La mémoire retrouvée Elle est bien révolue l'épopée minière, partout dans les gisements de charbon, en Europe, notamment dans le nord de la France. On se souviendra de l'expatriation des poitrines robustes, tamponnées du «sceau d'aptitude» d'un certain Mora chargé, à l'époque, de sélectionner les mineurs de roc, tels Blek le trappeur de nos anciennes et fascinantes bandes dessinées. Aujourd'hui, les mines sont closes et les mineurs beurs toussotent toujours sous l'effet de la cellulose. Et si on racontait, au grand public, à travers des régions exportatrices, des décennies durant, les gros thorax minés par le charbon toxique ! Un parterre d'anciens mineurs, regroupés en organisation civile, eut donc l'idée de faire revivre ces périodes d'exil, de narrer les tares et les avatars d'une telle aventure. Des heurs et des malheurs, mais également des moments de regards croisés et de gloire nostalgique. En effet, en partenariat avec le Conseil national des droits de l'Homme, le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger et le ministère chargé de la Communauté marocaine à l'étranger, l'Association des mineurs marocains du Nord-Pas-de-Calais (AMMN) en France organise du 2 novembre au 8 décembre 2012, la caravane des mineurs marocains du Nord-Pas-de-Calais sur le thème «La mémoire au service des droits de l'Homme». Composée d'anciens mineurs, artistes, chercheurs, étudiants et experts dans le domaine du développement, la caravane sillonnera les villes du Maroc d'Agadir, Goulimine, Ouarzazate, Tiznit et Taroudant, en vue de valoriser et de réhabiliter la mémoire et l'histoire des mineurs marocains installés dans la Pas-de-Calais en France et rappeler leurs droits les plus légitimes. Durant cinq semaines, l'exposition intitulée «Les mineurs marocains du Nord-Pas-de-Calais», les projections de films et les présentations de pièces de théâtre permettront de rapporter l'histoire et le vécu de ces milliers d'immigrés arrivés en France par vagues successives durant les années 1960. Des cafés-mémoires et des rencontres permettront d'entendre les témoignages vivants des miniers marocains installés aujourd'hui au Maroc et de rapprocher leurs attentes et leurs aspirations. Enfin, plusieurs tables-rondes et séminaires devraient aboutir à la mise en place d'actions de développement, de solidarité et d'accès aux droits au Maroc. Selon les organisateurs, des bénévoles attachés à la cause migratoire, cette manifestation est ouverte aux immigrés et à leurs familles, jeunes, étudiants, petits apprenants, institutionnels et grand public. Elle devra aboutir à la production d'un livre blanc à destination des acteurs politiques et des acteurs de développement en France et au Maroc.