toujours facilement accepté par les usagers éventuels (masculins), quand il n'est pas, carrément, rejeté par ces derniers, pour le motif qu'il est gênant et qu'il «ôte tout le plaisir que l'on ait à faire l'amour»...
A tel point que, dans certains pays d'Asie réputés pour leurs ébats amoureux... contre monnaie «sonnante et trébuchante», les clients occasionnels mâles vont jusqu'à proposer de payer le double du prix de la «passe», à condition de ne pas avoir recours ou, plus exactement, de ne pas se voir contraints d'utiliser «le fameux préservatif». De sorte que l'argument selon lequel le tapage médiatique autour de l'emploi systématique du préservatif comme seul et unique moyen de prévention ne serait qu'une propagande indirecte, «déguisée», pour encourager la multiplication des rapports sexuels, ne tient pas debout. La preuve en est, donc, l'aversion ou la répulsion qu'un grand nombre d'usagers potentiels éprouvent à l'encontre de ce «latex de malheur» (le préservatif). Par ailleurs, avec ou sans préservatif, ce n'est pas la crainte du Sida qui fait que nos contemporains se soient, pour autant, décidés à changer leurs habitudes en la matière. Il faut croire que les mauvaises habitudes sont coriaces, comme, du reste, dans de nombreux domaines, tels que, à titre d'exemple, le tabac notamment. On a même l'impression que c'est tout à fait le contraire qui se produit et qu'il y a, contre toute attente, une recrudescence notoire de la «débauche sexuelle» à l'échelon de la planète. Est-ce par ignorance ou plutôt par manque d'information et de conscientisation ? Toujours est-il qu'on en est là, aujourd'hui...
Soit, mais alors, si on n'emploie pas le préservatif (c'est le cas dans certains pays comme, par exemple, le Libéria), que reste-t-il pour se protéger du SIDA ? Ce n'est pas compliqué : l'abstinence, c'est-à-dire le fait de s'abstenir de tout rapport sexuel, tout particulièrement chez les individus célibataires ou divorcés, jeunes ou vieux. Elémentaire, mon cher Watson, n'est-ce pas ? D'où, en tout état de cause, et en toute logique, l'encouragement au mariage et notamment le mariage précoce, comme cela se faisait autrefois. Encore faut-il avoir, il est vrai, les «moyens» de se marier, cela va de soi... car, hélas, le mariage, qui demeure la solution idéale dans ce cas - à condition de ne pas divorcer 6 mois après - n'est pas, de nos jours surtout, compte tenu notamment du chômage élevé chez les jeunes, à la portée de tout le monde. Du reste, à défaut de pouvoir se mettre la «corde au cou», mieux vaut encore vivre en «concubinage» (même si c'est malencontreusement et stupidement interdit par la loi, une loi qui ne tient pas compte, hélas, des réalités de notre époque et qui, inconsciemment, sans le faire exprès, expose nos concitoyens au risque d'attraper le SIDA, puisque, n'ayant pas le droit de «concubiner», si l'on peut s'exprimer ainsi, ces derniers sont obligés de se rabattre sur des moyens de «piètre» fortune et bonjour les dégâts !), que de se contenter par conséquent d'aventures «risquées», épisodiques, tout particulièrement avec les péripatéticiennes qu'on appelle communément «filles de joie» ou de «trottoir», avec surtout la probabilité élevée, pour ne pas dire inéluctable, d'être infectés par le virus incriminé, et encore moins de se livrer carrément et ostensiblement de surcroît, à la «débauche sexuelle», ce qui est condamnable, bien évidemment, tant sur le plan moral que sur le plan religieux. Sans parler du plan «bassement» pécuniaire, bien entendu... Car ce n'est pas gratuit ! Loin de là... Il faut dire que la prostitution, qui est, comme on dit, le «plus vieux métier du monde», existe chez nous, comme dans toute l'Afrique, l'Asie, etc., dans des proportions inimaginables - il paraît que l'on «recrute» des «candidates» à la prostitution même parmi les lycéennes et les étudiantes de fac : on n'arrête pas le progrès, autrement dit - si tant est que l'on puisse parler de progrès dans ce cas précis (!) - et qu'elle est la première pourvoyeuse de ces infections qu'on appelle maladies sexuellement transmissibles (M.S.T.), le SIDA y compris, ce dernier étant, en quelque sorte, leur porte-drapeau ou leur porte-flambeau.
