El Kettani : installer les bases de nouveaux modèles de travail et de décisions Le Forum International «Afrique Développement», a ouvert ses travaux hier jeudi 8 novembre à Casablanca. Organisé par le Groupe Attijariwafa bank, cette deuxième édition du forum, placée sous le thème : «Quels leviers d'accélération pour la coopération Sud-Sud ?» constitue une plateforme d'échanges et de réflexion, s'inscrivant dans une démarche de promotion des investissements et du commerce Sud-Sud. Il a pour vocation d'offrir davantage de visibilité, de répertorier les projets d'investissement les plus porteurs et d'assurer l'accompagnement nécessaire pour leur concrétisation. Plus de 1.300 opérateurs économiques et décideurs politiques du Maroc, d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale ont pris part à cet événement qualifiée de prestigieux, en vue d'insuffler une nouvelle dynamique interafricaine, à travers les partenariats commerciaux, investissements et joint-ventures. Au cours de cette rencontre de deux jours, il est prévu l'organisation de rencontres d'affaires entre décideurs et investisseurs économiques ainsi que des panels animés par des experts de renom autour des thématiques répondant aux préoccupations des opérateurs, notamment le transport et la logistique, la fiscalité, la protection des investissements et leur cadre réglementaire, ainsi que le financement des échanges commerciaux et des investissements. Le succès de cette rencontre témoigne, selon le président du Groupe Attijariwafa bank Mohamed El Kettani, du «caractère vital et stratégique de la coopération Sud-Sud. Car il ne s'agit pas d'un simple sujet d'économistes, ou encore d'un exercice de prospective, mais bel et bien d'appréhender notre réalité et de choisir nos lendemains, dans une Afrique incommensurablement jeune où, rappelons le, sur un milliard de personnes, un habitant sur deux a moins de 20 ans et plus des deux tiers des Africains ont moins de 30 ans ! «Si l'idée de l'intégration régionale est évidente et a démontré sa puissance dans d'autres régions du monde, nous nous accordons à constater que son chemin d'application est long et complexe sous nos cieux africains», a notamment déclaré M. El Kettani, à l'ouverture des travaux du Forum. Pour le président de la première banque privée au Maroc, «le renforcement de la coopération Sud-Sud n'est pas l'alternative à la coopération Nord-Sud. Elle en est le complément qui viendrait conforter l'adaptabilité et la compétitivité». «Il est de notre responsabilité, entreprises et opérateurs économiques, a-t-il ajouté, de nous mobiliser pour installer les ponts, faciliter les opérations de transport et de logistique de nos productions, le financement de nos investissements ainsi que leurs protections, pour davantage de création de valeurs et d'opportunités communes de développement. Faisant le constat de la situation actuelle du continent et de son potentiel de croissance, le président du premier groupe bancaire marocain constate que «l'Afrique se retrouve à la croisée des chemins. Les yeux du monde sont rivés sur notre continent, considéré comme l'une des ultimes niches de croissance à hautes valeurs ajoutées, comme le futur atelier et grenier du monde». En effet, l'Afrique enregistre, selon l'orateur des taux de croissance aujourd'hui supérieurs aux zones les plus développées (avec un TCAM supérieur à 4% sur la décennie) et demeure cependant parmi les moins socialement évolués. En dépit de ses richesses et de la majesté de ses paysages, le continent attire moins de touristes que la seule ville de Paris! Est-ce normal, s'interroge M. El Kettani. Est-ce toujours envisageable qu'avec le taux d'urbanisation galopante de ses villes (qui enregistre les plus fortes croissances démographiques urbaines avec l'Asie, 57% de la population est urbanisée en 2010), et les besoins en logement, nous ne produisions que si peu de logement sociaux et d'habitats ? se demandait-il. Il ne s'agit pas, dans ce Forum, d'aborder uniquement l'enjeu de l'accélération de la coopération Sud-Sud, mais d'abord de remettre le bon contenu dans le mot coopération, et installer les bases de nouveaux modèles de travail et de décisions, devait rappeler M. El Kettani. Le président d'Attijariwafa bank a la conviction que «la seule stratégie possible pour l'Afrique est d'accélérer la coopération Sud-Sud, pour que les atouts des uns soient au service des autres».