Jeune, dynamique et créatif. L'écrivain marocain Abdelaziz Rachidi ne cesse de surprendre les férus de la littérature marocaine d'expression arabe par la cadence de sa productivité. L'un des plus prolifiques de sa génération multiplie les sorties littéraires. Ses Nouvelles et romans donnent une idée de ce qu'est l'homme, son éducation, la culture, sa vision, ses choix, ses préférences et soucis intellectuels. A moins de quarante ans, il reste parmi les gens de lettres les plus connus au Machrek. Omniprésent par ses participations aux festivités littéraires, sa contribution aux magazines et aux journaux et son édition de ses œuvres. Ce n'est pas pour rien qu'il avait décroché très tôt le prix littéraire Sakiat Essaoui d'Egypte et un deuxième du département de la culture à Chareka aux Emirat Arabes Unis. Il reste aussi l'un des écrivains marocains qui fréquente le plus les résidences d'Europe et des Etats-Unis. Dans ce cadre, il compte partir incessamment à Michigan pour une résidence littéraire de quarante jours. Le come back sera certainement un accouchement d'une belle créature littéraire. Depuis « Enfance d'un grenouille », ce natif de Zagora creuse, bon an mal an, son bonhomme de chemin. Les traits pointus et la couleur de peau plutôt ocre, le corps chétif et le regard intelligent, Rachidi ressemble trop à ses personnages. Du haut de son 1m 83, il surplombe son entourage. Il en fait un sujet qu'il alimente par un imaginaire riche. Des histoires qui puisent dans le patrimoine culturel. Des personnages qui ne diffèrent pas de ceux faisant la vie du désert. Des traditions qui relatent la vie des oasis. Le caractère, le physique, la mentalité, les idées, le mode de vie, la façon de parler et la façon de penser ... tout indique qu'on est dans un espace particulier : dunes, désert, oasis, maison en terre, errance, palmiers, simplicité, pauvreté, précarité, éloignement, enclavement... Ceci dit, avec « Cuisine d'amour », son dernier roman, l'écrivain change de cap. Il emprunte un autre sentier : celui de la vie citadine, avec ses histoires d'amour, de politique et d'hypocrisie sociale. L'apport, le plus, la touche et la trace de Abdelaziz Rachidi a été cette marque d'imagination, ce style fluide, limpide, facile... mais très ambigu et beaucoup attirant dans sa narrativité. Il reste parmi ceux et celles qui appellent le lecteur Modèle, pour combler les blancs et les non-dits. Il compte sur l'intelligence du lecteur, son partenaire fiable et incontournable. Du coup, le lauréat du prix l'Union des écrivains du Maroc, réservé aux jeunes créateurs, laisse grandes ouvertes les portes de l'interprétation. Les chemins littéraires, narratifs, argumentatifs et imaginaires ne sont jamais bien ni définitivement tracés. Chaque lecteur y trouve son propre sentier. Son récit est souvent plurivoque. Son monde fantasmagorique est composé de toutes pièces d'une vie normale ... et rêvée. Car du songe, il fait aussi une vie. Notre homme aime bien l'échange. Comme son héros, Mahjoub, dans «Bédouins au bord de la falaise», il se mesure et s'expérimente grâce aussi aux contacts directs avec les autres. Très jeune, il s'est rallié à une initiative qui réunissait les nouvellistes du Maroc à ... Zagora. Actuellement, il préside aux destinées de l'un des carrefours des romanciers marocains à Agadir. Un succès qu'il n'accomplira entièrement qu'avec l'installation d'une résidence littéraire dans cette cité calme et féérique qu'est Zagora... la ville de ses histoires.