«Casablanca», le film culte américain, qui a porté au panthéon du 7è Art Humphrey Bogart et Ingrid Bergman, fête cette année son 70e anniversaire, offrant des leçons «complexes» en matière de patriotisme toujours d'actualité, souligne mercredi la chaine d'information « CNN». «Rares sont les films qui s'inscrivent autant dans le prolongement de la réalité géopolitique mondiale comme le fut «Casablanca», dont la sortie a coïncidé, en 1942, avec «Opération Torch», nom de code du débarquement des forces alliées en Afrique du nord lors de la deuxième guerre mondiale", souligne le chaine d'information en continue, dans une contribution de Nicolaus Mills, professeur des Etudes américaines au Sarah Lawrence Collège. Jack Warner, dont le studio avait produit ce chef d'œuvre, avait immortalisé la sortie de ce film en faisant observer que “toute l'industrie nous envie cette production qui a pour titre «Casablanca», un avantage dont il faut tirer un maximum de profit». Mills note, de son côté, que le succès planétaire de «Casablanca» a été rendu possible par les circonstances ayant entouré «Opération Torch», avec une prise conscience des Américains sur leur rôle dans un monde en guerre, dans la foulée de l'attaque de Pearl Harbour, un «casus belli» qui a obligé l'Amérique de renoncer à son isolationnisme et œuvrer à l'échec du nazisme et des forces fascistes. Pour l'auteur de cette contribution, le personnage de Rick Blaine, que campait Bogart, est la personnification d'une Amérique qui venait prendre toute la mesure du danger que constituait le fascisme pour les forces éprises de liberté dans le monde. Rick se cachait pourtant derrière un masque d'indifférence et de cynisme en allant jusqu'à proclamer qu'il est lui même «la seule cause qu'intéresse». Mais au fur et à mesure que se révélaient les contours de son personnage, Rick apparait sous sa vraie nature altruiste en témoigne son engagement dans la guerre d'Espagne d'alors et auprès des forces indépendantistes en Ethiopie contre l'occupation italienne. Dans son café de Casablanca, il s'est mis un point d'honneur d'embaucher des réfugiés européens, dont un chef pâtissier hollandais, un serveur allemand et un autre venant d'union soviétique. Nicolaus Mills souligne, par ailleurs, que le film “Casablanca" s'adresse aujourd'hui à des audiences différentes de celles de 1942 et résonne avec «complexité» dans le monde de l'après 11 septembre 2001. Il note, à ce sujet, qu'il serait facile d'imaginer aujourd'hui Rick applaudir l'engagement des Etats Unis en faveur de la révolution en Libye, se soucier de la guerre en Afghanistan, tout en s'interrogeant sur ce que Washington doit faire, avec d'autres pays, pour mettre fin à l'effusion du sang en Syrie.