Les dirigeants du polisario dans le viseur de la justice espagnole Il aura fallu attendre cinq ans pour que des victimes de la junte militaire du polisario obtiennent gain de cause. L'histoire remonte au 14 décembre 2007, lorsque des Sahraouis des provinces du sud marocain ont déposé une plainte auprès de l'Audience nationale espagnole contre des responsables algériens et autres dirigeants de l'Etat fantoche pour «délits de génocide, tortures, disparitions forcées, détentions illégales et graves violations des droits de l'Homme». En fait, après un combat de longue haleine, la haute juridiction espagnole a fini par obtempérer. L'information a été divulguée par José Manuel Romero Gonzalez, l'un des avocats des plaignants. Une conférence devrait normalement être tenue, ce jeudi, à Madrid pour donner plus d'explications, ajoute la même source. Ainsi, plusieurs responsables du polisario sont désormais dans le viseur de la justice espagnole. Il s'agit en l'occurrence de Brahim Ghali, ex-représentant de Abdelaziz El Marrakchi en Espagne, Sid Ahmed Batal, chargé de la cellule d'information, et Bachir Mustapha Sayed, soi-disant ministre de l'éducation. Les plaignants pointent également du doigt Khalil Sidi Mhamed, occupant le poste du «ministre des colonies», et Mohamed Khaddad, coordinateur avec la Minurso. Soulignons dans ce sens que la plainte n'aurait pas pris le bon chemin si une délégation du barreau espagnol n'avait pas pris le soin de faire le déplacement dans le sud du royaume. Les témoignages recueillis sur place, auprès de plus de 50 personnes, ont convaincu les avocats espagnols de la justesse de cette cause. Notons dans ce sens que la délégation a aussi constaté de visu les séquelles et les empreintes des actes de violences infligés aux victimes par les tortionnaires du siège de Rabouni. Qui plus est, les avocats des plaignants disposent maintenant des dossiers médicaux transcrits par des experts internationaux, attestant de l'état très critique de la santé des victimes. Selon une dépêche de la MAP, plus de 76 cas ont été enregistrés dans la seule ville de Laâyoune. Les avocats ont également souligné qu'ils disposent des preuves apodictiques, notamment des témoins oculaires, accusant fortement la junte militaire des camps de Lahmada. Nouvelle tournure ? S'agit-il ainsi d'un nouveau rebondissement dans le dossier du Sahara marocain ? Répondre à une telle question n'est point un exercice si facile, rétorque Salem Latafi, membre du Corcas. «Le fait que l'Audience nationale espagnole ait accepté de recevoir la plainte est un événement important, mais il faut faire preuve d'une certaine prudence et ne pas anticiper les événements», a-t-il ajouté, tout en soulignant que «les dernières révélations témoignant de l'accointance entre le polisario et des éléments d'Al Qaida dans le nord du Mali, sans omettre aussi les récentes déclaration de Christopher Ross, mettant en garde contre l'explosion de la région en raison du statu quo, poussent à croire qu'un nouvel ordre est en train de se mettre en place dans la région». De son côté, Abdelmajid Belghazal, lui aussi membre du Corcas, estime que «le plus important pour le Maroc concernant cet événement, c'est la manière avec laquelle ont doit le gérer». Autrement dit, l'Etat doit capitaliser sur cette affaire, en menant un véritable lobbying au niveau médiatique pour maintenir plusieurs longueurs d'avance sur ses adversaires», a-t-il laissé entendre.