Le sport marocain, aurait-il besoin d'une réelle révolution printanière ? Les fiascos qu'il ne cesse d'essuyer, depuis quelques temps, n'exclut point un tel aboutissement. Il n'y a plus de doute, la « maison » du sport prend l'eau de toutes parts. Au moment où les athlètes des différentes contrées récoltent les médailles, certains des nôtres s'adjugent la honte, au sein du plus noble rassemblement autour des valeurs de l'olympisme. La mère des sports qui, longtemps faisait la fierté de toute la nation, s'embourbe dans le marécage. A qui incombe la responsabilité de cette déconfiture générale ? On ne s'amuserait guère à en chercher les auteurs, pas plus loin que son nez. L'Etat et ses courroies de transmission, à savoir le comité olympique et les fédérations font mordre la poussière à tout un peuple, pourtant bondé de prodiges et de flammes. Depuis fort longtemps, même au temps de la gloire où des exceptions douées caracolaient au summum, tels Aouita, El Guerouj, Achik, El Ainaoui, Naybet, Zaki..., la chose sportive brillait par l'approximation et l'opacité, au niveau des hauts décideurs. Tout naturellement, cette déchéance inouïe contamine l'entourage, à commencer par le comité olympique, éternellement accaparé par les mêmes figures consommées. Personne n'oserait approcher cette coquille hermétiquement verrouillée, ni même en parler de crainte de se faire infliger les obus militaires. Nul ne se hasarderait non plus, de concurrencer les «désignés» placés par les hautes sphères aux fauteuils de la présidence des fédérations sensibles, notamment de football et d'athlétisme, sans se plier aux fondements démocratiques qu'exige la pratique associative. Face à de tels dépassements pyramidaux, qu'espère-t-on en tirer, aussi bien dans les compétitions nationales que planétaires? Certes, dans la lignée de la politique des grands travaux que le Maroc a mis sur pieds, il y a un peu plus d'une décennie, on s'est lancé dans la mise en place, partout dans le royaume, des stades de haut standing, des salles omnisports de qualité, des centres de formation agréés...Mais, encore une fois, notre sport, toutes disciplines confondues, pêche par une tare déconcertante en terme de gouvernance. Alors que les centres de décisions sont occupés par des compétences avérées, partout dans les pays qui se respectent et qui glanent aujourd'hui tous les honneurs grâce à leur gestion rationnelle, les nôtres sont infestés par des cumulards imposés pour des raisons sécuritaires infondées, des ignares parachutés pour des causes extra sportives, des nullards vidés aux influences suspectes...Les raclées répétitives et cinglantes qu'on continue à broyer ne sont, en fait, que la résultante logique d'une telle désuétude. Elles doivent, désormais, servir de leçons pour une véritable réforme du sport, au lendemain de l'échec olympique londonien. Il se peut qu'on brigue, in extrémis, une médaille pour sauver cet orgueil marocain fortement éclaboussé et on cèdera encore une fois à la jubilation sous l'effet de la liesse trompeuse. Cependant, ce miracle si jamais il survient, ne cacherait en rien les tentacules de la panne sportive marocaine qui ronge le tissu sociétal, des décennies durant. Un dialogue national autour du sport, toutes pratiques réunies, serait alors, le bienvenu, en ces moments de désemparement. Au cours de ce forum fédérateur des volontés et des énergies nationales, on s'inspirerait, comme plate-forme incontournable, de la fameuse lettre royale. On ne se contenterait pas de faire des diagnostics redondants, mais il importe plus d'interpeller clairement et sans complaisance aucune les vrais responsables de la débâcle afin de les « chasser », une fois pour toutes et de repartir sur des bases saines. Il y va de l'intérêt d'une nation émergente telle que le Maroc.