Responsabilité
Après tout, il s'agit de savoir ce qu'on veut dans la vie et, surtout, si l'on tient à vivre, sinon, qui plus est, à survivre... Et dans l'immédiat, nous semble-t-il, il ne faut reculer devant aucun moyen préventif, si minime ou si contraignant fût-il, pour éviter de succomber à cette redoutable maladie, pour l'instant désespérément incurable, encore une fois, comme déjà mentionné plus haut.
Et puisqu'il en est ainsi et pas autrement, il faut savoir que la responsabilité n'en incombe pas seulement aux associations, aux ONG et aux gouvernements, mais à tout un chacun. En effet, c'est plus que jamais une responsabilité individuelle car, si chaque individu est parfaitement conscient des risques qu'il encourt - et que, par-dessus tout, il fait encourir aux autres, s'il est infecté par le virus - il pourra, dès lors, aisément se prémunir contre le danger, ou en limiter les dégâts... tout au moins.
Reste le problème des transfusions sanguines et des dérivés sanguins (cas des hémophiles, pour ces derniers). Pour rappel, on sait que le virus du SIDA (VIH) se transmet essentiellement par voie sanguine (cas des rapports sexuels, des transfusions sanguines et de la transmission mère-enfant lors de la grossesse, de l'accouchement ou de l'allaitement au sein). Dans ce cas, une seule solution, se recommander entre les mains de la « divine providence » et espérer que le sang qu'on reçoit par ces voies (transfusions ou dérivés sanguins) ne soit pas contaminé. Théoriquement, on le sait, ce risque n'existe, pratiquement, plus, aujourd'hui. Mais enfin, on ne sait jamais...
Enfin, pour les blessures ou les piqûres involontaires (par du sang susceptible d'être contaminé), on ne saurait trop recommander une extrême prudence, de grandes précautions, si possible draconiennes en particulier chez le personnel médical et paramédical et chez toute personne en contact avec un sujet séropositif (c'est-à-dire un sujet infecté par le virus du SIDA mais ne présentant pas encore les symptômes de la maladie).
A ce propos, il y aurait au Maroc, selon le ministère de la Santé, 80% de Marocains infectés par le virus (VIH) qui ignoreraient vaillamment leur séropositivité ! Ce n'est pas peu de dire qu'une telle situation est pour le moins préoccupante. Et pourtant, comme le dit une célèbre chanson des années 60 ou 70, il suffit de songer à se faire dépister, d'autant plus que le dépistage, s'il n'est que facultatif, et en aucun cas obligatoire, n'en est pas moins gratuit et anonyme. Il suffit, pour ce faire, de s'adresser aux associations de lutte contre le Sida, telles que l'ALCS à Casablanca ou l'OPALS à Rabat. Or, si nos concitoyens hésitent à y avoir recours, c'est plus par une attitude puérile de peur de se savoir séropositif, que pour d'autres motifs plus aléatoires. En attendant, le sujet séropositif, qui ignore donc sa séropositivité, s'en va infecter allègrement la plupart de ses partenaires sexuels, ce qui est un comportement, pour le moins, hautement criminel, passible de sanctions pénales. A signaler que l'on dénombre au Maroc entre 20 et 30.000 cas de sujets séropositifs...
En ce qui concerne le traitement actuel du Sida, on fait appel à ce qu'il est convenu d'appeler la trithérapie, qui est donc à base de trois médicaments. Ceci, en attendant la découverte d'un traitement définitif et éventuellement d'un vaccin. On vit d'espoir, n'est-ce pas ? Ce traitement antirétroviral dirigé contre le VIH est également administré aux cas séropositifs, de préférence dès la découverte de la séropositivité de la personne infectée.
Quant aux chiffres de la pandémie proprement dite, je vous en fais grâce, puisqu'ils sont largement diffusés par les médias, et par ce merveilleux outil informatique qui est à notre disposition aujourd'hui et qui s'appelle, vous l'avez deviné, bien entendu, l'internet. Un seul chiffre, cependant : en 2010, on prévoyait en Afrique subsaharienne, pas moins de 20 millions d'orphelins du SIDA (estimation OMS – ONU SIDA).
Dr. Farouk Dadi (Médecin de travail)


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